Abraham
« Faut être aveugle pour ne pas voir l'amour que tu lui portes rien qu'en le regardant. »
Je le sens. Ça arrive. Les larmes se tarissent au fond de mes yeux. Le nœud se forme au creux de mon ventre. Mes mains sont moites. Mes oreilles bourdonnent.
Je n'y arrive pas putain. Je n'y arriverai jamais.
Je ne respire plus. J'ai l'impression de me noyer.
Comment j'en suis arrivé là ? Pourquoi ?
J'essaye de me rappeler les dernières heures, mais tout est flou.
Respire, Avi. Respire.
J'inspire une première fois, mais les larmes jaillissent sur mon visage. Je ne sais même pas pourquoi je pleure, pourquoi je suis comme ça encore une fois.
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Est-ce que maman va bien ? Elle n'a pas répondu à mon dernier message. Pourquoi je n'arrive plus à écrire ? Je vais rater mon semestre. Jacob sera déçu. Maman encore plus. Ma dissertation est à rendre dans deux jours, je n'ai même pas commencé. Je vais aller le voir jouer demain soir. Et s'il ne veut plus de moi ? Je vais me cacher. Et cette foutu soirée d'Halloween va être un cauchemar. Trop de monde. Trop de gens.
Trop. Trop. Trop.
Et elle putain. Elle y sera ? Elle essayera encore de me suivre ?
J'en ai un frisson, puis je me souviens. Le déclencheur. Il y a toujours un déclencheur. Ma respiration se calme. Je revois le visage de cette fille en cours. Je la vois encore Chez Simon à venir tous les jours. Elle ne me lâche pas et elle a posé sa main sur moi. Ça a vrillé. Je l'ai vu elle, mais je les ai vu eux aussi, en train de se moquer et surtout lui. Cet homme dont le visage me dégoûte.
Et cette fille me ramène juste deux ans en arrière, et me fait remonter des souvenirs que j'aurais voulu oublier à tout jamais.
Je file dans la salle de bain pour vomir de la bile. Je recrache tout ce que je peux, comme si ça pouvait me libérer de l'intérieur.
La chaleur remonte sur mon visage et je me relève de la cuvette des toilettes pour me rafraîchir. Je m'observe avec attention dans le miroir. Mes yeux cernés, violacés à force d'insomnies à répétition. Ma mâchoire structurée à force de serrer les dents pour éviter de pleurer devant tout le monde.
Faible. Tu es faible.
Je passe rapidement sous la douche en espérant laver mon esprit au passage. Je m'observe, nu. Je ne suis pas moche. J'ai une morphologie grande, musclée et en plus de ça tatouée, pour essayer d'habiller ce corps tuméfié.
Mais j'ai l'impression que ce corps... ce n'est pas moi. Qu'il n'est pas à moi. Qu'il ne l'est plus. J'ai l'impression que c'est un corps qui porte quelqu'un avec qui il n'est plus en adéquation.
La porte claque.
Je relève la tête et me lève brusquement comme si on pouvait me voir alors que je suis dans ma chambre, qui plus est sous la douche.
Adah.
Mon coeur se calme petit à petit. C'est Adah. Ce n'est pas eux. Ce n'est pas elle. Ce n'est pas lui.
Elle est gentille Adah. Elle ne te veut pas de mal.
Je me connecte de nouveau avec la réalité, sentant la crise s'éclipser petit à petit. J'enfile un jogging, ainsi qu'un t-shirt noir et retourne devant mon bureau. J'ouvre mon ordinateur et réessaie de travailler un peu alors que quelques coups sont donnés sur la porte de ma chambre.
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Les frères Satori - Tome 1
Romance[Romance MxM - Terminé] [Au vu des TW qui seront indiqués au fil du roman, je conseille cette histoire aux personnes qui ont au moins 15 ans. De plus, cette histoire est classée comme oeuvre "mature", elle contient donc des scènes à caractère sexuel...