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Chaque contraction me fait plus souffrir que la précédente, et le fait Ken soit silencieux et qu'il fasse les 100 pas depuis tout à l'heure ne m'aide pas. Ça fait 15 minutes qu'on est dans cette chambre et aucun médecin n'est encore venu. J'aurais aimé que Gaby soit là, il aurait fait que parler et j'aurais réussi à penser à autre chose que la douleur.

-Ken arrête de tourner en rond tu me donne le mal de mer, grinçais-je entre deux contractions

Il me jette un coup d'œil avant de s'asseoir sur le fauteuil à côté du lit sur lequel je suis allongée.

-Tu veux un verre d'eau ? me demande-t-il quelques secondes plus tard

Bonne idée, vu la chaleur qu'il fait j'ai déjà les cheveux qui collent à mon front et à mon cou. Je suis morte de soif en plus.

-Oui je veux bien

-Je reviens, me dit-il après avoir embrassé tendrement mon front

Les minutes sans lui dans la chambre sont pires que celles qu'il passait à arpenter chaque recoins de la pièce. Je m'en veux d'avoir été désagréable avec lui, je sais qu'il est stressé et je suis entrain d'empirer les choses pour lui. Il revient peu de temps après avec une bouteille d'eau

-Merci, et désolée

-Désolée ?

-Je te stresse encore plus à être désagréable comme ça

-Hélo t'es enceinte et sur le point d'accoucher, ça sert à rien de s'excuser

J'allais lui répondre mais une contraction me coupa dans mon élan. Ken passe sa main sur mon ventre avant tirer le fauteuil et de s'installer juste devant l'endroit où est censé se trouver notre enfant.

-Je vais essayer de lui parler, ça va peut-être la détendre

Il dit ça pour me faire rire et ça fonctionne. Par contre y'a un détail qui me fait moins rire

-La ?

-Je suis sûre que c'est une fille qu'est-ce que j'y peux ?

Je secoue la tête par manque d'envie de débattre avec lui. Je sais depuis bien longtemps qu'il espère que cet enfant soit une fille, mais je sais aussi qu'il ne sera pas déçu que se soit un garçon. Mes pensées sont interrompues par le début du monologue de l'homme que j'aime

-Hey toi, tu sais j'ai jamais eu aussi peur de ma vie qu'à cet instant précis, mais paradoxalement j'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Tu vas bientôt combler nos vies de bonheur. On va bientôt pouvoir voir tes yeux, pouvoir te tenir contre nous, pouvoir entendre ton rire. J'ai hâte de vivre un bout de ma vie à tes côtés. Et je m'excuse d'avance si je gères pas tout. Surtout les devoirs de maths, tu demanderas à tonton Mathieu ou Tom, mais moi c'est au-delà de mes capacités. Par contre si tu vois un araignée et que t'as besoin d'aide ça je peux gérer, c'est dans mes cordes. Il me regardes quelques secondes avant de reprendre. J'ai peur que t'ose pas me demander de l'aide alors que t'en as besoin, simplement parce que tu me fais pas confiance. Je suis là pour toi, je ferais tout pour toi, comme je ferais tout pour ta maman et ton frère. Tu peux compter a 100% sur tes tontons et tes tatas, je suis sûre qu'ils seraient capable de beaucoup de chose pour toi, comme ils sont capables de beaucoup pour Gaby et Isma. N'aies jamais peur de me décevoir, se sera jamais le cas.

J'allais rétorquer mais une nouvelle contraction m'envahis. C'est à ce moment qu'une sage-femme débarque dans la chambre afin de voir afin de voir comment le bébé descend

-On va pouvoir passer en salle d'accouchement

Ça y'est je panique totalement. Je regarde Ken, il essaye de pas paniquer pour pas m'angoisser encore plus, mais je sais qu'il est dans le même état que moi. La jeune femme qui est encore dans pièce fait rouler mon lit jusque dans la salle d'accouchement, Ken me tient la main sur le trajet. A peine arrivés dans la salle qu'un médecin entre

-Comment allez-vous mademoiselle ?

Sérieux ? Un être humain va sortir de moi d'ici quelques minutes et il croit que je vais bien

-ça va, dis-je quand même sachant que toute façon y'a pire comme situation

-A partir de maintenant à chaque contraction vous allez pousser le plus fort possible

Je hoche la tête et il se positionne devant moi. A la première contraction je fais ce qu'il m'a dit. Je sens Ken poser sa main qui se positionne dans mes cheveux tandis que la deuxième attrape ma main droite. Plus les contractions s'enchainent, plus je broie sa main. Je sais que je lui fais mal mais à ce moment là je vous avoue que je m'en fou. Chaque contraction est plus douloureuse de la précédente.

-Je vois la tête, m'indique le médecin au bout que plusieurs minutes

Je sais que la prochaine contraction sera l'une des plus douloureuse. Merci Adèle pour ses précisions « La tête c'est l'une des pires, après les épaules ». La contraction arrive, je le sens et Ken aussi

-Tu vas y arriver mon amour, ses mots me donnent la force de pousser le plus fort possible quand cette fameuse contraction arrive.

La douleur que je ressens quand la tête passe me fait encore plus resserrer ma poigne autour de la main de Ken.

-La prochaine contraction et c'est fini, plus que les épaules, continue le médecin.

Je prends une grande respiration ne pouvant plus attendre de voir cet enfant. Quand cette ultime contraction pointe son nez je pousse le plus fort possible, je ne retiens plus mes larmes, mais je ne sais pas si je pleures de douleur, d'impatience ou d'amour. Mes hormones sont dans tous les sens. Je sens Ken chuchoter au creux de mon oreilles mais mon cerveaux est en mode off à ce moment-là, je n'entends pas n'assimile aucune de ses paroles. Je me reconnecte au moment présent et à la réalité en entendant des pleurs. Les pleurs de notre enfant. Je regarde Ken les yeux remplis de larmes, lui a une larme qui coule sur sa joue quand ses yeux passent de notre enfant à moi. Son sourire n'a jamais été aussi grand sur son visage.

-Elle est magnifique, intervient une infirmière présente dans la salle

-Elle ? demande Ken les yeux remplis d'amour tournés vers notre fille

-Vous voulez couper le cordon ? Lui demande cette même infirmière

Je le vois hésiter mais il se dirige vers elle et il suit les instructions qu'elle lui donne. Il regarde notre fille comme si elle était la plus belle chose au monde. A ce moment là je suis sûre que plus jamais il ne repartira comme il l'a fait quelques mois auparavant, il sera toujours là pour elle, pour Gaby, et pour moi. Après quelques instants la jeune femme pose notre enfant sur moi et pour la première fois je vois ma fille. Elle a l'air si sereine. Elle est magnifique, elle gonfle mon cœur de bonheur. Pour une fois depuis si longtemps je ne sens entière. Ça ne m'était pas arrivé depuis le décès de mon frère.

-Comment s'appelle cette jolie petite fille ? demande toujours la même infirmière

Ken me regarde attendant une réponse de ma part. Je lui avais dit que le prénom nous viendrait comme une évidence. Alors je regarde la merveille qui se trouve dans mes bras, les yeux fermé elle a l'air si bien à cet instant. Je relève mes yeux vers Ken qui nous couve toutes les deux du regard.

-Eden ? questionnais-je Ken

Il reporte son attention sur ce petit-être et il sourit avant de répéter plus fort pour que l'infirmière note bien ce prénom.

En la voyant j'ai su. C'était comme une évidence, je crois que Ken aussi l'a su je l'ai vu. Elle est magnifique et elle nous apporte un bonheur immense. Il ne manquait plus qu'elle pour que notre vie soit parfaite. C'est un ange venu du ciel.

Bienvenue parmi nous Eden Elena Samaras.

Les âmes vagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant