Les frères Satori - Tome 1

Chapitre 25 : Flirt with your eyes

Isaac

« And I fear that my place gets take by some other one, very lucky and not too shy, who flirts with your eyes while I'm the one who's crazy about them »

Nizar Qabbani

Je bous.

Littéralement.

Ce sentiment, que je n'ai jamais connu mais que je reconnais très bien fusionne en moi comme la lave d'un volcan. Elle menace de tout détruire sur son passage. Et je déteste ça. Je déteste cette perte de contrôle et pourtant, étrangement, je la savoure. Je me noie dedans. Parce que j'aime aussi ce sentiment nouveau. Ce sentiment que jamais personne n'a fait naître en moi mais si bien connu des autres.

De la putain de jalousie.

J'avais bien remarqué lorsqu'il nous avait arrêté, que ce Alec avait dragué Abraham sous mes yeux. À ce moment-là, ça ne m'avait rien fait. Enfin, c'était subtile. Mais là, j'ai eu l'impression qu'on me le prenait sous mes yeux et qu'on me broyait la poitrine. J'ai eu l'impression qu'il n'était plus à moi, alors que techniquement il ne l'est pas.

Putain.

- Satori ?! Je t'adore, mais là j'ai pas toute la soirée, y'a du monde.

- Merde, excuse-moi j'étais ailleurs !

Je paye ma tournée et file vers la table où mes potes sont installés. Par miracle, la place où je m'assoie me donne une vue parfaite sur Abraham et sur ce policier, plutôt beau-gosse, installé à côté de lui.

Ils discutent. Tout ce qui a de plus normal. Mais je ne peux pas m'empêcher de les fusiller du regard en buvant mon coca.

- Arrête ça Isaac, murmure Ezio.

Je me tourne brutalement vers lui et l'interroge du regard.

- De quoi tu parles ? demandé-je vu qu'il ne répond rien.

Il me désigne du regard Abraham et je me fige instantanément. Ezio lui me sourit, comme pour m'indiquer qu'il avait compris quelque chose.

Et je me tétanise de ce qu'il ait pu comprendre.

- C'est... commence-t-il alors que je le coupe rapidement.

- Je veux pas avoir ce genre de discussion maintenant, Ezio.

Il lève ses bras en signe de paix, et je replante mon regard sur Abraham avant de m'intéresser de nouveau à mes amis. Je répète ce schéma un long moment, en passant parfois sur Instagram pour faire défiler des posts qui ne m'intéressent pas le moins du monde. Rien n'y fait.

Je n'arrive pas à faire redescendre la pression qui s'est nouée autour de ma poitrine et qui s'accroît lorsque je les vois discuter ensemble.

- Je sais pas ce qui m'arrive Ezio, finis-je par avouer à demi-mots.

- Qu'est-ce qui te perturbe, Isaac ? demande-t-il en me sondant du regard.

Il se rapproche et baisse d'un ton, pour que je sois le seul à entendre la suite de sa question :

- C'est le fait que ce soit un mec qui te perturbe ou le fait que tu t'autorises à ressentir quelque chose, sans que ce soit juste pour du cul ?

Ses mots crus me ratatinent sur ma chaise et je le regarde dans les yeux en sentant l'émotion me monter aux joues. Le constat de ces dernières années me revient comme une claque sur le visage. Je ne me suis jamais autorisé à avoir de réels sentiments pour quelqu'un. Je n'ai jamais été en couple ou alors c'était des simples aventures de quelques semaines.