Les frères Satori - Tome 1

Chapitre 5 : Chez Simon

J'ouvre les yeux difficilement. La première nuit ici a été encore plus catastrophique que ce que je pouvais imaginer. Je n'ai pas arrêté de tourner en rond et faire les cent pas dans ma chambre.

Les insomnies me tueront j'en suis persuadé.

Il est sept heure du matin quand je décide enfin de me lever. Foutu pour foutu, autant faire quelque chose de ma journée. J'en ai marre de tourner dans mon lit. Je passe donc avec précaution ma tête à travers la porte de ma chambre avant de pouvoir aller dans la cuisine.

Déjà que j'ai passé une nuit de merde, je préfère croiser personne.

Je me fais couler un café après avoir mis un moment à comprendre comment ça fonctionnait et me dirige vers le salon. Ma tête se pose sur la deuxième porte d'entrée qui mène vers l'extérieur. Je n'avais même pas pensé à aller faire un tour.

J'avance discrètement pour éviter de réveiller ma colocataire et actionne la poignée qui s'ouvre sur une petite plateforme et un escalier en ferraille. Ce n'est pas vraiment un balcon, mais on peut facilement se poser et la vue sur le lac est parfaite.

Le ciel est encore rose-orangé par le levée du soleil et celui-ci reflète sur l'eau. Le calme est saisissant à cette heure-ci de la matinée.

Je me laisse tomber contre le mur et m'assoie sur le sol quadrillé. Ce n'est pas très confortable mais avec un peu d'aménagement ça pourra être un coin sympa. Même assis, la vue n'est pas cachée par les barrières qui sont très fines.

Je savoure mon café en fermant les yeux, laissant la chaleur de la boisson se propager dans mon corps. Il ne fait pas encore trop chaud ce qui me donne une idée que je n'avais pas eu depuis longtemps.

***

La dernière fois que je suis allé courir, sans compter évidemment les cours de sports au lycée, ça devait être il y a au moins... bah en fait jamais. Je n'ai jamais eu envie de courir par moi-même. Mais aujourd'hui j'en ressens le besoin, sans savoir vraiment pourquoi.

Les premières minutes de courses ont été compliquées. Je suis parti beaucoup trop vite et j'ai dû m'arrêter beaucoup trop de fois. Mine de rien, même si ça ne m'empêche pas de réfléchir ça m'épuise physiquement et ça fait du bien.

J'ai longé un bon moment le lac lorsque je suis parti avant de tourner dans une rue pour tenter de faire une boucle. Je longe une route assez fréquentée pour un dimanche avec sur ma droite, une sorte d'entrepôt. De l'autre côté, un bâtiment d'une forme un peu particulière attire mon attention.

J'emprunte le chemin qui mène à cette bâtisse octogonale à petite foulée. En m'approchant de plus en plus, je discerne le logo de l'université. Arrivé à l'endroit que je suppose être l'entrée principale, une pancarte affiche « UNO Lakefront Arena ». Mon oncle m'a parlé rapidement de ce lieu, mais je n'arrives pas à me rappeler de son utilité.

Je contourne le bâtiment avant de poursuivre ma course pour reprendre la rue principale. Je traverse la double-voie et arrive sur le chemin piéton qui longe la route où se trouve  un supermarché, avec un immense parking déjà bien rempli pour cette heure de la journée. Je reste loin du brouhaha, mais j'arrive tout de même à discerner des enseignes de magasins de vêtements ainsi que des restaurants et des cafés.

Je suis désormais le long d'une route principale, bien trop fréquentée à mon goût, et je longe depuis plusieurs minutes un quartier résidentiel. Mon souffle est de plus en plus mis à rude épreuve. Je n'arrive pas à en voir la fin.

Merde.

Moi qui pensait avoir un bon sens de l'orientation... Je passe ma main dans mes poches avant de me souvenir que je n'ai absolument pas pris mon téléphone. Je suis parti tellement vite, que je n'ai même pas pensé à l'emporter.