La Grèce Archaïque - VIIe siècle av. J-C (Partie 1/3)

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Le Péloponnèse était verdoyant en cette fin de printemps. À cette période de l'année, la sécheresse n'avait pas encore brulé la terre et la vigne arborait déjà de beaux bourgeons, tandis que les oliviers exposaient leurs petites fleurs blanches, promesse d'une belle récolte.

C'était un jour ensoleillé et le grand Hélios avait déjà mené son char jusqu'au zénith. Les cigales chantaient à tue-tête, si fort que l'on pouvait entendre ces joyeuses vibrations jusqu'au cœur de la ville d'Argos. Mais c'était dans la plaine que s'était allongée Alexandra, à l'ombre d'un citronnier. Elle somnolait paisiblement dans l'herbe odorante, les yeux mi-clos, éblouie par le soleil. Ses iris étaient d'un émeraude pur, comme le feuillage d'un chêne vert. Sa peau naturellement hâlée reflétait les rayons brûlants de l'astre du jour, presque divinement, comme si elle n'était rien moins que l'une de ces héroïnes dont les aèdes chantaient les exploits. Quant à sa chevelure, elle était d'un brun clair et lumineux. Quelques-unes de ses mèches étaient regroupées en deux tresses qui se rejoignaient à l'arrière de sa tête, tandis que le reste ondulait sur le haut de son dos.

Alexandra —ou plutôt Lexa, comme la surnommaient ses amis— était une très belle jeune femme, avec son visage harmonieux, ses pommettes saillantes, son nez fin, sa mâchoire régulière et ses lèvres roses et pulpeuses. Elle était également dotée d'une silhouette longiligne et athlétique. Elle s'était musclée en suivant l'entrainement des Spartiates avec son cousin et sa meilleure amie, de son âge le plus précoce à sa fuite de la ville. Sparte. Elle en avait de bons souvenirs, mais elle s'était jurée de ne plus retourner dans sa cité d'origine. Le roi Képlalkénos était d'une nature envieuse et ambitieuse. Tel Ménélas, il voulait épouser une Hélène. Et, par un fourbe coup du sort, il avait choisi Lexa. Cependant, la belle brune ne partageait pas son enthousiasme à l'idée de ce mariage. Elle n'était pas une Hélène, mais un Achille. Et tel Achille, elle ne désirait pas un époux, mais un Patrocle. Ou plutôt une Briséis.

Malheureusement pour elle, Sparte n'était pas Lesbos ; et le roi n'avait que faire de ses inclinations. Coucher avec des femmes ne posait aucun problème pour une jeune femme, certes, mais une fois mariée, elle aurait dû y renoncer par fidélité envers son époux. Impossible, avait pensé Lexa ; elle aimait beaucoup trop les femmes pour cela, d'autant plus que le roi Képlalkénos la dégoutait. Elle était donc partie. Elle avait fui la cité, errant dans la presqu'île, allant même jusqu'à traverser le golfe de Corinthe pour explorer la Thèbes florissante, cœur de la Béotie. Puis, elle était revenue dans cette bonne vieille Argolide, qu'elle avait traversée lors de sa fuite.

C'était dangereux pour Lexa de se rapprocher autant de la Laconie, terre de Sparte. Des soldats à cape rouge pouvaient arpenter la région, de retour d'une campagne militaire ou autre excursion violente. Ils pourraient la reconnaître et la forcer à regagner la cité. En tant que fille unique de l'un des plus importants oligarques de la ville, son visage était connu des citoyens et même de bon nombre d'esclaves et de métèques. Mais Lexa avait le goût du risque. Elle avait regagné le Péloponnèse pour relever un défi que lui avait lancé un aède de Corinthe. Ce jeune poète était en train en de chanter l'Iliade d'Homère, lorsque Lexa lui avait jeté quelques drachmes. Elle aimait les épopées, mais surtout, elle rêvait de ces héros. Pas pour leurs attraits masculins. Non, elle en rêvait comme des modèles ; elle aussi aurait bien aimé partir à la guerre, se battre contre les Troyens et gagner le cœur d'une princesse. Cependant, l'armée ne comptait pas de femmes ; et elle devait s'y faire.

Si ce n'était pas par la guerre qu'elle s'illustrerait, comme Hector et Achille, elle pouvait toujours faire cavalier seul. Lorsque l'aède l'avait mis au défi de retrouver le tombeau légendaire d'Agamemnon, roi maudit des Atrides, elle n'avait pas hésité une seule seconde à se mettre en route pour les ruines de Mycènes. Autrefois, la cité était la plus glorieuse, la plus riche et la plus influente de Grèce. Mais le temps avait eu raison d'elle et aujourd'hui, elle n'était plus d'un tas de blocs de pierre, faisant office de repaire de pillards.

OS Clexa : Aventures TemporellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant