Les âmes vagabondes

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Ça fait 5 jours qu'on a annoncé les parrains et marraines de nos enfants. Depuis ce jour-là Ken me pousse à aller voir ma mère pour lui annoncer que nous attendons un enfant. Alors aujourd'hui c'est le jour où on doit aller manger chez ma mère, et sa nouvelle famille. Je suis dans le lit à fixer le plafond avec Ken à mes côtés qui dort et Gaby qui s'est endormi sur mon ventre après avoir quitté son lit au petit matin pour nous rejoindre. J'ai pas envie d'aller à ce repas, mais je le fais pour Gaby, il demande à voir Jules, Anaïs et Enzo des fois, alors je sais qu'il sera content. C'est la seule raison pour laquelle j'ai accepté. J'ai aucune envie que Gaby soit proche de ma mère et de sa famille, mais je peux pas me résoudre à lui dire non indéfiniment. Je veux pas qu'elle le fasse souffrir comme elle m'a fait souffrir. Je veux pas qu'elle l'abandonne comme elle m'a abandonnée. Depuis qu'on s'est revu il y'a maintenant presque 4 ans, on a jamais réellement parlé de tout ça, à part le soir de nos retrouvailles, mais c'était qu'une infime partie de ce qu'on avait sur le cœur.

-Tu réfléchis trop Hélo, marmonne Ken la tête enfoncée dans son oreiller

-Et toi tu parles trop, répondis-je sèchement.

-Arrête de m'en vouloir, t'as besoin de lui parler.

-J'ai aucun besoin d'elle dans ma vie

-Tu mens, sinon ça t'affecterais pas autant

-T'es chiant

-Mais tu m'aimes quand même

-J'aurais pas dit ça comme ça

A cette réflexion je reçois son oreiller en pleine face nous faisant tous deux rire et réveillant Gaby

-Il se passe quoi ? Il a l'air perdu avec ses yeux à moitié ouverts et sa voix pas réveillée

-Rien mon grand, mais faut qu'on se prépare sinon on va être en retard, lui annonce Ken

-Est-ce que demain on peut faire une journée film devant la télé ?

Il a demandé ça avec ses yeux doux auxquels on résiste très rarement. C'est souvent que les week-ends on passe le dimanche à regarder des films allongés sur le canapé, des fois certains des gars viennent, ou mes potes, mais en général on est que tout les trois, avec Némésis. On adore ce genre de journée, on fait rien à part manger, rire et dormir. Forcément c'est le genre de journée que je préfère depuis que je suis enceinte et surtout depuis que je ne peux plus voir mes pieds. Rester allongée est le seul moyen de ne pas avoir mal au dos. Je regarde Ken avant de répondre à Gaby qu'on fera une journée film demain. Il saute de joie, nous fait un bisous à chacun avant d'aller dans sa chambre pour se préparer. Ken se lève et le suit pour pas que Gaby s'habille n'importe comment, si ça ne tenait qu'à lui il serait tout le temps en short de foot, en même temps avec les oncles qu'il a forcément il a des mauvaises influences en terme de sapes. Il devrait plus prendre exemple sur Alpha que sur Idriss, et encore des fois Alpha il fait des dingueries.

-Tu penses à quoi ?

Merde prise en flagrant délit de réflexion intense à propos d'un sujet nul, comme trop souvent depuis un moment.

-À rien

-T'es chiante à rien vouloir dire en ce moment

En réalité je dis rien pour pas m'embrouiller avec lui. Je lui ai jamais dit ce que je pensais réellement de sa fuite de février, bien que ça fasse plus de 7 mois ça me pèse encore. Mais j'ai peur qu'il parte encore une fois alors je me tais. Hakim a raison, j'aurais dû lui dire quand c'était encore frais, mais non j'ai attendu. Et je sais que Ken m'en voudra de rouvrir le sujet des mois après. Ça l'agace que je ne dise rien mais ça va l'agacer encore plus que je lui dise la vérité. Je me lève et je vais prendre ma douche sans rien lui dire. C'est mieux comme ça, en tout cas c'est ce que je me dis. Comme à chaque fois que je fuis la discussion il n'insiste pas. Lui non plus n'a pas envie d'une dispute. On esquive tous les sujets sensibles ça en devient pesant en réalité. Un jour il faudra vraiment qu'on se dise ce qu'on pense au fond, mais ce jour-là n'a pas l'air d'arriver. Je prends une douche rapide pour pas nous mettre plus en retard. Plus vite on arrive, plus vite on repart. En 30 minutes on est tous les 3 prêts. Ken installe Gaby dans la voiture avant d'aller s'installer derrière le volant. Je reste silencieuse tout le long du trajet. La main de Ken sur ma cuisse ne m'apaise pas et c'est bien la première fois en 4 ans. On ne descend pas directement quand on arrive, Ken profite du fait que Gaby se soit endormi pour me tirer les vers du nez