Chapitre 44 : La Dynastie des Damnées [2/2]

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Note de l'autrice :

Voilà la partie 2 ! Comme plusieurs d'entre vous l'ont demandé, je publierai les chapitres en plusieurs parties d'un coup. Comme ça, ça vous fera plus à vous mettre sous la dent, et vous pourrez lire à votre rythme ;)

Bonne lecture, j'ai hâte d'avoir vos retours !


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Un long silence gagna la salle illuminée de blanc et d'or. L'air marin vint animer quelques mèches de cheveux sur les crânes des souverains. Et Marina reprit son discours, infatigable.

— Et pourtant, les femmes existent. Et il faut leur trouver une utilité, un rôle à jouer, dans ce monde qui ne les voit pas. Alors on les marie, on les déplace d'un royaume à l'autre. On en fait des cadeaux diplomatiques, des gages de bonne foi, des garanties de paix. Je ne sais pas pour vous, mais à mes yeux, il n'y a pas de doute à avoir. Notre dynastie est damnée parce qu'elle enlève aux femmes le droit d'être. D'individu, elles deviennent un intérêt.

Pendant un long moment, elle posa son regard sur Diane, et le regard froid semblait avoir perdu de son tranchant, sa glace paraissait s'être disloquée, remplacée par de la lave en fusion. Une passion, une détermination les faisaient briller d'un éclat éblouissant, presque chaleureux.

Des glaces enflammées.

Marina déglutit avec lenteur, et détourna la tête.

— J'entends votre raisonnement, Madame la Présidente, répondit Christian. Mais ne croyez-vous pas qu'en introduisant la possibilité de régner par association, nous avons éliminé cette menace du mariage forcé ? Et ainsi, la dynastie ne trouvera plus d'intérêt à marier les femmes aux rois voisins ?

Marina pencha la tête dans un demi-acquiescement incertain.

— Cela diminue le risque en effet, parce que le système de l'I'horana oblige à recueillir le consentement des deux personnes. Mais cela n'empêchera pas des associations d'intérêt pour autant, qui pourront être utilisées contre des jeunes héritières influençables, notamment.

— Certes. Néanmoins, nous ne pouvons tout de même pas empêcher les royaumes de réaliser des associations diplomatiques, nota Garance. Cela relève de la souveraineté de chaque pays, et de la liberté de chaque roi et reine.

— Non, bien sûr que non, répliqua Marina, sèche. Ce qu'il nous faut empêcher, c'est l'utilisation des femmes comme un enjeu diplomatique. Pour le reste, nous sommes tous libres de nous associer, comme nous l'a expliqué la cheffe Taravahë.

Cette dernière lui offrit un sourire large, dévoilant ses dents d'une blancheur pure.

— Et pour empêcher la dynastie d'utiliser ses héritières comme un outil, il faut simplement leur donner un autre rôle. Un rôle d'individu. Un rôle de pouvoir. Le même que celui des hommes.

— Eh bien, pour ça il suffit de l'écrire dans la Loi Sacrée, non ? proposa Juliette, son visage illuminé par l'espoir. Il suffit de préciser que les femmes peuvent gouverner comme les hommes ?

Alors que Marina ouvrait la bouche pour répliquer, elle fut devancée par le roi Amalric.

— Non mais attendez un instant. Il y a quelque chose qui m'échappe, marmonna-t-il, ses sourcils blancs froncés. Pourquoi écrire quelque chose qu'on sait déjà ? Évidemment que les femmes peuvent gouverner, je veux dire... Regardez-nous... Regardez-vous ! s'écria-t-il soudain, désignant toute l'assemblée d'un mouvement circulaire de la main. Il y a un grand nombre de reines autour de cette Table. On le sait, nos peuples le savent aussi. Alors à quoi bon mettre sur le papier une évidence qui nous crève les yeux ?

La Table des SeptOù les histoires vivent. Découvrez maintenant