Derrière Les Étoiles, L'obscurité

Chapitre 22

Kevin

Damien est passé me prendre peu de temps après que Kylie soit partie. Nous sommes dans une boutique à vingt minutes de chez nous, assez connue pour ces costumes. Alors qu'il essaye sa première chemise, mon téléphone vibre. C'est Kylie.

Kylie : alors comment se passent ses essayages ?

Moi : ça va, je ne pensais pas que ce soit aussi compliqué de trouver un costume. Et toi ?

Kylie : ah ah, bon courage alors. Jessica a essayé au moins une trentaine de robes.

Moi : et toi ?

Kylie : toujours rien.

Moi : courage, je suis sûr que tu vas trouver. Je dois te laisser, je t'aime.

Kylie : ok, moi aussi, je t'aime.

À ce dernier mot, mon cœur se pince. Cela fait tellement de bien de l'entendre, alors que ça doit être douloureux de son côté. C'est tellement injuste, si seulement je connaissais la raison précise de ce traumatisme, je suis sûr que je pourrai l'aider mieux que ça. Je range mon téléphone et regarde à mon tour les costumes. Les filles ont un énorme choix de robes avec différents matériaux, model et couleurs. Alors que nous à part les couleurs tout se ressemble à peu près. Damien ressort de la cabine avec une chemise blanche et une veste rouge.

- Bon t'en penses quoi ?

- Les deux séparés oui, mais pas ensemble.

- Ouais, t'as raison. Tu as quelque chose à me proposer ?

- Attends, je reviens.

Je lui demande de fermer les yeux et lui donne les affaires, il sort directement les yeux fermés pour garder la surprise. Damien porte un pantalon noir, une chemise noire et sa fameuse veste rouge. Cet ensemble lui va à ravir. Il plonge enfin son regard dans le miroir et succombe à son charme. On tombe tout de suite d'accord pour cet ensemble. Quant à moi, je me contente d'un pantalon noir, une chemise blanche et une veste noire. Ce choix peut paraître simple, cliché et peut oser, mais c'est ce qui me convient le mieux. Pour les accessoires, Damien glissera une rose rouge dans une de ses poches au niveau des pectoraux. Et moi, je choisis de continuer sur la simplicité, avec une cravate noire. Nos tenues enfin prêtes, nous décidons de clore notre après-midi dans un bar du coin. Qui sait, je me ferais peut-être enfin un ami ici, c'est le moment idéal. Après avoir commandé nos boissons, nous nous installons à une table dans le fond de la salle. En attendant notre commande, le silence se fait pesant, Damien doit avoir la même impression, car il se racle la gorge et commence :

- Alors, dis-moi tout. Tu viens d'où ?

- Mes parents vivaient en Californie et puis quand je suis né, ils ont déménagé à New York. Et maintenant me voilà ici, et toi ?

- Stylé. Moi, je n'ai jamais bougé, je suis né ici et je mourrais sans doute ici à Manhattan Beach.

- Tu n'as pas prévu de partir pour tes études, ou même pour ton travail après ?

- Eh bien, non. Comme tu le sais, je suis dans un lycée pro, donc pas de grandes études. Pour tout te dire, on s'est toujours moqué de moi quand je disais ce que je voulais faire, que c'était pour les filles. Mais depuis tout petit, je n'ai qu'un rêve, c'est de devenir coiffeur.

- Si je peux te donner un conseil, ne les écoute pas et je sais de quoi je parle. Quand j'étais petit, je n'étais pas le petit garçon qu'on rêvait d'avoir, j'en ai fait voir de toutes les couleurs à mes parents. Puis un jour, il n'y a pas si longtemps que ça, j'ai perdu mon meilleur ami, c'était comme un frère pour moi, tu vois. Ça a été très dur pour moi, j'ai fait une dépression, je fumais, me droguais et je me suis fait exclure de mon établissement, c'est pour ça que l'on a déménagé ici. New York, c'était trop de souvenirs, trop de souffrances, je ne voulais plus y rester, je ne pouvais plus y rester. Et voilà que maintenant, j'arrive ici. Je pensais que tout aller repartir à zéro et que j'allais enfin pouvoir avoir le droit au bonheur, mais j'ai eu tort, il faut croire. Je viens de perdre mes parents dans un accident de voiture.

Les larmes menacent de tomber, mais heureusement, la serveuse coupe notre conversation et nous sert. Sauvé, mais pas pour longtemps, elle repart déjà. J'inspire un bon coup, me détends et continue mon récit, sous le regard bienveillant et calme de Damien.

- C'est pour ça que je veux être psy. Pour offrir mon soutien à toutes ces personnes qui en ont besoin et qui n'ont personne à qui en parler, elles m'auront moi. Pour offrir cette chance que je n'ai pas eue et que j'aurais voulu avoir. Parce ce que je sais ce que ça fait de souffrir seul, que personne ne te comprenne et que je ne le souhaite à personne.

- Wow, oui effectivement, je comprends. Toi aussi, n'écoute pas les autres et fonce. Au passage, tu feras un excellent psychologue.

Nous passons le reste de notre après-midi à discuter de nous, notre passé, notre avenir. Des sujets légers et futiles. On fait connaissance petit à petit et on parle même un peu de Kylie et de Jessica. Vers 18 h 00, nous nous saluons et je rentre à la maison. Je ne sais pas si je me fais des idées ou non mais finalement, je crois bien que nous sommes de bons amis. De retour, je trouve Kylie dans sa chambre en train de cacher une énorme boite sous son lit. Elle se retourne et panique instantanément en se ruant vers moi.

- Tu n'as absolument rien vu, c'est clair ? Et ne t'avises même pas de regarder quand je ne serais pas dans ma chambre.

- Je ne peux même pas savoir ce que c'est ?

- C'est ma tenue pour le bal alors pas touche, de toute façon, je la cacherais autre part.

- Et si je te torturais pour savoir ?

Kylie arque un sourcil l'air songeur, je m'approche d'elle et lui donne un avant-goût de cette fameuse torture. Je l'attrape et commence à lui faire des chatouilles de partout. Plus elle se débat, plus j'en fais. Elle éclate de rire et je la pousse sur son lit. Je me mets sur elle, la bloque avec mes jambes et continus de plus bel. Une larme apparaît sur le bord de son œil, elle n'en peut plus, mais rit aux éclats. Soudain, je me stoppe net. Elle ne bouge pas et me fixe sans comprendre, reprenant sa respiration. Kylie ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je l'en empêche et écrase mes lèvres sur les siennes. Je rouvre les yeux, mon front contre le sien et lui murmure un, je t'aime. Pour toute réponse, elle m'embrasse à son tour. Nous restons là, poser l'un contre l'autre sans bouger, ni parler, juste à profiter de ce moment ensemble. Malheureusement, sa mère nous appels pour manger. J'aurais aimé que cet instant dure pour toujours, mais nous sommes vite ramenés à la réalité. Le repas fini, Kylie part prendre un bain et moi, je me dirige vers ma chambre. Ses parents, eux partent directement regarder la télé dans leur chambre également. Soudain, une idée me vient et l'envie dépasse la raison, je me dirige vers la salle de bain pour rejoindre Kylie. La porte est entrouverte, je la pousse doucement et entre. La musique emplit toute la pièce et Kylie est là, allongée dans la baignoire, les yeux fermés, son corps recouvert de mousse laissant entre voir ses sous-vêtements. Elle avait prévu le coup et savait que je viendrais, malin. Je me déshabille en silence et pars la rejoindre en boxer. Kylie ne réagit pas, sûrement peu surprise de ma présence, mais un large sourire élargit son visage. Je me cale derrière elle et nous ne disons rien pendant un long moment. Une petite heure plus tard, je lui prends une serviette et l'enveloppe dedans. Je lui fais un baiser sur le front et la laisse s'habiller. Elle me souhaite une bonne nuit et nous nous couchons dans nos chambres respectives.