L'Égypte Ptolémaïque - 47 av. J-C (Partie 1/3)

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Par-delà les eaux sombres de la mer Méditerranée, on apercevait un gigantesque phare d'un blanc immaculé. Une flamme rougeoyait à son somment, guidant les navigateurs à bon port. Par-delà ce phare, la ville d'Alexandrie se réveillait tranquillement. Les chats cessaient leur promenade, les artisans déballaient leurs échoppes et les gardes se relayaient devant le palais royal. Puis, les enfants sortaient courir dans les rues et les citadins commençaient à fourmiller dans la ville, accomplissant leurs tâches quotidiennes. Ainsi, le vacarme parvint jusqu'à la résidence ancestrale des pharaons.

Lexa plissa les yeux ; la lumière du soleil brûlant d'Égypte lui agressait les rétines. Pourtant, elle se sentait étrangement bien. En tant que bras droit de la reine Cléopâtre, elle s'était vu attribuer une chambre des plus confortables. Ses origines à la fois grecques et égyptienne, qu'elle partageait avec la souveraine, lui avait permis de gagner sa sympathie. Son esprit vif et avisé, ainsi que son courage et sa détermination avait suffi à faire le reste ; et elle n'avait eu que peu de mal à gravir les échelons.

Cependant, le confort de ses draps précieux n'était pas ce qui la mettait de si charmante humeur. Lexa avait fait des folies cette nuit ; et elle en ressentait encore les bienfaits, tant physiques que mentaux. Un sourire extatique ancré aux lèvres, elle huma le parfum étranger qui exhalait des draps. C'était une senteur boisée sucrée que la jeune égyptienne n'avait jamais sentie auparavant. On lui avait dit que cela s'appelait la vanille ; les Romains la faisaient venir de contrées lointaines.

Le sourire de Lexa s'agrandit en se rappelant sa merveilleuse nuit avec la belle blonde qui l'avait fait perdre ses habituels sérieux et impassibilité. Alors, le cœur léger, elle tendit légèrement la main, dans l'espoir de rencontrer le corps étendu de l'étrangère, tout près du sien. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'elle se heurta à du vide. Elle ouvrit précipitamment les yeux et fut sincèrement affligée de découvrir une place vide. Sa partenaire avait déserté le lit et, apparemment, également la chambre toute entière.

Lexa la chercha néanmoins du regard, balayant la pièce de fond en comble. Lorsqu'elle comprit que cela ne servait à rien, que sa belle blonde s'était enfuie. Elle se laissa lourdement retomber sur le lit en se prenant la tête entre ses mains. Quelle idée elle avait eu de passer la nuit avec une étrangère !

L'Égyptienne se sentait désormais profondément déçue. Elle se remémora avec amertume les circonstances qui l'avaient conduites à se retrouver ainsi, abandonnée, seule dans son immense lit vide.

Tout avait commencé la veille, à l'heure médiane. Sa Majesté la reine Cléopâtre était occupée à organiser la venue d'importants visiteurs, un membre du sénat romain, sa femme et leur fille, qui faisaient partie du cercle de confiance de son amant, le dictateur Jules César. Lexa n'étant pas très intéressée par préparatifs mondains, elle avait obtenu sa journée et était libre jusqu'au lendemain. Elle en avait profité pour sortir en ville et se promener près du palais.

Alexandrie grouillait de monde la journée. La ville ressemblait à une fourmilière géante où chacun avait sa place ; un bloc de pierre dans un tas de sable bordé par son fleuve. Pourtant, c'était une belle ville. Les obélisques égyptiens y côtoyaient l'architecture grecque et la proximité du Nil irriguait suffisamment les sols pour abreuver les divers arbres et buissons qui aiguayaient les rues par leur verdure à peine jaunissante. Les habitants portaient des pagnes épinglés autour de la taille, ou bien des robes longues. Certains portaient des charges, d'autres tissaient des paniers, modelaient des amphores en terre cuite ou faisaient la promotion des friandises qui garnissaient leurs échoppes en criant plus fort que tous les autres.

Parmi tout ce petit monde, Lexa avait croisé une paire de saphir, qui l'avait observée une seconde, avant de ne se détourner et de filer. L'Égyptienne avait voulu suivre le propriétaire de ses joyaux, mais il avait disparu dans la foule. Elle s'était fait une raison et avait passé son chemin.

OS Clexa : Aventures TemporellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant