Chapitre 1 : Welcome (back)

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Mesdames, Messieurs. L'atterrissage est prévu à 15h07, heure locale. Nous vous invitons à regagner vos sièges et à attacher votre ceinture. Assurez-vous que vos bagages à mains soient situés sous le siège devant vous ou dans les coffres à bagages...

Je n'écoute qu'à moitié les instructions de l'hôtesse de l'air qui m'a coupé dans mon sommeil. Il est rare que je m'endormes quelque part, mais l'avion est l'un des seuls moyens de transport qui puisse réussir à m'apaiser.

Nous survolons depuis un moment les terres de Louisiane et l'arrivée est imminente car je commence à apercevoir la mer au loin.

Je n'ai pas mis un pied à La Nouvelle-Orléans depuis cinq ans. Ces cinq dernières années ont eu raison de moi et mon retour dans cette ville n'était clairement pas prévu. Pourtant je n'ai pas eu le choix et à l'approche de l'arrivée, les souvenirs refont surface instantanément.

Je n'avais pas encore quinze ans lorsque ma mère nous a fait partir de la ville. J'ai vécu à la Nouvelle-Orléans toute mon enfance mais à mon retour aujourd'hui je me sens comme étranger face à cette ville qui ne connait plus rien de moi.

Pourquoi je suis là, alors?

Pour l'université et pour ma mère. Deux raisons suffisantes qui ne m'ont pas fait réfléchir plus longtemps avant de prendre mes billets d'avion.

J'avais postulé dans différentes universités mais les refus se sont tous enchainés car personne n'a voulu de mon dossier pitoyable. Ma mère a donc fait la dernière chose que j'avais envie et a appelé mon oncle pour qu'il fasse accepter mon dossier à l'Université de la Nouvelle-Orléans.

En tant que sous-directeur, son piston a été bien utile car comme par miracle, quelques semaines plus tard je me suis retrouvée avec un dossier de l'UNO dans notre boite aux lettres, des dizaines de papiers à signer et un nouveau départ en poche.

Je n'aime pas trop cette façon de faire, mais il faut dire que je suis bien chanceux qu'ils m'aient accepté. L'université possède un programme de Littérature Comparée et Mondiale qui m'a tout de suite fait de l'oeil, malgré mon peu d'entrain pour les cours et mon dossier ne me permettait pas de faire le difficile de toute façon.

Pourtant, à l'approche de l'arrivée, et de cette promesse de nouveau départ, je broie du noir et la pression s'installe encore plus au creux de mon ventre lorsque les roues de l'avion entrent en contact avec le sol. Le paysage qui défile sous mes yeux me replonge cinq ans auparavant, là où ma descente aux enfers a débuté.

Je chasse ces souvenirs de ma tête avant d'enlever le mode avion de mon téléphone et d'envoyer un message à ma mère.

J'ai atterri, je t'appelle plus tard.

Aujourd'hui, 15h08

Une fois les portes ouvertes, les gens dans l'avion commencent à s'agiter et à se précipiter pour partir. Je reste installer plusieurs minutes pour laisser le monde passer avant de me lever du siège et de sortir de l'avion à mon tour.

L'air chaud contraste instantanément avec la température ambiante des dernières heures. On est à la fin du mois d'août et j'avais oublié que l'air d'ici peut parfois être vraiment étouffant.

Après avoir traversé l'aéroport de long en large et pris mes deux valises, dont une qui est à moitié remplie de livres, je me dirige enfin vers le hall principal.

J'ai bien cru ne jamais en voir la fin.

En relevant la tête, j'aperçois au loin une tête familière avec deux petites têtes blondes qui scrutent les environs. Je m'approche de mon oncle et son sourire s'élargit en me voyant.

Les frères Satori - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant