Chapitre 24

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Ayumi s'était réfugié chez Takeomi et s'était effondrée dans son canapé, la pression étant légèrement retombée. Quant à Takeomi, il tournait en rond dans son appartement, fumant cigarette sur cigarette. Il ne tenait littéralement pas en place, il semblait même plus paniqué qu'Ayumi.

- Mais qu'est-ce qui t'a pris de lui tirer dessus ? Pourquoi t'as été le voir à la fin ? T'avais envie de mourir ? 

- Parce que t'as cru que j'allais rester sans rien faire après ce que tu m'as dit ? 

- Je pensais que tu serais raisonnable, comme faire attention à toi, pas te mettre dans la merde jusqu'au cou. Tu parles de sauver Sanzu, mais t'as rien écouté. Je te dis qu'il te manipule et tu veux le sauver. Il t'a complètement retourné le cerveau.

- Tu te trompes. C'est Mikey qui fout la merde, il a la main mise sur lui et du coup il pense qu'il n'a pas d'autre choix. Il se noie dans la drogue pour ne plus avoir à penser et prendre de décisions rationnelles. On DOIT le sortir de là. Pour une fois, prends tes responsabilités d'aîné.

- Imaginons que tu as raison. Comment tu veux faire ça ? Jamais il ne m'écoutera, il n'y a que toi qui peut tenter de le convaincre.

- Malheureusement, il faudra faire la technique de la tromperie sur la marchandise. J'use de mes charmes pour sortir du bâtiment et on lui explique après.

Ils discutèrent plusieurs minutes afin d'élaborer un plan quelque peu crédible pour que Sanzu les suive. Takeomi n'était pas serein à l'idée de trahir son chef et encore moins face à la réaction de son frère. Ayumi était quant à elle remonter à bloc. Elle avait décidé d'ignorer le danger au moment où elle avait tiré sur Mikey alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? 

Ils commencèrent à se préparer à passer à l'action lorsque la sonnerie de l'ascenseur retentit dans l'appartement de Takeomi. Celui-ci se retourna vers la jeune femme et lui ordonna de se cacher rapidement. Elle courut dans sa chambre et s'enferma dedans. Takeomi avait eu un mauvais pressentiment et son instinct ne l'avait pas trompé. Sanzu apparut dans l'encadrement de la cabine de l'ascenseur. Il marcha lentement, les mains derrière son dos et se dirigea vers son frère. Il le toisa du regard et soupira.

- Où est-elle ? 

- Qui ça ? 

- Me prends pas pour un débile. Elle a tiré sur le boss. Tu sais très bien ce qu'il se passe quand on trahit le Bonten.

- Arrête, c'est ta nana, tu devrais l'aider plutôt.

Sanzu continua d'avancer vers son frère puis sortit le katana qu'il tenait caché dans son dos. Il plaça la pointe de la lame sur l'épaule de Takeomi et appuya légèrement, suffisamment pour maintenir la pression suffisante indiquant qu'il était sérieux. Takeomi s'écarta lui laissant le champ libre.

- Tu as raison, c'est plus sage pour toi. De toute façon, tu n'aurais rien fait, comme d'habitude, hein... frangin...

Il baissa les yeux honteux. Sanzu avait raison, il n'était qu'un lâche. Ce n'est pas maintenant qu'il changerait, mais Ayumi pourrait peut-être faire quelque chose. Il devait saisir cette chance.

- Elle... Elle est partie, échappée.

- N'essaie pas de te rattraper. Je sens son odeur, je sais qu'elle est toujours là, derrière cette porte.

Après l'avoir désigné, il se dirigea vers la porte de la chambre de Takeomi et frappa lentement avec le pommeau de son katana. Il changea du tout au tout et prit une voix douce.

- Princesse, sors de là. Je sais que tu es là, alors ouvre-moi.

De l'autre côté de la porte, Ayumi sursauta aux coups donnés contre celle-ci. Les battements de son cœur accélérèrent, elle regarda rapidement autour d'elle si elle pouvait s'échapper mais à part une fenêtre beaucoup trop au-dessus du vide, il n'y avait absolument rien. Elle entendit Sanzu qui commençait à rire doucement.

- Allez chérie, tu n'as aucune raison de te cacher. Je suis désarmé. Il riait à nouveau. Je serai gentil avec toi. Alors sors. 

Elle hésita quelques minutes. Elle sentait que quelque chose clochait. Elle sentait qu'il n'était pas sincère.

- SORS ! Je suis désolé chérie, je n'ai pas à être en colère comme ça. C'est juste que parfois, juste parfois, tu me donnes envie de t'éclater la tête contre un mur, comme maintenant.

Il planta son katana dans la porte. La jeune femme cria et s'éloigna de celle-ci à reculons. Elle retomba par terre, adossée au lit de la chambre. Il continua de démolir la porte en donnant des coups de pied, puis il s'avança vers elle, katana toujours en main. Elle était tétanisée, pour la première fois depuis qu'ils se côtoyaient, il était terrifiant, elle sentait son aura meurtrière. Il planta son arme dans le plancher et s'agenouilla devant elle. Il posa délicatement ses doigts sous son menton pour le relever mais elle se tourna pour lui échapper. Il l'attrapa pour la forcer à le regarder. Son regard s'adoucit.

- Pourquoi tu as fait ça ? 

- Haru...

- C'est les conneries de Takeomi c'est ça ? Je t'avais dit d'oublier. Tu as vu ce que tu as fait ? 

- Mais...

- Il n'y a pas de "mais" qui tienne ici. Chaque acte a ses conséquences et là elles sont grave, très grave. Ce que tu as fait est vu comme une trahison, même si ton geste a voulu être noble. Pour soi-disant me sauver. Maintenant tu nous as mis dans une situation délicate. Je suis sensé punir cette trahison. 

- Parce que tu crois que ça m'arrêtera ? La trahison, même si elle me rongera de l'intérieur, elle me forgera en quelque chose de plus grand, plus fort. Je ne vais pas me laisser briser comme ça Haru. Ouvre les yeux, tu es le pantin de Mikey. Il a changé, en pire ! 

- On a tous changé... en pire... Maintenant, viens avec moi sans discuter. On va voir ce qu'on va faire de toi.

- Haru, non. Tu es quelqu'un de bien, ne fais pas ça. Regarde au fond de toi, tu es toujours là. Souviens toi !

- Quelqu'un de bien peut être vu comme une mauvaise personne. Personne ne plaît à tout le monde, soit on est dans le même camp soit on est ennemi, c'est comme ça, et là, tu ne donnes pas vraiment l'impression qu'on soit dans le même camp.

Il se releva et lui tendit sa main. Elle la fixa pendant quelques instants puis elle posa sa main sur la sienne. Il l'aida à se relever, prit son katana de l'autre main et passa son bras autour de ses épaules. En sortant de la chambre, il jeta un regard sombre à Takeomi qui baissa les yeux. Ils se dirigèrent vers l'ascenseur et montèrent dedans. Lorsque les portes commencèrent à se refermer. Sanzu regarda une dernière fois son frère.

- C'est de ta faute. Encore une erreur à ton compte.

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