Mes jambes avancent seules, sans se préoccuper de mon cerveau qui ne répond plus présent. Je marche sans but, jusqu'à trouver un portail qui commence à se refermer après le passage d'une voiture. Je passe de justesse et entame une marche rapide en direction du lac.
Les palmiers s'étirent de part et d'autres de la rue que je m'efforce de traverser sans me faire écraser.
Ça aurait pu être une solution il y a une époque.
L'endroit parait peu fréquenté, bien qu'il soit situé juste derrière la Résidence Universitaire. J'avance jusqu'à la berge, et longe ainsi le lac où des escaliers se jettent dans l'eau sur tout le long.
Je trouve un coin d'herbe un peu plus haut, et me pose contre un arbre. Le lac est trop grand pour que l'on puisse observer les villes de l'autre côté. L'immensité du paysage face à moi me permet de me vider la tête quelques instants, même si ma jambe droite se met à trembler. Je presse ma main dessus comme un forcené, alors que je sais pertinemment que c'est inutile. Je l'étend finalement devant moi avant de basculer ma tête en arrière et de fermer les yeux.
Je me concentre sur les champs des oiseaux que l'on discerne faiblement et essaye de calmer ma respiration. Je ne sais plus ce que je dois faire, ni comment mais je sais que je n'arriverai pas à vivre là-bas.
La sonnerie de mon téléphone me sort de ma torpeur, mais je n'y prête pas attention. Qu'il s'agisse de mon oncle ou même de ma mère j'en ai rien à foutre.
Qu'ils me laissent seul.
Tranquille.
Plusieurs minutes plus tard, peut-être une heure, ou une demi-heure, que sais-je, j'entends mon prénom au loin. J'ouvre les yeux avant de voir Jacob s'approcher de moi d'un pas déterminé. Rapidement, il se trouve à ma hauteur et je détourne mon regard de ses yeux accusateurs.
- J'ai cru que tu étais parti Abraham! Tu m'as fais flipper, je t'ai cherché partout!
- Et bien je suis là, tranché-je avec sarcasme.
- Abraham, regarde moi s'il te plait. J'ai tout fais pour te trouver une chambre tout seul, je te promets.
- Ce n'est pas le problème Jacob. Ce n'est pas toi le problème! M'écrié-je. C'est juste moi. Je ne peux pas vivre avec quelqu'un!
- Mais tu vis bien avec nous en ce moment, et ça se passe très bien...
- Justement, je n'ai qu'à rester chez toi. La maison n'est pas loin du campus, je pourrais venir en bus.
- Je t'aurais bien dis oui, mais c'est pas possible... C'est trop petit pour vivre à cinq au quotidien... Tu ne peux pas dormir sur le canapé pendant toutes tes années d'études... et puis tu as besoin de ton indépendance, Avi.
Il joue sur la corde sensible en m'appelant ainsi. Je détourne de nouveau les yeux en sentant une larme couler le long de ma joue. Ma respiration se saccade de plus en plus et ma jambe se remet à trembler. Je n'arrivais plus à me calmer.
Quelques instants plus tard, je sens mon oncle s'accroupir face à moi.
- Avi, regarde moi. Je te promets que l'appartement est assez grand pour deux. Vous avez chacun votre chambre et votre la salle de bain. Vous avez juste à partager la cuisine et le salon. Tu n'auras pas besoin de communiquer avec elle, même si je suis persuadé que vous vous entendrez bien.
- Je ne veux pas me faire d'ami Jacob.
- D'accord... mais viens au moins visiter l'appartement. Juste ça. S'il te plait.
Son téléphone sonne, coupant court à la conversation. Il se lève pour répondre et je sors le mien de ma poche après le énième message que je viens de recevoir. Jacob m'a appelé une dizaine de fois et ma mère une seule, suivi d'un message de sa part.
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Les frères Satori - Tome 1
Romance[Romance MxM - Terminé] [Au vu des TW qui seront indiqués au fil du roman, je conseille cette histoire aux personnes qui ont au moins 15 ans. De plus, cette histoire est classée comme oeuvre "mature", elle contient donc des scènes à caractère sexuel...