Les frères Satori - Tome 1

Chapitre 29 : « Happy » Thanksgiving

Isaac

« Parce que ma religion, je la vis en privé.

Et je ne suis surtout pas Dieu pour te juger. »

Après notre escapade nocturne avec Abraham qui s'est prolongé jusqu'à trois heures du matin, nous sommes remontés en voiture et je l'ai déposé à son appartement, son oncle venant le chercher tôt aujourd'hui pour passer quelques jours chez lui.

Il m'a répété plus d'une fois avoir hâte de revoir Thaïs et Charlie, ses cousines.

J'ai trouvé ça adorable, lui qui n'aime soit disant pas les enfants.

Ruben et Indie de leur côté sont partis pour fêter Thanksgiving chez les parents de ce dernier. Quant à Ezio et moi, nous avons quitté la colocation ce matin, lui filant pour aller récupérer ses parents à l'aéroport et moi pour attendre que ce dernier soit réellement parti afin de retourner à la maison.

Je n'avais aucune envie de voir mon père ou même Jayden pour cette journée, sachant qu'il faut techniquement être une famille pour fêter Thanksgiving. J'ai donc vagabondé dans les rues depuis, avant d'aller m'installer dans un café où j'y ai passé quelques heures.

J'ai voulu bosser mes cours, mais le cœur n'y était pas.

Me voilà maintenant dans un Uber pour rentrer, sans que personne ne soit au courant. Je ne voulais pas inquiéter mes amis ou qu'ils se sentent mal à l'idée que je passe cette journée seul.

Ce n'est pas comme si c'était la première fois, en plus.

Je paye donc le Uber, récupère ma valise et me fige devant la porte d'entrée. De la lumière émane de la fenêtre du salon et je sens mon pouls s'accélérer. Mes sens sont en alerte. Je pose ma valise sur le côté et appuie sur la poignée le plus doucement possible.

La porte n'est pas verrouillée.

J'entre, faisant attention à ne pas faire de bruit alors que de la musique latine résonne en fond sonore. Je me redresse, avance dans la cuisine et découvre Ezio devant le frigo en train de danser au rythme de la musique.

Si je n'avais pas eu mon cœur qui s'était emballé quelques secondes plus tôt, j'aurais ri de sa piètre danse.

- Ez ?!

- OH BORDEL DE MERDE ! hurle-t-il en se retournant avec une main sur la poitrine. Tu m'as fait peur !

- Qu'est-ce que tu fou là ?

- Et toi ?!

Nous nous jaugeons mutuellement quelques secondes, alors que l'angoisse commence à redescendre.

- J'ai cru qu'on se faisait cambrioler ! m'exclamé-je en m'asseyant sur une chaise. J'ai flippé putain.

- T'as toujours pas répondu à la question.

- Toi non plus.

Mon ami fronce les sourcils avant de s'asseoir face à moi, le visage se fermant imperceptiblement.

- Mes parents sont coincés à Jaipur, leur avion a été annulé. Même si je doute qu'ils étaient emballés à l'idée de venir ici de base.

- Tu le sais depuis quand ?

- Oh... hum... deux ou trois jours.

- Ezio ! Pourquoi tu n'as rien dit ?

- Et toi alors ?

Mon meilleur ami me jauge, et je lui explique que je n'avais pas du tout prévu d'aller chez mon père et que j'attendais que tout le monde soit parti pour revenir ici.