Lundi 12 juillet – Aiden
C'était énervé que j'entrepris d'aller rendre visite à mon très cher mari qui commençait sérieusement à m'angoisser. Je ne comprenais pas réellement ce qu'il avait ces derniers temps. Enfin, si, il avait son travail. Son si précieux travail. Lexy m'avait assuré qu'il devait entretenir une liaison avec quelqu'un. Mais oui ! Avec son travail, bien entendu. Dès que j'allais le voir là-bas, il était derrière son ordinateur, au bord de l'épuisement, peu importait l'heure. Je ne supportais plus cette situation. Elle me rendait complètement fou. Car non seulement mon Ean se détachait de plus en plus de moi au fur et à mesure, mais en plus, dès que j'avais le loisir de le voir, ce qui se résumait aux soirs de la semaine et aux matins, il mangeait à peine et filait directement se coucher. Nous avions fixé le lundi comme jour « conjugal », justement, pour briser cette routine, même si elle en restait une. Enfin, c'était surtout moi qui l'avais fixé. Parce que je n'avais trouvé aucun autre moyen de rapporter mon mari plus tôt ce jour-là. Et j'avais presque l'impression de ne plus avoir la moindre emprise sur lui. C'était comme si je devenais un pot de fleur dans une maison trop grande pour une seule personne.
En arrivant en bas de l'immeuble qui abritait ses bureaux au premier étage principalement, je rentrai dans le hall pour aller à la rencontre du vigile qui gardait les lieux. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine massive, ses cheveux courts et châtains ramenés en arrière, et une oreillette lui bloquait l'une de ses oreilles. Son costume était impeccablement taillé, et je reconnaissais aisément l'œuvre d'Ean. Au lancement de son entreprise, il avait demandé à ce que les gardes de ses locaux portassent un costume qu'il aurait lui-même choisi, et sur chacun des uniformes, il avait fait graver une fleur de lotus et dans chacune des pétales les plus importantes, l'acronyme de sa boîte. Mais l'homme qu'il y avait en face de moi ne m'impressionnait pas.
-Je viens voir monsieur McAndrey. Il doit m'attendre.
-Quel est votre nom ?
Il le savait très bien, mais c'était toujours la même routine. En passant, il sortit les deux listes qu'il portait toujours dans sa poche, l'une qui comportait ceux qui avaient rendez-vous, ce qui était extrêmement rare, et ceux de la liste rouge... Je fus estomaqué en me voyant sur cette petite liste. Mais enfin ? Je lui dis tout de même mon prénom et mon nom, et j'appris que je savais lire. Il me congédia aussi rapidement que j'étais entré dans le bâtiment, et m'ordonna de sortir avant qu'il appelât du renfort. Sauf qu'il était hors de question de me laisser mettre à la porte de l'entreprise de mon mari, alors je cherchai une manière pour entrer « illégalement ». Bon, cela n'avait rien d'officiel ni d'illégal, mais je rompais aux lois de sa société tout de même.
-Je suis enceinte ! fut la seule chose que j'arrivai à sortir.
J'aurais juré voir un sourire se dessiner brièvement sur les lèvres du vigile, mais il s'éclipsa bien rapidement s'il était bien né un jour. C'était complétement stupide, en même temps ! Je savais aussi bien que lui que c'était impossible, et la suite se retrouverait immédiatement réduite à la catégorie « non crédible » à cause de cette bêtise. J'avais l'impression d'être revenu à l'époque où je devais courir après Ean pour le séduire. Sauf que c'était moi qui essayais de convaincre un garde d'entrée dans l'entreprise de mon mari, et que ce n'était plus ce jeune homme roux qui souhaitait pénétrer dans les lieux interdits dirigés par son frère aîné. Là où tout avait commencé entre nous, d'ailleurs. Rien qu'à y penser, j'aurais pu fondre en larmes. Cette époque était définitivement révolue. C'était même plutôt l'inverse. La barrière qui avait été détruite il y avait quelques années était en cours de reconstruction et elle commençait à être suffisamment haute pour se retrouver infranchissable, et c'était contre moi qu'elle était dressée. Tout s'inversait, la boucle se bouclait. Et cela me faisait mal.
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II. Aliénation [Boy x Boy]
RomanceEan McAndrey, à la fin de ses études, se décide à diriger sa propre entreprise, ESI. Elite Service of Investigation. Bien décidé à faire aider autrui et accompagné de ses hommes, rien ne semble pouvoir l'atteindre. Sauf lorsqu'un homme politique lui...