Chapitre 12

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Mercredi 14 juillet – Ean

Je ne savais pas où ils voulaient m'emmener, mais je les suivis aussitôt, embarquant derrière moi Aiden et Gabriel qui se dévoua pour protéger ses arrières. En revenant dans le hall, je trouvai, comme je l'aurais pensé, Ajax qui discutait paisiblement avec le garde de l'ascenseur, et en m'apercevant, je vis ses pupilles de dilater, puis revenir normales, avant qu'il ne me demandât avec un sourire excessif ce que je faisais et où j'allais, ainsi que si j'avais besoin de son aide ou non. Je fronçai les sourcils et me tournai vers Gabriel qui avait redressé fièrement le menton et qui m'implora intérieurement de refuser son aide, ce que le grec dut apercevoir puisqu'il le fusillait du regard. Ces deux-là ne s'arrêteraient donc jamais ?

-Je t'ai demandé de rentrer chez toi, Ajax. Dois-je comprendre que tu n'obéis plus à mes ordres ? Je ne tiens plus à te voir aux bureaux. D'ailleurs, Harry, ne laisse plus personne entrer désormais. L'étage est désert, et préviens-moi si quiconque tente de franchir le passage, avec la raison de sa venue.

-Je ne suis plus aux bureaux, s'offusqua le grec tandis que l'autre acquiesçait.

-Jusqu'à preuve du contraire, tu es encore dans le bâtiment, et tu ne vis pas ici.

Il grogna, et malgré ce que je lui avais demandé, il nous suivit. J'aurais bien voulu lui demander de s'en aller définitivement, mais j'avais l'impression que si j'ouvrais la bouche, quelque chose de pas clair allait se passer. Ma gorge me brûlait, et ma tête était une véritable fournaise. Je détestais les journées aussi chargées, le manque de sommeil, les cris et les réunions à la pelle, moins encore l'angoisse que je ressentais à chaque seconde qui passait. J'avais peur un petit peu plus pour mon frère à chaque seconde qui passait, et serrer la main d'Aiden me paraissait être la seule chose qui me faisait oublier ce qui se passait autour de moi momentanément. A l'arrière de la voiture dans laquelle je me trouvais avec Gabriel, Fray, Terrell et mon mari, je me laissai retomber lentement sur son épaule, savourant son odeur et laissant mes yeux se fermer lentement. Je n'étais pas sur le point de m'endormir, j'en aurais été incapable, mais cela m'apaisa légèrement.

Tu peux donc mourir en paix, maintenant que tu as atteint ton rêve.

C'étaient des mots de Lorelei lorsqu'Earl nous avait annoncé à mes frères, sœurs, et à moi qu'il avait été sélectionné pour les jeux olympique il y avait cela huit ans. Sauf que non, je ne laisserais pas Earl mourir. Jamais. Pas tant que je serais encore là. Si je devais me sacrifier pour le protéger, je le ferais sans la moindre hésitation. Je ne pourrais jamais supporter de perdre mon petit frère en sachant que je n'avais pas eu la force d'empêcher ce malade de lui faire du mal. Je ne pourrais pas même supporter les regards de ma famille alors que tout serait de ma faute !

On me secoua légèrement en m'affirmant que nous étions arrivés, et je grommelai en retirant ma tête de l'épaule de mon homme, ouvrant précautionneusement la portière lorsque l'un de mes employés m'indiqua que la voie était libre, et sortis sur le trottoir, entraînant Aiden derrière moi alors que Gabriel s'occupait de surveiller les alentours, se mettant immédiatement derrière nous, le regard glissant sur tout ce qu'il y avait autour de nous. Et je reconnus l'endroit sans trop de mal. Il s'agissait du bar situé à la droite du club de mon frère aîné. Nous y entrâmes rapidement, et on nous fit asseoir sur une grande banquette, là où Adrien et Nestor nous rejoignirent avec Ajax qui regardait les lieux avec dégout. Je le comprenais tout à fait. C'était le genre d'endroit que je détestais le plus. La musique résonnait dans les enceintes des lieux, tout le monde parlait alors plus fort que la normale, certains étaient déjà ivres, d'autres dansaient bêtement devant le comptoir, plus loin, particulièrement des étudiants qui travaillaient dans l'Université qui était à quelques pas de là. Ce bar était un véritable point de rendez-vous depuis qu'il avait ouvert ses portes deux ans auparavant. Rien pour arranger ma migraine.

II. Aliénation [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant