Chapitre 18

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Le jour de la réception est arrivé. Je me contemple dans le grand miroir de ma chambre. Les cheveux coiffés en arrière, je me trouve...bien. Je rejoins mon paternelle au passage, un rituel qui n'est plus à présenter depuis des siècles.

- J'ai hâte de voir le visage de cette jeune fille. Dit-il sur un ton faussement neutre.

- Ce n'est plus qu'une question de temps. Lui dis-je.

Il ouvre le passage, moi aussi je me demande bien à quoi elle peut ressemblé, je suis curieux à vrai dire et bizarrement, le fait qu'elle soit comme moi me procure une sensation étrange. J'ai l'impression d'être déjà lié à elle par notre statut respectif. Si elle a besoin de quelqu'un qui puisse la comprendre il est évident que je suis le mieux placé pour cela.

Le passage s'ouvre à nouveau sur la salle de réception des souterrains. Belle, luxueuse et décorer avec gout. Une salle que je ne connais que trop bien. Poséidon s'avance dans la foule en direction de l'estrade et c'est là que je la vois. Elle est belle, de la beauté des dieux mais avec ce truc qui n'est pas d'ici, ce truc qui n'appartient pas à ce monde, ce charme qui appartient à notre monde. Quand je suis arrivé chez les dieux, dans ce débordement  de beauté, Liha m'est apparu comme la plus belle femme du monde et aujourd'hui je ne cesse de penser la même chose. Cependant, quand je regarde Katell, je ne peux m'empêcher de constater que le charme d'une mortelle est redoutable.
Avec sa robe noire très élégante et ses cheveux relevés en chignon, elle est charmante et pourtant son visage décrit tout autre chose, elle semble triste ? Perdu ? Effrayé ? Je sais ce que c'est d'être à sa place, devant la foule d'inconnu qui me regardaient comme quelqu'un sorti de on ne sait où. Je sais ce que c'est de se sentir complètement à part et d'avoir envie de fuir. La voir ainsi me replonge quelques deux ans années plus tôt, au jour de ma propre réception. J'ai essayé au mieux de faire bonne figure mais au fond de moi je n'en menais pas large.
Je prends un verre de vin sur le plateau qu'un serveur me tend et observe la nouvelle petite famille en buvant une gorgée. Je comprends ce qu'Hadès à bien pu trouver à la mère de Katell, si celle-ci lui ressemblait évidemment. Et je comprends également la mine renfrognée de Perséphone, bien qu'elle essaie de la cacher.

Hadès se lève et commence son discours. Cela fait plus de 200 ans que je le connais et pourtant il y a toujours cette espèce de concurrence entre lui et moi, une sorte de rivalité. Je crois que ça a commencé à l'époque où sa femme, qui au passage est d'une jalousie à peine voilée, a essayé de me draguer quand je suis arrivé chez les dieux. Je me souviens qu'à l'époque, Hadès m'impressionnait avec sa carrure imposante, son regard de tueur et son charisme confiant et sûr de lui. Le genre à qui on ne va pas chercher d'histoires à moins d'être certain de ne pas y laisser sa vie. Aujourd'hui, il ne m'impressionne plus. J'ai moi-même pris en force, en puissance et en muscles. Il faut dire que 200 années à nager, sa forme quelques peu le corps et du côté mental et bien j'ai aussi gagné en confiance et en assurance. Je me sens bien, à ma place ici, chez les immortels.  Hadès termine son discours et Katell le rejoint, clairement gênée d'être sous le feux des projecteurs. Je prends une gorgée de vin en les regardant s'installés pour la traditionnelle danse d'ouverture de bal et de bienvenue. J'examine Katell, curieux, elle est très belle avec un charme certain. Timide et maladroite, elle donne pourtant le change à son partenaire. Ils échangent quelques propos que eux seuls peuvent saisir. J'aperçois Perséphone qui fulmine de colère devant ce spectacle, cela m'amuse grandement. Une fois que la danse se termine, la foule se lance et se disperse, je me dirige vers Macaria qui est en pleine discussion avec un jeune homme au teint hâlé. Je me place un peu en retrait afin de ne pas les dérangés  mais de façon à ce qu'elle puisse me voir. Et c'est ce qu'elle fait, en m'apercevant elle m'adresse un petit signe de tête, quelques secondes plus tard le jeune l'homme l'embrasse sur la joue puis part. Elle me rejoins tout sourire.

Rémuce, Prince De L'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant