Chapitre 12

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PDV de Cho :

La musique commence.

Les notes délicates qui s'élevaient de la harpe lui donnait l'impression d'être dans le ciel, libre, sans attache. Seule. Sa mère jouait de la harpe dans le salon, Cho avait sept ans, son chat venait de mourrir.

Elle sentait son cœur lui faire mal chaque fois qu'elle pensait à lui, elle l'avait tellement aimé, pourquoi fallait-il qu'il l'est abandonné ? Comme sa grand-mère, pourquoi fallait-il que tous l'abandonne ?

Elle sentit les larmes commencer à couler le long de ses joues, comme chaque fois qu'elle y pensait, elle ne pouvait pas s'empêcher de pleurer. Le tonnerre retentit à l'extérieur de la maison, la pluie tombait comme un voile de brouillard sur la ville, noyant les paysages. Un éclair déchira le ciel et s'abattit sur un arbre dans le parc voisin. Cho entendit sa mère se lever et bientôt elle passa la porte de sa chambre.

- Ma chérie ? Tu pleures encore ? demanda-t-elle doucement.

L'enfant de sept ans se tourna vers elle, essayant tant bien que mal de retenir ses larmes. Sa mère sourit et ouvrit les bras.

- Viens-là. Je vais t'apprendre à jouer.

Sa mère lui avait appris à jouer de la flûte, un instrument plus simple que la harpe mais tout aussi magnifique. Les larmes avaient cessé de couler et l'orage s'était tari, la seule victime étant le bel arbre du parc.

La musique l'aidait à calmer les crises de magie qui survenaient lorsqu'elle était plus jeune, ça évitait qu'elle noie la petite ville où elles habitaient. Quand elle jouait de la flûte, elle se sentait libre, puissante, elle dirigeait la musique, les notes là où elle voulait aller. Elle était l'oiseau qui sifflait dans le vent, celui qui sifflait son amour, sa colère ou sa tristesse. Elle se sentait plus calme après, libre de ses émotions qui menaçaient de la submerger, elle avait le contrôle.

Cho avait dû mal à se concentrer, elle essayait de rentrer en toute discrétion dans la tête de Jedusor pour y insuffler ses pensées. Ce manège la détourna quelque peu de la conversation et elle me s'aperçût que vaguement que Luna et Drago venaient de faire leur entrée. Ils s'étaient fait capturer aux abords du manoir et étaient visiblement mal en point. Elle comprit en une fraction de seconde ce qui allait arriver.

Elle vit les liens enserrer Ginny, elle ne se débattit pas et laissa les cordes la ligoter. Cho profita alors du chaos ambiant pour s'introduire délicatement et plus férocement dans l'esprit de Jedusor, il ne remarqua rien. Elle y resta le temps de la bataille, remarquant malgré tout que Ginny tentait de lui parler et qu'Hermione s'était faite capturée à son tour.

Soudain le silence se fit. Le Seigneur des ténèbres venait de figer net tous les mangemorts et traîtres présumés.

- Réglons ça de manière civilisée, Lord Voldemort n'aime pas le désordre, annonça-t-il froidement.

Il se tourna alors vers Ginny et lui administra une claque magistrale, elle essaya de se débattre mais les cordes étaient trop serrées. Elle ne pouvait même pas lui cracher à la figure, un bâillon noir à l'emblème des Mangemorts était apparu sur sa bouche.

- Nous réglerons le cas de cette petite sotte bien assez tôt, murmura Jedusor de sa voix sifflante.

Il s'approcha ensuite d'Hermione qui écarquilla légèrement les yeux à la vue de Nagini.

- Vas-tu crier si je t'enlève ton bâillon, petite sang de bourbe ?

La Gryffondor fit non de la tête, elle était moins impulsive que son amie.

- Très bien, dit Voldemort après l'avoir libéré. Que vas-tu nous dire maintenant ?

- Je ne suis pas une traîtresse.

Sa voix tremblait légèrement, Cho le vit aussi clairement que si elle avait bégayé, elle la connaissait.

- Tu mens.

Le Seigneur des ténèbres ne se laissait pas abusé par de simples paroles, Cho le savait, mais elle ne s'en inquiétait pas. Elle n'avait besoin que d'une personne.

- Et toi ?

Il s'était tourné vers elle. Enfin.

- Je vous suis loyale, maître. Vous m'avez permis de me venger du vieux Dumbledore, je vous en suis à jamais reconnaissante. Je suis vraiment navrée de ne pas avoir remarqué la traîtrise des gryffondors, il se peut que mes sentiments aient dévié mon objectivité. J'aimerais me faire pardonner en me chargeant moi-même de leur mort, maître.

- Ma chérie, si tu veux que les autres enfants soient gentils avec toi il faut que tu sois gentille avec eux, expliqua sa mère. Ça fonctionne dans les deux sens.

- Mais moi je ne veux pas être amie avec eux. Je veux rester avec toi.

Sa mère soupira, Cho avait balancé un ver de terre dans la tête de l'un de ses camarades, apparemment il lui avait dit qu'il la trouvait bizarre. Cho s'en fichait. Elle n'avait pas besoin d'eux pour vivre, ni même pour s'amuser, elle était bien seule. Elle rêvait qu'elle était un oiseau, un grand oiseau bleu, avec des ailes magnifiques et un queue d'un blanc si pur qu'il brillerait au soleil. Elle voulait être libre, pouvoir passer sa journée à danser pendant que sa mère jouait de la harpe plutôt que de devoir aller à l'école avec des enfants. La gentillesse c'est surfait, quand on est gentil tout le monde vient nous voir pour un rien et on doit tout faire pour eux. Quand on est méchant, tout le monde a peur et on peut choisir de demander n'importe quoi, on sera toujours servi. La méchanceté, c'est le pouvoir.

À huit ans, Cho en était arrivée à cette conclusion.

Elle sentit qu'il entrait dans sa tête. Aucun risque qu'il ne trouve ne serait-ce qu'une miette de souvenirs compromettants. Ils étaient soigneusement enfermés à double tour derrière la musique qu'elle s'efforçait de se remémorer. Le dernier morceau que sa mère avait joué avant de mourir, il protégeait son jardin secret.

- Tu dis la vérité. C'est étonnant mais je suis bon joueur. Occupe-toi d'elle.

La comédie. Le professeur McGonagall l'avait surpris en train de maltraiter un autre élève de première année, pour la première fois de sa vie elle était retenue. Cho pensa alors que la méchanceté ne pouvait pas être l'unique solution pour avoir le pouvoir. Il fallait qu'elle trouve le moyen de se faire aimer des professeurs, il fallait qu'elle découvre leur coeur pour mieux s'y infiltrer. À partir de ce moment-là, elle avait joué la comédie, dissimulant ses intentions, privilégiant la ruse à la force. Elle était à Serdaigle après tout et ce cher directeur ne recherchait les problèmes que chez les Serpentards. Comme s' ils étaient assez malins pour monter un plan comme le sien. Ils seraient incapables de persuader Peaves d'interrompre le cours de botanique pour leur permettre de fuir discrètement. Elle avait fait pas mal de farce en deuxième année. Jusqu'à la mort de sa mère. La comédie lui permettait de s'imposer mieux que quiconque.

Et elle était douée pour ça.

Elle fut libérée et abandonna son orgueil momentanément pour s'agenouiller devant Jedusor.

- Je suis bien soulagée de cette permission, maître. Je vous ferai honneur.

Il y avait un tel dévouement dans sa voix que Ginny et Hermione se tendirent. Et si Cho ne servait en réalité que ses propres intérêts ?
Elles n'eurent pas le temps de tergiverser plus longtemps car la Serdaigle avait déjà agité sa baguette pour les emmener dans les cachots.
Dans sa grande générosité, Voldemort l'avait également laissé emporter Drago et Luna, toujours stupéfixé, qui suivaient la scène les yeux remplis de terreur.

Cho descendit dans les cachots, menant à la baguette ses prisonniers et jeta un sort à Harry qui se retrouva par terre et assommé pour la seconde fois. Elle alla jusqu'au fond et les fit retomber au sol, elle les débarrassa des cordes et fit revenir Drago et Luna à leur état normal.

- Allez, faut qu'on bouge maintenant.

La musique était terminée.

Place à la partie finale du plan.

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