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Le soleil baisse dans le ciel, le réveil m'indique 18h. J'ai vu la voiture des voisins partir, Alexandre est sûrement parti avec eux, bien que je ne l'ai pas vu. Mon ventre commence à gargouiller, je dois manger. Quoi? Je ne sais pas, mais je vais trouver quelque chose que je sache faire...

J'ai reçu un message de Austen dans l'après-midi, il s'excusait encore. Je n'ai pas répondu, de toute façon qu'est-ce que je pourrais dire? Il est en tord et il le sait, je n'ai pas à dire quoi que ce soit, mon silence est plus honnête qu'une quelconque réponse.

Je me fais bouillir de l'eau dans l'optique de me faire des pâtes et m'installe devant la télé sur laquelle je démarre une série au hasard, enfin pas tout à fait hasard, juste une série que je regarde quand je suis seul. L'eau bout, j'y glisse mes pâtes, sans les casser bien sûr, mes gênes Italiens me l'interdisent et démarre le minuteur.

La sonnette de l'entrée me fait sursauter, je m'approche curieux de savoir qui pourrait venir à une heure pareille alors que je suis tout seul, un tueur en série peut-être qui sait? On ferait une série sur moi ou un film documentaire sur le mystérieux adolescent tué abandonnant ses pâtes en pleine cuisson, quel crime...

Quand j'ouvre la porte je suis surpris de tomber sur le visage de Alexandre, il a les mains qui tremblent et a l'air embêté d'être ici.

- Hum, salut, désolé de te déranger alors que tu râles, mais je suis seul chez moi et je suis pas bien parce que j'ai peur.

Je fronce des sourcils.

- Peur?

Il acquiesce et me donne la forte impression d'être en face d'un petit garçon.

- C'était pourtant mon idée, mais je déteste être seul, je pensais pouvoir mais j'y arrive pas et cette maison c'est pas chez moi je me sens mal à l'aise et les murs craquent et j'en peux plus.

Il explose en sanglot et tombe dans mes bras, je le retiens de tomber surpris et ne sais pas quoi faire. Pourquoi il n'a pas été voir d'autres voisins au juste, c'est une autre de ses combines pour se rapprocher de moi? Non, il ne ferait pas ça, enfin je ne pense pas.

Je recule d'un pas et ferme la porte derrière lui, il serre ses bras autour de moi comme si il s'accrochai à notre contact et continue de pleurer. Je me sens mal à l'aise, je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation, c'était toujours moi qui finissais par craquer, pas l'autre. Comment faisait Jules déjà? Punaise qu'est-ce que je suis nul! Je dépose mes mains dans son dos toujours aussi mal à l'aise et attends simplement qu'il se calme, c'est le moins pire que je puisse faire.

Au bout de quelques minutes qui me semblent durer éternellement il recule et essuie ses larmes presque honteux.

- Pardon, désolé, je sais pas pourquoi je suis venu, je sais pas ce qui m'a pris, je vais retourner je sais que tu veux pas de moi, je suis désolé-

Je l'arrête en posant ma main sur son épaule.

- T'inquiète, mais t'es sûr que ça va?

Il relève son regard sur moi et se mord l'intérieur de la joue.

- Oui, je vais retourner désolé, je sais pas, je sais pas...

- Tu peux rester, je le coupe encore une fois.

- Quoi?

- T'as pas l'air d'avoir envie d'être seul, et je suis plus fâché.

Je mens bien sûr, mais sa position me met mal à l'aise et me fait perdre mes moyens.

- Oh, je, t'es sûr?

j'acquiesce et pince mes lèvres mal à l'aise, encore.

- Merci.

Libère-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant