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Je me réveille en sursaut, au moins je n'ai pas réveillé Alexandre. Je me lève avec le plus de discrétion et vois l'heure: 3h. J'espère que je vais pouvoir me rendormir. Je descends dans la cuisine avec mon livre et me fais un thé à la verveine, ça va peut-être m'aider cette fois-ci... J'en doute fort quand même.

Je m'assieds dans le fauteuil avec ma boisson et mon livre et me pose ici, la soirée m'a donné trop d'émotions, je n'aime pas ça, c'est fatiguant. J'en subis déjà chaque jours avec tous ces gens de l'école qui me regardent comme si j'étais un Alien, alors si en plus un enquiquineur s'approche de trop près... Je n'aime pas Alexandre, et je ne veux pas être son ami, je ne vois pas pourquoi on m'y obligerait, j'ai déjà assez d'ami. Mon frère compte dedans. Oui c'est normal.

Je sais que je peux paraitre désagréable, mais les barrières que j'ai mise autour de moi sont là pour me protéger. Je sais ce qui est bon pour moi, et plus personne ne doit savoir pourquoi je suis aussi... moi? 

Pas plus de personne en tout cas, c'est trop difficile de gérer le savoir des autres. Je préfère l'ignorance des gens qui jugent sans vraiment me connaitre, ils ont un regard extérieur et leur jugement n'apporte rien. Mais si lui apprend vraiment, et qu'il commence à me connaitre et qu'il s'en sert pour me faire du mal, m'humilier comme l'ont déjà fait d'autre avant lui, je ne le supporterai pas encore une fois.

Je bois ma boisson fumante, les mots passants sous mon regard sans que mon cerveau, trop occupé à réfléchir encore et encore, ne parvienne à déchiffrer un traître mot. Pourquoi, quand j'en ai le plus besoin, je suis incapable de lire, de lire vraiment, en comprenant chaque métaphore cachée et chaque mot retranscrivant de la sensibilité et bien souvent de la douleur. 

Pourquoi la joie est-elle souvent mieux écrite, mieux expliquer, alors que la douleur, la tristesse et la déprime sont si complexes aux yeux des gens? Je m'exprime toujours plus sur la douleur que sur la joie, et j'y ai trouvé plus de facilité. Sûrement parce que de ma vie je n'ai vécu bien souvent que des moments où tes taches d'ombres venaient obscurcirent un souvenir qui devait pourtant n'être que joie innocente.

Mes pensées, concentre-toi Maël. 

Je reviens sur mon livre, mais je bloque encore à une phrase qui d'ordinaire aurait eu tellement de signification. Mon cerveau est mélangé et je ne sais pas comment le remettre à l'endroit. Du sommeil? Donnez-moi le mode d'emploie, je n'y arrive plus, j'ai du oublier comment faire. J'aimerais que Jules soit là, il se réveille souvent la nuit pour venir manger un bout, quand je suis là il m'oblige à venir avec lui et me serre contre lui jusqu'à ce que le sommeil revienne ou que les larmes sortent enfin. 

Il ne m'a pas abandonné. Non il reviendra demain je le sais. Peut-être pas. Non.

Je pose mon livre sur la table, de toute façon je n'ai pas lu une seule page en 30 minutes, c'est un bon signe de la folie qui m'envahit. Je suis privé de sommeil et encore une fois mon esprit m'empêche d'émergé.

Mon thé est froid, ce n'est pas bon.

Je me lève ma tasse en main, pour la ranger dans la cuisine, je trébuche, la tasse tombe par terre et explose au sol en millier de bout de verre plus tranchant les uns que les autres. Je n'entends plus rien autour, comme hypnotisé.

Je m'accroupis et en ramasse un, je peux déjà sentir le pincement de ma peau sous le morceau tranchant, j'aimerais que ce soit plus réel. Je suis assis. Quand me suis-je assis? Ça n'a pas d'importance. Le bout est entre mes mains, je ne peux pas recommencer encore. Pourquoi pas? Ce n'est pas bien. Fais-le. Pas cette fois-ci. Libère-toi, tu te sentiras mieux. Non, je dois rester concentrer. Juste une fois. Pourquoi? Ça ne peut pas faire de mal. Non, ça ne peut pas.

Libère-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant