Chapitre 13

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Jeudi 15 juillet – Aiden

Du bruit commençait à résonner dans l'entrée, et j'entendais la voix de Gabriel à travers la porte, même si je ne comprenais absolument rien à ce qu'il disait. J'ouvris lentement les yeux, oubliant que j'étais dans le noir le plus complet, et me donnai une baffe sur la joue en y sentant quelque chose bouger, puis je compris que c'étaient mes cheveux. Je poussai un soupir avant de me redresser lentement, et me rendre compte que je venais de faire tomber quelque chose. Ma main tâta la surface près de moi, cherchant l'objet en question, et je trouvai le téléphone d'Ean. Je le pris en main et l'allumai involontairement, la lumière m'aveuglant aussitôt. L'heure me sauta aux yeux. « 10 : 57 ». Et j'avais toujours... Je tournai la tête vers ma gauche, et la silhouette d'Ean me frappa aux yeux. Que faisait-il ici à cette heure-ci ? Je poussai son bras qui était encore sur moi, pivotai légèrement avant de m'incliner par-dessus lui, déposant un léger baiser sur son front. Sauf que quelque chose n'allait pas. Il geignit, me poussa légèrement, et m'attira dans ses bras en grommelant qu'il avait froid. Je fronçai les sourcils. Il se foutait de moi ? Il était en sueur. Je me mis contre lui, tentant de comprendre pourquoi il était ainsi, puis il toussa, et je compris. Je m'assis directement, ignorant ses protestations dignes des enfants de bas-âge, le prévins que j'allais chercher Gabriel, et courus dans le couloir. Je n'avais pas l'habitude de voir Ean malade. A côté, j'avais l'impression de l'être tout le temps. Pourtant, je n'allais chez le médecin qu'une fois une fois tous les cinq mois.

-Aiden ! cria Gabriel avant de se diriger vers moi, ce qui me fit reculer légèrement, et il s'arrêta aussitôt, comprenant que je me méfiais. Justement, les gars sont arrivés depuis plus de deux heures maintenant, et tout le monde se demande ce qui se passe. Ean n'est toujours pas debout ? Personne ne prétend connaître le code pour rentrer dans le local.

-Ean... Il est malade, je crois... Vous pouvez venir ? S'il vous plait...

Il haussa un sourcil et acquiesça. Ajax vint à la rescousse également, poussant la porte du local avant qu'elle ne se refermât devant lui. Gabriel alluma la lumière que je ne trouvais pas, attirant des râles de mon mari qui se retourna et enfonça sa tête dans son sac de couchage, et s'approcha lentement de lui pour s'abaisser et poser sa main contre son front. Ean la repoussa sèchement, se retourna péniblement et articula difficilement un :

-Il est quelle heure, là ?

Le grec pouffa, le jeune fronça les sourcils, et moi, je partis m'accroupir à ses côtés en lui répondant qu'il était absolument hors de question qu'il bougeât de là. Il souffla, fit la moue et s'assit quand même, avant de demander ce qu'il se passait. Bonne question, tiens. Je me demandais même comment il pouvait encore voir clair avec les yeux qu'il avait. Ses mains étaient glacées, son visage était brûlant, et sa voix était totalement brisée. Il voulut se lever, mais ma main sur son épaule fut suffisante pour qu'il retombât sur les fesses et me jeta le regard le plus noir qu'il avait en stock. Franchement ? J'aurais tout donné pour ne jamais avoir à faire à ces yeux-là. Il croisa les bras contre sa poitrine, toussa, éternua, et frissonna. Oui, sans aucun doute, il était redevenu l'enfant capricieux que je connaissais autrefois. Et il était malade aussi, mais cela, je l'avais compris plus tôt.

-Tu n'iras pas travailler dans cet état, grogna Gabriel en voyant qu'il retentait de se lever. Je pense que je vais aller donner les ordres aux autres, leur demandant de continuer ce qu'ils faisaient hier, et Ajax restera là avec moi pour surveiller Aiden en ton absence, comme c'était prévu à la base. OK ? Il est hors de question que tu te lèves, et on va appeler un médecin dans la seconde. En attendant, tu veux peut-être de l'eau ?

Les joues d'Ean, autrefois rosées et parsemées de taches blanches, se retrouvèrent davantage blanches parsemées de taches rouges, puis il attrapa le bras de Gabriel fermement alors que ce dernier s'apprêtait à sortir pour appeler ledit médecin, et s'y cramponna comme à la vie, tandis que nous nous demandions tous ce qui se passait. Ce n'était pas comme si il allait mourir ou que quelque chose de mal allait se produire, si ? Il se mit ensuite à haleter, et je dus l'attirer contre moi pour le calmer un petit peu, alors que les deux autres n'osèrent plus bouger, ne comprenant absolument pas ce qui lui prenait. Il fallait dire que cette scène était totalement improbable, et absolument ridicule. A côté d'eux, Ean était une petite chose fragile, et pourtant, tous lui vouaient ce respect royal et inimitable. A vrai dire, il aurait été roi et les deux autres présents ses serviteurs, ç'aurait été la même chose. Je fronçai donc les sourcils et lui demandai si quelque chose n'allait pas. Il avait les larmes aux yeux et chougnait comme un bébé auquel on venait d'enlever la tétine. Aucun ne comprenait vraiment ce qu'il avait.

II. Aliénation [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant