La Grèce Antique - Ve siècle av. J-C (Partie 1/3)

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Le vent soufflait dans les voiles de la trière athénienne. Sur le pont, scrutant l'horizon, une adolescente respirait l'air salé de la mer. À seize ans, Lexa n'était pas une jeune fille particulièrement féminine. Elle détestait se maquiller, porter des robes et s'affubler de boucles d'oreilles en rubis, ou autres parures, qu'elle préférait admirer sur une autre qu'elle. Du reste, elle était fine et assez athlétique, ce qui lui permettait de passer aisément pour un jeune garçon en revêtant une tunique d'homme et en coiffant ses cheveux au moyen d'un tressage emmêlé paré de petites épingles d'argent, qui la faisait ressembler à l'un de ses héros que l'on voyait en statue ou en poterie.

Lexa était montée sur cette trière sous le faux nom d'Alexandros. Elle voyageait avec son oncle, Nikolaos, qui la faisait passer pour son éromène, afin que personne ne découvrit qu'elle était une jeune femme. Traverser la mer Égée sur un bateau rempli de marins et de citoyens Athéniens en exil n'était pas sûr pour elle ; il valait mieux qu'on la prît pour un garçon.

L'adolescente observait la mer avec un calme serein. Les vagues frappaient doucement la coque du bateau ; elles n'étaient pas très hautes. L'écume formait une trainée d'argent le long de la proue, tandis que l'étendue bleue reflétait les rayons du soleil, la faisant si vivement scintiller que Lexa en était éblouie. Elle se demanda ce qu'il y avait, sous toute cette eau. Si seulement l'on pouvait plonger aussi profond, peut-être y découvrirait-on les ruines de l'Atlantide. L'adolescente avait entendu parler de ce mythe en écoutant Platon en discuter avec ses camarades. Écouter en douce les conversations des sophistes, les discours des orateurs et les réflexions des philosophes ; c'était le passe-temps favori de Lexa à Athènes. Elle connaissait la ville par cœur ; et toutes ses cachettes. Comme elle était une fille, elle n'était pas conviée à participer aux discussions. Et les jeunes disciples de Socrate préféraient lui conter fleurette plutôt que lui raconter ce que leur maître leur avait appris dans la journée. Elle avait donc pris l'habitude, depuis qu'elle avait une douzaine d'années, de se planquer non loin des hommes, pour écouter en douce ce qu'ils se disaient.

Socrate était devenu le héros de Lexa. Comme la plupart des jeunes aristocrates de la cité, elle avait foi en sa raison et appréciait la philosophie, la poésie, le théâtre et tout ce qui se rapportait à la beauté de l'art, au grand dam de son oncle, qui se plaignait de ne plus savoir quoi faire d'elle. Il fallait dire que si Lexa était douée pour penser et se faufiler là où sa présence n'était pas requise, elle l'était moins pour tout ce qui avait trait aux activités féminines. Il était vrai qu'elle chantait bien et qu'elle se débrouillait très correctement pour veiller aux soins des serviteurs malades, mais filer la laine, préparer et réparer les vêtements et veiller à l'état des grains et autres provisions du garde-manger, ne faisaient pas partie de ses points forts. De plus, Lexa trouvait toujours le moyen de faire fuir tous les jeunes aristocrates qui prévoyaient de demander sa main.

Contrairement à ce que son caractère de garçon manqué laissait présager, Lexa était une jeune femme ravissante. Elle avait une belle chevelure brun clair, naturellement ondulée ; et une peau légèrement hâlée, mais pas trop, exactement comme les citoyennes les plus réputées pour leur grande beauté. Son visage était doté d'un nez fin, d'un front haut et fier et de pommettes saillantes qui lui donnaient des airs de belle nymphe. Mais ce qui rendait la plupart des jeunes hommes ivres d'amour, c'étaient ses yeux verts en amande. Ils vous saisissaient par leur intensité et vous fascinaient par leur éclat d'émeraude. C'était comme contempler un joyeux ; une pierre précieuse. Même grimée en garçon, Lexa demeurait magnifique. C'était notamment ce qui avait motivé son travestissement. Mais l'adolescente ne s'en plaignait pas. C'était plutôt amusant de jouer à être Alexandros, plutôt qu'Alexandra. Au moins, elle pouvait lire un livre sans que l'on ne lui jetât un regard de biais.

OS Clexa : Aventures TemporellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant