Les âmes vagabondes

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Ça fait 4 jours que j'ai appelé Ken. Et depuis 4 jours j'ai le droit à des messages de sa part me demandant comment je vais. Même si je sais qu'il va bientôt rentrer je n'en ai pas encore parlé aux gars, et je sais pas si je vais le faire. Mais je sais qu'ils s'en doutent, depuis cet appel je dors mieux, j'ai plus de motivation, je refais à manger et je vais même au travail. Je l'ai pas dit non plus à Gaby, il va mieux et j'ai pas envie qu'il refasse des crises. Ce matin j'ai fait une prise de sang, et je suis enceinte de 5 semaines. Je sais pas comment va réagir Ken et ça me stresse. Il est 20h, on a fini de manger, ce soir j'étais seule avec mon fils, aucun des gars n'est venu. Alors il est actuellement en train de jouer un peu dans sa chambre et moi je suis sur la balcon en train de lire un des livres de Ken que je devais lire depuis un moment. Cependant mon esprit est accaparé par l'être humain qui est en train de pousser dans mon ventre. Mes mains caressent mon ventre en imaginant la tête de ce petit être. Je veux en parler, les gars seront super contents, même s'ils vont se battre pour être le parrain et la marraine, mais c'est Ken qui doit être le premier au courant, lui et personne d'autre. J'entends quelqu'un rentrer, pensant que c'est un des gars je ne me retourne pas. Mais quand sa voix atteint mes oreilles mon cœur rate un battement

-Y'a quelqu'un ?

Je sors du balcon pour rentrer dans le salon. Il est bien là, ses 2 sacs sont posés au pied du canapé. Il a l'air fatigué. Lorsqu'il ouvre ses bras je me refugie entre-eux, l'endroit où je me sens le mieux au monde. Ses bras encerclent mon dos, les miens entourent sa taille et le serrent le plus fort possible. Il est rentré. Après plus de 2 semaines il est là. Son odeur m'avait manquée. La chaleur de ses bras aussi. Sa façon de me caresser le dos en faisant des cercles du bout des doigts. J'ai l'impression qu'on vient de me rendre la pièce manquante du puzzle qu'est mon cœur. Je veux pas le lâcher, mais je m'y retrouve obligée quand il me dit

-Je te dois des explications

Je hoche donc la tête et desserre ma prise. On se dirige vers le balcon sur lequel je me trouvait quelques minutes plus tôt. Il est face au vide, il semble chercher ses mots. Moi je l'observe attendant qu'il rompe le silence de ses explications.

-Je suis désolé Hélo

Il s'est tourné vers moi et il me regarde maintenant dans les yeux. Je ne dis rien, ne voulant pas le couper dans son élan, qui a été assez dur à trouver apparemment.

-J'ai flippé, je suis désolé. Il fait une pause que quelques secondes avant de reprendre. C'était pas prévu que je partes mais j'ai flippé.

Je comprends pas où il veut en venir, mes sourcils sont froncés. Je me décide à lui demander

-Ken je comprends pas, pourquoi t'as flippé ?

-Gaby t'as pas dit ? Je secoue la tête lui signifiant que Gaby ne m'avait rien dit qui pourrait justifier sa flippe, il continue donc. Ce matin-là alors que je faisais son sac il m'a dit "je t'aime papa", et j'ai flippé

Gaby avait déjà dit "je t'aime" à Ken, cependant jamais il ne l'avait appelé "papa". Mais, comme pour moi qui ne suis pas sa mère, il a dû se rendre compte que bien qu'ils n'aient pas de liens de parentés, Ken fait tout comme s'il était son père. C'est qui lui a appris à faire du vélo, à nager, à pisser debout aussi, c'est lui qui lui fait ses lacets le matin, c'est lui qui lui lit des histoires le soir, c'est lui qui lui dit de m'attaquer alors que je fais la grasse matinée le dimanche. J'aurais dû anticiper la chose, mais je l'ai pas fait. Voyant que je suis en pleine réflexion il reprend

-J'ai flippé parce que je sais pas si je suis prêt à avoir ce rôle pour lui. Et puis je me suis jamais imaginé avec un enfant, jusqu'à ce que tu rentres dans ma vie. J'ai préféré m'isoler et réfléchir à tout ça. Je voulais avoir des certitudes avant de revenir.