L'Empire Romain - l'an 79 (Partie 1/3)

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Note : Dans la mythologie gréco-romaine, Euros est la figure qui personnifie le vent et les tempêtes d'automne.

Avertissement : Cet OS aborde le thème de l'esclavage. Des humains y sont décrits comme des objets, mais bien entendu, je ne suis pas du tout favorable à cela. Je ne fais que décrire avec le plus d'exactitude qu'il me l'est possible des faits historiques, d'après les recherches que j'ai faites.

Bonne lecture !


'*' '***' Partie 1 '***' '*'


Les vignobles qui s'épanouissaient dans la région de Campanie s'étaient tous teintés de sublimes nuances de jaune et de rouge. Les vendanges avaient eu lieu, apportant une récolte de raisins juteux et sucrés. C'était désormais l'automne, mais le temps était encore doux. La ville de Pompéi fleurissait sous le soleil délicat de la saison. Les villas des notables n'avaient pas encore été inondées par les pluies de fin d'année. Les toits d'ardoise cinabre étaient bien secs ; les bassins des cours intérieures des cloîtres avaient vu leur niveau d'eau diminuer et des esclaves se chargeaient régulièrement de les remplir.

La villa près du ruisseau, située en bordure de la ville, ne faisait pas exception. C'était la demeure d'un notable, l'un des marchands de vin les plus riches de la région. Tout le monde le respectait en Campanie, mais ce n'était pas tout. Les gens l'adoraient, aussi. Il avait la réputation d'un homme aimable, lettré, qui traitait bien ses esclaves et qui rendaient des services à ceux qui venaient quérir son aide. C'était même un bon ami de Pline l'ancien, cet ancien procureur qui consacrait aujourd'hui son temps à la rédaction de sa monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle.

La maison du marchand de vin était toujours joyeuse, car elle était habitée par une petite étoile de gaieté : sa fille, Clarke. Clarke était une jeune femme de dix-sept ans, pas encore mariée —son père refusant de laisser son petit rayon de soleil s'épanouir loin de lui— et avec un caractère bien trempé. Elle avait suivi une éducation intellectuelle à la hauteur de celle d'un garçon, apprenant les poèmes de Cicéron, comprenant la philosophie de Lucrèce, de Platon et d'Aristote et lisant la Guerre des Gaules de César. Ce savoir plaisait étonnamment aux hommes, où en tout cas aux aristocrates. Non seulement Clarke était resplendissante avec sa longue chevelure blonde ondulée, ses traits charmants et ses grands yeux océans, mais en plus, elle était intelligente et savait tenir une conversation aussi bien que n'importe quel jeune Romain issu d'une noble famille.

Clarke jouait aussi de la lyre et de la cithare, mais son passetemps favori était de peindre sur les murs. Elle s'armait de peinture artisanale et traçait avec talent de nombreux personnages, mis en scène dans des décors de la vie quotidienne : réceptions, récoltes, processions religieuses, jeux du cirque, etc. Sa mère s'en exaspérait ; son père s'en amusait. Parfois, l'adolescente sortait en cachette, armée de son pinceau en soies de porc, et s'employait à décorer les murs de ses voisins, en s'efforçant de ne pas se faire choper par un garde ou un soldat de passage.

Aujourd'hui était un jour comme les autres, à ceci près que la maîtresse de maison, madame Abigaella, décida de se rendre avec sa fille —et également son époux ; c'était lui qui paierait, après tout— au marché aux esclaves, qui se tenait à l'angle du forum. Le marchand de vin se serait bien passé de cette nouvelle dépense, mais sa femme insistait, affirmant qu'il leur fallait quelqu'un pour veiller à la vertu de leur fille à plein temps. Évidemment, cela agaça la principale intéressée. D'une part, le concept de privation de liberté et d'exploitation d'un individu ne lui plaisait pas beaucoup —c'était du moins ce qu'elle avait fini par penser en découvrant la philosophie stoïcienne—. Et d'autre part, elle rechignait plus encore à l'idée d'être suivie partout où elle allait par une étrangère, qui se révèlerait assurément d'un ennui mortel.

OS Clexa : Aventures TemporellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant