Chapitre 20

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Kevin

Lundi, une bonne journée qui s'annonce. J'ai réussi à vaincre la phobie de Kylie, bon pas totalement, mais c'est déjà un bon début. Si seulement, c'était aussi facile pour moi de vaincre mes peurs. Mais bon, je suis heureux pour elle, je peux enfin lui faire des câlins et avoir une relation à peu près normale. Après notre pose méridienne, nous avons malheureusement une heure de permanence et pour embellir le tout, il pleut. Nous restons donc tous les deux sous les marches de la cantine, l'un des seuls abris que contient cet établissement. Quant à Jessica, elle est sortie avec des potes, et oui, sous la pluie, ce que nous n'avons pas eu le courage de faire et tant mieux. Comme nous nous ennuyons, je lui propose un jeu pour apprendre à mieux la connaître. Finalement, je ne la connais pas si bien que ça et elles n'ont plus. Alors même si c'est un jeu d'enfants, il est bien utile parfois, je dois l'admettre. Nous faisons donc une action ou vérité, mais comme je n'aime pas les actions, c'est plus une vérité ou vérité. Puisque c'est moi qui ai proposé ce jeu, je commence, crescendo bien sûr.

- Ta couleur préférée ?

- Rouge et toi ?

- Noir. Genre de film ?

- Horreur, toi ?

- Stylé ! Action. Bon un peu plus loin. Ton futur métier ?

- Créatrice de mode.

- Oh, je ne pensais pas, c'est bien.

- Et toi ?

- Tu vas trouver ça bizarre, mais psy.

- Ah, en fait ça te va plutôt bien, je trouve. Tu as un don et hier soir, tu l'as bien prouvé.

- Un level au-dessus, ta plus grande peur.

- L'amour et le touché... Et toi ?

- Oui, question un peu bête désolé. L'abandon.

- Désolée aussi. Ton plus grand rêve ?

- Retrouver mon meilleur ami, finir ma vie avec toi. Et même si ça va, tu vas te moquer de moi, mon rêve depuis enfant serait de faire ou même de voir un lancer de lanternes, comme dans Raiponce.

- Oh, c'est trop mignon !

Nous continuons ce jeu toute l'heure. Maintenant, j'en sais beaucoup plus sur elle et inversement. Finalement, j'ai bien fait de lui proposer, ce n'était pas si bête.

***

De nouveau en permanence, vendredi matin, fin de semaine sous la pluie, encore. Jessica se précipite vers nous, on aurait dit qu'elle échappait à un tueur à gages tellement elle était effrayée. Pourtant, personne ne la suivait. Soudain à bout de souffle et rouge comme une tomate, elle nous balance à la figure :

- Non, mais vous savez quel jour on est ? Je n'y crois pas que je n'y ai même pas pensé plus tôt. Avec Damien, vous deux et le bac, ça m'est complètement sorti de la tête. Olala, mais comment je vais faire.

- Du calme, tente Kylie. Qu'est-ce qu'il se passe.

- Le bal est dans moins d'un mois et on n'a toujours pas trouvé de robes ! Heureusement qu'on a nos cavaliers sinon on était foutues. Tu es libre ce week-end pour aller faire des essayages ?

- Oh oui, j'avais oublié, le bal. T'inquiètes, je suis disponible ce week-end.

- Nickel, moi, je viendrais avec Damien. J'ai demandé si une personne extérieure pouvait venir et apparemment, ils le connaissent parce que son père est un ancien ami de la proviseure ou je ne sais pas quoi, alors ils ont accepté. Et toi, Kevin, tu pourras te trouver un costume avec Damien, hors de question que vous voyez nos robes, ça pourrait porter malheur, comme pour les mariages. Et puis je ne pense pas que tu ais un costume dans ton armoire.

Après nous avoir déballé sont longdiscours et nous avoir planifié des essayages, sans même mon accordd'ailleurs. Elle repart aussi vite qu'elle est arrivée. Moi, porterun costume, mais ça ne va pas la tête. Bon après, je ne vais pas venir enjogging non plus, il faut que je fournisse un petit effort pour ce jour, pourKylie. Je lui demande si elle a une idée de robe, mais elle n'en aaucune. Ce qui me surprend quelque peu, je dois l'avouer. N'empêchequ'avec Jessica à ses côtés je ne m'inquiète pas trop, je saisqu'elles trouveront la robe parfaite. En revanche Damien et moi, ça risqued'être très rapide. Il n'y a pas vraiment de choix, un pantalon, unechemise et une veste avec un petit nœud ou une cravate. Tout le monde aurala même chose, la seule chose qui change sera la couleur, et encore. Onpourra en profiter pour faire connaissance et traîner un peu ensemble avant queles filles ais terminés, parce que je sens qu'elles vont prendre des heures,voir la journée. Et qui sait, je pourrais peut-être me faire un ami, avoirenfin un pote dans cette ville paumée. Même si nous ne sommes pas dans lemême lycée, c'est déjà ça. Mais j'y pense, bal quiarrive, veut dire bac qui arrive. La semaine prochaine, nous commençonsdéjà les épreuves et avec tout ce qu'il s'est passé dernièrement, je n'aiabsolument rien révisé, non pas que j'allais le faire. Il faut vraimentque j'aie mon bac, c'est important, même si je n'aime pas ça, à vrai dire, jedéteste l'école. Mais il va bien falloir que je mebouge. Psychologue, c'est cinq ans d'études. Tout ça pour écouter deshypocrites parler et se plaindre de leur vie, alors que des milliers de genssur terre vivent pire qu'eux. Après, je ne suis pas mieux, je leurressemble un peu. C'est d'ailleurs pour ça que je veux faire cemétier. Pour que toutes les personnes qui ont besoin d'être accompagnésdans les passages douloureux de leur vie ais une personne à qui seconfier. Car j'aurais aimé être à leur place et avoir quelqu'un deconfiance à qui parler, même si je refuse l'aide et surtout la pitié des gens,j'en aurai eu besoin, j'en ai besoin. De retour chez moi, enfin chezKylie. Je sors les vieux cours tout poussiéreux de mes tiroirs, que jen'ai jamais ouverts depuis que je suis là et commence à réviser, enfin plutôtj'essaye. Quelques minutes, plus tard, je commence déjà à abandonner, rienne rentre dans ma foutue tête. Je me laisse une pause et me passe de lamusique. Je prends donc mon téléphone, mes écouteurs et lance une playlistaléatoire. Les chansons défilent, elles vont des années 70 à aujourd'hui,en passant de la musique classique au rap, et même un morceau de country sefaufile entre elles. Une musique sort du lot et percute monattention, It'll Be Okay. Je commence à la fredonner et à m'emporter. Quandelle se finit, je la remets, et la remets. Je la passe en boucle jusqu'àla fin de mes révisions sans m'en lasser. Et à mon plus grand bonheur,j'ai réussi à apprendre. Je peux enfin me reposer et me coucherdirectement sans manger, bien trop épuisé pour que mon cerveau fassefonctionner mes jambes jusqu'en bas. Et puis j'ai bien mérité un peu derepos quand même.

Derrière Les Étoiles, L'obscuritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant