Chapitre 1

791 39 0
                                    

Partie 1- Une nouvelle vie.

1842- Un village dans le sud de l'Italie.

Ma mère m'y a préparé à peu près chaque jours depuis que je suis en âge de comprendre. J'avoue avoir moi aussi douté d'elle, douté de l'authenticité de ses dires. C'est vrai qu'il y avait de quoi rigoler ! Et d'ailleurs mes camarades à qui j'avais confié mes origines ne s'étaient pas gênés. Les enfants sont cruels, c'est pour cela que j'avais cessé d'en parler en grandissant, j'avais aussi cessé d'entasser des souvenirs et des amitiés sachant pertinemment que je ne les reverrais plus jamais. La seule chose que j'ai conservé c'est une boîte à chaussures où il y a des photos et des objets de ma famille. Ma mère Régina, mon beau-père Aldo, ma petite sœur Géorgia et mon petit frère Léandro. Après ma "divine naissance" selon les dires de ma mère toujours, celle-ci a rencontré Aldo et a refait sa vie sachant tant bien que mal qu'un jour je partirais définitivement. Et ce jour est arrivé.

Je contemple l'océan, j'ai 21 ans et 3 jours, une petite valise et toute ma famille autour de moi. Bientôt l'océan va s'ouvrir, bientôt mon père va venir me chercher, bientôt je serais le fils de Poséidon.

Une sensation étrange que je n'ai pas envie de prendre le temps de décrypter me tord l'estomac et fait tambouriner mon cœur. Je sais que c'est la dernière fois que je les vois, eux ma famille, ma vie, les seules personnes pour qui je donnerais tout, pour qui je renoncerais à mon avenir éternel. Mais je ne peux pas, je suis née ainsi, je n'ai d'autres choix que de les laisser derrière moi. Puis un jour ils quitterons cette terre et je n'aurais plus jamais la chance de les voir.

C'est sur ces pensées que la mer se met à vibrer, une ligne se dessine dans les eaux, les grains de sable sautillent légèrement, la ligne qui s'est dessiner s'élargit de plus en plus laissant apparaître un fossé puis un escalier d'où émerge un grand homme à la carrure bien plus sportive que moi, il a les yeux bleus, des cheveux châtains et alors que je m'attendais à voir un homme mûr voir très mûr je suis surpris de découvrir un homme de ma jeunesse. Je crois que ma mère et ma sœur sont en train de défaillir et que mon beau-père à la quarantaine bien entamé commence à rager devant ce spécimen de perfection masculine. Même moi j'en viens à me sentir mal à l'aise, on m'a toujours dit que j'étais beau avec mes yeux bleus et mes cheveux légèrement long mais je suis plutôt fin, je n'ai pas un potentiel musculaire si développer. Malgré tout en le voyant je sais que je tiens plus de lui que de ma mère. Ce petit bout de femme est une brune aux yeux sombres et mes frères et sœurs ont hérités de ce côté. On a souvent pensé que j'avais été adopté ou du moins que je n'étais pas le fils naturel de ma mère, peut importait comment j'avais bien pu atterrir dans cette famille je n'avais forcément pas le même ADN.

Mon... Père... S'approche de moi et me tend la main.

- Rémuce ? Enchanté, je suis heureux de faire ta connaissance, bienvenu parmi nous.

- Merci, pareillement. Reponds-je en lui serrant la main.

Sans trop perdre de temps, je fais mes adieux à ma famille, l'émotion est au rendez-vous, je ne voulais pas versée de larmes en leur présence mais une coquine s'est incrusté dans mon œil laissant couler avec elle toute la tristesse que je ressens à les quittés. Je me console en me disant qu'ils seront toujours ensemble, présent pour veiller les uns sur les autres.

Je m'approche de Poséidon, il me jette un regard bienveillant puis contemple le passage devant nous. Je suis son regard et m'interroge, comment vais-je pouvoir le suivre là dessous ? Je vais me noyer à coup sur ! Je glisse un regard inquisiteur vers mon paternel en quête de réponse. Il semble lire en moi.

- Ne t'inquiète pas, tu as cela en toi.

- Je ne suis pas sur de comprendre. J'ai passer ces dernières 21 années à nager dans cette mer et je n'ai jamais ressenti une quelconque capacité à ne pas me noyer.

Il émet un petit rire amical avant de me répondre avec malice.

- Oui mais avant tu n'étais pas en possession de la moitié de ta personne.

Effectivement, avant j'étais un jeune homme rien de plus normal qui aimait nager dans l'océan et draguer quelques jolies minois. Aujourd'hui, je suis un demi-dieu, un éternel qui peut, apparemment respirer sous l'eau.

- Et comment ? Osé-je demander.

- Tu n'a qu'à le souhaiter, le reste se fera tout seul mais... Tu n'en aura pas besoin aujourd'hui.

Fixant à nouveau mon regard sur cet escalier aquatique je me dis que je ne suis pas totalement convaincu mais après tout, c'est lui le Dieu

- Bon allons-y ! Affirme Poséidon.

Un dernier regard vers ma famille et je m'avance aux côtés de ce père dont je ne connais rien d'autres que ce que j'ai pu lire dans les livres et de ce que m'a raconté ma mère. L'escalier semble se mouvoir au rythme de l'eau, j'ai le vertige tout d'un coup. Devant la première marche je l'immobilise. Poséidon est déjà à la troisièmes et m'encourage silencieusement. Je pose un pied avec l'appréhension de m'enfoncer dans la marche au premier contact mais ce n'est pas le cas. Celle-ci est douce et lisse, on dirait du verre. Je n'ai maintenant plus peur de me noyer mais de me casser la figure. Je descends prudemment, plus je m'enfonce dans le passage, plus l'eau se referme au dessus de ma tête mais sans jamais m'atteindre. Enfin nous arrivons sur une place. Les murs sont d'eau et c'est tout. Je me sens coincé.

- Bienvenue dans ton nouveau chez toi. Fit-il en faisant un large geste avec son trident.

Le mur d'eau face à moi se floute, il vibre avec douceur, je peux ressentir ces ondulations aquatique jusqu'au plus profond de moi. Cette sensation nouvelle me fascine et alors que le mur s'ouvre, je sens toute la force de l'eau me transpercer pourtant... Je ne suis pas immerger, ni emporter par un courant, cette sensation puissante est interne et les pulsations de mon cœur s'estompent devant le spectacle qui s'offre à moi. Je suis au pas d' un immense hall où du monde s'affairent, des hommes, des femmes, des enfants. Le hall semble tailler dans du marbre blanc aux reflets bleutés, de hautes colonnes grecs soutiennent un plafond de verre laissant entrevoir le bleu profond de l'océan. Puis soudains le silence s'installe autour de moi, m'arrachant à ma contemplation. Plus un bruit, plus un mouvement. Juste le silence.

Rémuce, Prince De L'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant