Jour 1 – Aiden
Cela faisait plus de deux ans, désormais, qu'Ean était décédé. Après moultes négociations avec Lexy et les autres frères et sœurs de ce derniers, on m'avait convaincu de refaire ma vie. Si je reprenais les paroles de cette bonne vieille amie et belle-sœur, il fallait vraiment que je remisse le cheval en selle avant qu'il ne perde ses sabots. A mon avis, elle avait complètement inventé cette expression, jamais je ne l'avais entendue auparavant. Mais ce n'était pas le sujet.
Après avoir refusé de la suivre une paire de fois dans ses coups tordus, Lauren s'était ajoutée à la partie, ainsi qu'Ennis, qui n'était pas tout à fait l'un de ceux avec lequel je m'entendais le mieux. Earl avait tenté une approche foireuse et s'était fait virer à coups de pieds aux fesses par ses sœurs qui lui avaient conseillé de s'entraîner pour ses championnats à la place.
Voilà comment je m'étais retrouvé dans une boîte de nuit gay avec une femme mariée, son frère également marié et une demoiselle célibataire qui semblait s'extasier devant à peu près n'importe quoi. Même une porte avait attiré son attention parce que le symbole des toilettes des filles était « différent de celui de d'habitude ». Je n'avais pas osé lui dire que ce n'étaient pas des toilettes.
Ennis s'était installé avec moi autour d'une table tandis que Lexy suivait discrètement sa sœur et jetait des œillades noires à toutes les femmes qui la reluquaient. J'avais l'impression de la revoir au début de ma relation avec Ean.
« Tu penses quoi du type là-bas ? »
Je relevai les yeux vers mon interlocuteur qui me pointait avec des mouvements de menton une personne perchée sur le bar avec un cocktail entre les doigts. Je pouffai de rire avant de secouer la tête.
« Déjà, ça, c'est une femme. Ensuite, elle n'est pas mon genre et je ne suis pas vraiment le sien non plus.
- Tu es sûr que c'est une femme ?
- Je la connais, donc oui, sûr. »
Jamais lui dire que j'ai rencontré cette femme dans le club d'Enzo, ce n'était pas un détail nécessaire. Ennis semblait s'ennuyer autant que moi. La musique était trop forte, la lumière trop vive et mon entourage trop hétéro. Je n'avais que le défunt roux en tête, ce jour funeste où je l'avais perdu, ce chat qui me le rappelait tous les jours...
« Je crois qu'Earl est bi, déclara Ennis sans préambule, les yeux dans le vague.
- Et donc ? rétorquai-je.
- Il a rencontré un type aux jeux olympiques... Un type qui ne parle même pas notre langue.
- Et donc ? répétai-je.
- Je n'ai rien à ajouter, ce n'était qu'un constat, termina-t-il. Tu devrais faire comme lui, trouver quelqu'un. »
Lexy revint à notre table avec une Lauren émerveillée, nous demandant de quoi nous parlions. En bons amis que nous n'étions pas, Ennis raconta le premier bobard qui lui monta à l'esprit. Donc dernières nouvelles, j'étais un passionné d'extraterrestres. En plus de ma phobie pour les fantômes, je rêverais de rencontrer un alien. Dans ma tête, ces deux choses n'étaient pas compatibles, mais je ne lui en fis pas part et pris sur moi le regard curieux de ma collègue sans riposter.
« Y'a Terrell et Gabriel, là-bas, ils sont avec un type, tu pourrais peut-être les rejoindre ?
- Pitié, pas eux !
- Je savais que tu dirais ça, alors je leur ai dit de venir à la place ! Et nous, on se taille ! »
Je jetai une œillade éberluée à Lauren qui fit une moue vexée tandis qu'Ennis se leva d'un bond, fier de quitter cet endroit qui ne lui correspondait en rien. Dans mon esprit, c'était ce type de mec qui ne sortait jamais, qui vivait pour son travail et qui laissait sa femme s'occuper de la maison. Dans la réalité, c'était presque cela. La seule différence, c'était que c'était un père poule et un mari qui était trop gaga de la femme qu'il aimait pour oser dire non. Heureusement pour lui, elle était adorable.
![](https://img.wattpad.com/cover/112797935-288-k536502.jpg)
VOUS LISEZ
II. Aliénation [Boy x Boy]
Roman d'amourEan McAndrey, à la fin de ses études, se décide à diriger sa propre entreprise, ESI. Elite Service of Investigation. Bien décidé à faire aider autrui et accompagné de ses hommes, rien ne semble pouvoir l'atteindre. Sauf lorsqu'un homme politique lui...