Chapitre 42 : Le Chaos apaise le Chaos [2/2]

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Un fin sourire illuminait le visage de la défunte reine d'Indeya. Pendant un court instant, son regard outremer capta les yeux écarquillés de Christian, et son rictus s'élargit encore.

— Bonjour à tous, rois et reines du Continent... et du monde.

Le roi Christian lança un regard ébahi en direction de son premier ministre qui hocha lentement la tête, l'air parfaitement calme et nullement surpris. La reine Diane fixait le tableau d'un air lointain, indéchiffrable, ses iris de diamant assombris comme par un voile de souvenirs.

— Comment cela est-ce possible ?

Comment n'a pas tant d'importance que cela, répondit Jade dans un rictus éclatant. Le plus important est que cela est possible. Ma tante, ajouta-t-elle avec un regard en direction du tableau, pouvez-vous s'il vous plaît nous dire ce que vous avez vu la nuit de l'assassinat d'Ighnar depuis votre place sur la commode de mes appartements ?

Diane sembla devenir de glace, ses yeux gelés dans ses orbites et ses mains prostrées sur les accoudoirs. Enfin, le regard bleu de Katherine se posa sur elle, grand, doux et compréhensif.

— Je suis désolée, Diane.

Puis la femme du tableau se concentra sur la reine d'Elesther qui était tout aussi éberluée que les autres membres de l'assemblée.

— Et je suis sincèrement navrée, Marina. La reine Jade a dit vrai. C'est bien Esma que j'ai vue cette nuit-là. C'est elle qui a torturé et tué le général Ighnar sur les ordres de la reine Diane. Après son méfait, Esma a rendu la dague à Diane, qui l'a mise entre les mains de sa fille. Par ce geste, elle lui a montré la définition de la puissance. La puissance par la terreur et le sang... Esma n'est pas celle que tu crois connaître, Marina, ajouta-t-elle, son ton infiniment soyeux.

— Et elle ne l'a jamais été.

La voix de la reine Diane n'était pas douce ni compréhensive contrairement à celle de Katherine. Elle était dure, suintante de moquerie, et sans pitié. Les yeux mordorés de la Présidente de la Table glissèrent lentement du tableau animé, et les braises qui somnolaient dans ses prunelles semblèrent renaître de leurs cendres lorsqu'elles captèrent le regard blanc de Diane.

— Comment pouvez-vous savoir cela ? demanda-t-elle d'une voix grave.

Un fin sourire se dessina sur les lèvres fines et pâles de Diane, et elle haussa les épaules avec une nonchalance arrogante.

Comment je le sais n'a guère d'importance. Le plus important est que je le sais.

Jade lança un regard las en direction de sa mère, que celle-ci ignora sans aucune difficulté, mais elle n'intervint pas. Lentement, Marina se leva de son siège, prenant appui sur le marbre de la table d'une poigne lourde et crispée. Aussi lentement, elle releva la tête. Suivant son mouvement, ses cheveux se soulevaient tout autour de son visage comme entraînés dans un léger tourbillon qui les faisaient voltiger dans les airs.

— Que lui avez-vous fait ? s'enquit-elle encore, son ton devenant guttural, comme la promesse d'une douleur sans fin.

Diane soutint son regard, et son rictus se fit glacial, suffisant.

— Au risque de vous décevoir, absolument rien, Madame la Présidente.

— Jamais Esma ne vous aurait rejoint de son plein gré, alors je le répète une dernière fois : que lui avez-vous fait ? gronda Marina.

Les cheveux d'ébène de la Présidente de la Table valsaient de plus en plus vite et de plus en plus fort dans les airs, leurs pointes s'illuminant d'un rouge écarlate.

La Table des SeptOù les histoires vivent. Découvrez maintenant