Les frères Satori - Tome 1

Chapitre 32 : A father, not a dad

Isaac

« I had a father, but never have a dad. »

J'ai marché pendant plusieurs heures avant de me rendre compte que je n'arriverais pas chez mon père avant encore un long moment, ce qui m'a décidé à prendre un bus.

Lorsque j'arrive dans la rue de la maison de mon enfance, une vague de haine m'habite, occultant la partie sérieuse de mon cerveau et m'emmenant d'un pas sûr vers celui qui m'a gâché ma vie.

Parce que je sais au fond de moi que le réel fautif n'est pas Abraham ou même sa mère, mais bien mon propre père.

- Papa ? appelé-je en poussant la porte d'entrée qui s'ouvre dans un fracas assourdissant.

Je me rends compte que mes mains tremblent, mais reste focalisé sur la volonté de trouver mon paternel. Parce que soyons honnête, ce n'est pas vraiment un père que j'ai.

- PAPA ! hurlé-je aussi fort que possible, en passant dans chaque putain de pièce de cette maison. PAPA !!!!!

La colère m'envahit lorsque je le vois dans le couloir, dans son habituel costard et son sourire qui me fous la chair de poule. Je lui laisse à peine le temps d'arriver et arrive sur lui. Je l'attrape par le col de sa chemise en le plaquant contre le mur face à la porte d'entrée. Le choc le surprend car il ne réagit pas de suite, mais l'instant d'après il me repousse violemment.

Mais je ne suis plus un enfant papa. 

Car le coup part sans réellement que je le commande. Je n'ai pas pu le retenir.

Non.

Je n'ai pas voulu le retenir.

Et la réponse est immédiate. Mon nez craque sous l'impact et le goût du sang afflux dans ma bouche.

Je le repousse de toutes mes forces, le faisant cogner sa tête contre le mur alors qu'il m'assène plusieurs coups dans les côtes pour se défendre. J'explose ma rage sur lui et m'en prend tout autant.

Nous finissons à terre alors que je tombe le premier. Je tente de me relever en titubant mais il me rattrape et me fait basculer en arrière. Je lui lance un nouveau coup au visage une fois stabilisée et il fait de même, me faisant lâcher un râle sourd de douleur.

- Ça te soulage, hein ? T'es comme ton frère, crache-t-il alors que sa tempe pisse le sang.

- Il vaut bien mieux que toi.

Les mots ne lui font rien, comme à son habitude. Il relance un énième coup que j'évite avant de me relever. Il fait de même rapidement et me charge de tout son poids. Je tremble sous l'impact de ma tête contre le mur en pierre. Ma vue se trouble quelques secondes m'imposant une pause qui lui fait prendre l'avantage car un nouvel uppercut s'écrase contre ma mâchoire.

Je tressaille, secoue ma tête pour voir de nouveau correctement alors que mon père attrape le col de mon t-shirt pour appuyer sa prise sur ma trachée avec son avant-bras.

Puis soudain, un metal froid se pointe contre ma gorge. Je baisse les yeux et observe l'arme que tient mon père dans sa main droite. Un éclair de panique s'installe dans ma tête me faisant relever le regard au ralentit vers ses yeux habités d'une haine monstre.

Je le fixe, sentant ma contenance filer à la vitesse de l'éclair alors qu'elle était pourtant si bien installée quelques secondes plus tôt.

J'oublie la première raison de ma visite et murmure d'une voix à peine assurée :

- Pourquoi tu me détestes autant papa, hein ? Pourquoi ?

Je ne peux retenir ma voix qui se met à trembler mais je m'interdis de pleurer face à lui. Sa poigne se relâche un peu de ma gorge, me permettant de reprendre une inspiration que j'avais inconsciemment retenue mais l'arme me menace toujours.