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Point de vue de Héloïse
15 septembre 2022

Aujourd'hui je suis seule à la maison. Gaby est à l'école et cette année on l'a laissé à la cantine le midi, en tout cas pour le moment puisqu'avec l'arrivée du bébé c'est compliqué d'aller le chercher et on a pas trop envie de déranger tout le monde. Quand j'aurais accouché ça sera beaucoup plus simple. Ken lui il est au studio pour je ne sais quel projet, y'a toujours un projet en cours dans l'équipe. Le terme de ma grossesse est prévu pour le 7 octobre, donc dans 3 semaines.

Il est presque 13h et j'ai la dalle. Genre vraiment. Aux vues de ce que je mange en ce moment je peux affirmer que cet enfant est un morfal, comme Doums, et ça me fait peur. Je me lève donc tant bien que mal de mon très confortable lit afin d'aller me faire réchauffer des lasagnes. En arrivant dans la cuisine je n'ai plus aucune envie de lasagnes puisqu'en voyant un melon sur le plan de travail je me suis mise à saliver. Faut que je le coupe et c'est bon.

Tu peux le faire Hélo.

Je prends un couteau dans le tiroir, je coupe le melon en deux, et je le vide. Alors que j'allais le recouper je suis interrompue par une douleur en bas du ventre, puis pas un geyser d'eau.

OH MERDE JE VIENS DE PERDRE LES EAUX EN COUPANT UN MELON !!

Je reste figée quelques secondes quand une contraction me réveille. J'attrape mon téléphone pour essayer de joindre Ken. J'espère qu'il va répondre directement

1ère sonnerie : rien

2ème sonnerie : rien

3ème sonnerie : rien

4ème sonnerie

-Allô

-Ken vient vite

-Ça va ?

-BOUGE TON CUL VITE J'AI PERDU LES EAUX

-Merde... je l'entends vite fait parler avec les gars puis il se reconcentre sur ma personne. T'as mal ?

-Oui

-Genre beaucoup

-Genre dépêche-toi Ken

-Je suis là dans une dizaine de minutes

Soudain une quelque chose me vient à l'esprit

-On a pas le prénom

-T'inquiète

-OUI JE M'INQUIETE

Nouvelle contraction, j'ai compris que plus je parlais fort plus j'avais mal. J'essaye de me calmer en soufflant de manière régulière.

-Ça va aller bébé j'arrive. Et puisque tu demandes c'est Eff qui ira chercher Gaby

-Merde j'avais oublié ce détail. Merci

-Je suis au bout de la rue j'arrive. La valise est finie ?

Heureusement qu'il était à côté parce qu'attendre 30 minutes avec un bébé prêt à sortir ça m'enchante pas de fou.

-Oui il manque juste mon chargeur de téléphone mais c'est pas si important.

-Non y'en a un dans la voiture c'est bon. T'es habillée ?

-Ouais

Parler d'autre chose que de la douleur me fait du bien, je la ressens moins, et bizarrement je crois que Ken le sait. Son ton est calme alors que je sais qu'il est en panique à l'intérieur. Comme moi. Dans quelques heures je vais accoucher. Dans quelques heures on sera 4. Je crois que je réalise pas à ce moment là

-Je suis devant je monte.

Je l'entends monter nos 5 étages à pieds, c'est du sport, mais heureusement pour moi l'ascenseur est assez grand pour mon ventre, Ken, ma valise et moi. Descendre les 5 étages dans mon état aurait été un enfer. La porte s'ouvre à la volée et Ken se dirige vers moi en décollant son téléphone de son oreille.

-Ça va ?

-Ouais

Il embrasse ma tempe avant d'aller chercher la valise dans la chambre de notre futur enfant. Il revient quelques instants plus tard avec une paire de baskets qu'il m'aide à enfiler. Heureusement que j'ai mis une robe longue fluide sinon la galère.

-Aller on y va bébé, me dit-il en m'aidant à marcher.

On descend assez facilement mais pour réussir rentrer dans la voiture c'est une autre histoire. Quand enfin je suis assise une contraction me prends. Putain elles font de plus en plus mal. Ken se dépêche de rejoindre sa place et de démarrer direction l'hôpital.

Point de vue de Ken

Elle est à peine dans la voiture qu'elle se met à grimacer et à serrer les dents. Une nouvelle contraction. Je comprends que ça lui fait mal alors je m'empresse de me positionner derrière le volant et de démarrer. Pendant le trajet de nouvelles contractions arrivent, ma main serre sa cuisse pour lui montre que je suis là.

-Ken parle s'il te plaît faut que je pense à autre chose que la douleur

-OK OK...euh, je réfléchis quelques instants à ce que je pourrais dire mais rien ne me vient. PUTAIN JE SAIS PAS HELO, JE SAIS PAS.

Je suis en train de paniquer. Genre vraiment. Ça m'est jamais arrivé d'être dans cet état. J'aurais pas dû lui montrer d'ailleurs puisque je sais qu'elle panique aussi, et ça va ne faire qu'accentuer la chose de son côté. Heureusement pour nous je reçois un appel d'Antoine

-t'es où ?

-on est sur la route pour l'hosto

-Ça va Hélo ?

Comme mon téléphone est relié à la voiture via Bluetooth Hélo lui répond directement, et je sais pas si c'est une si bonne chose que ça.

-Ouaiiis grave y'a un être humain qui va sortir de mon corps mais tranquille, dit la femme qui se trouve à mes côtés avec un rire amer

-Vous nous tenez au courant

-Oui t'inquiète frère, voyant que Hélo se concentre que ce qu'on dit, je décide de poursuivre la conversation. Vous faites quoi vous ?

-On est tous chez Theo et Anna, comme ça on arrivera en même temps quand mini-Samaras sera là

-Me foutez pas la honte à l'hosto s'il vous plaît, supplie Hélo

-Je te garantit rien... confesse le breton

-Vas-y Antoine on te laisse on est arrivés à l'hosto

Sur ces mots je raccroche et me gare avant d'aider la futur maman a descendre de la voiture après avoir saisie la valise. On se dirige rapidement, avec un peu de mal tout de même, vers l'entrée des urgences. Une femme d'une quarantaine d'années nous prend en charge

-Vous avez perdu les eaux y'a combien de temps ?

-Environ 25 minutes je crois

-Votre terme est prévu pour quand ?

-Le 7 octobre

-Ok, je vais vous mettre dans une chambre et un médecin va venir vous voir

Sur ces mots elle fait s'asseoir Hélo sur un fauteuil roulant et elle nous guide jusqu'à une chambre.

Les âmes vagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant