Chapitre 20

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Stiles était atrocement léger à porter et c'est avec délicatesse que Derek le déposa sur son lit avant de le couvrir, de remonter les draps jusqu'à ses épaules. Ici, il serait bien et sous surveillance. Non parce que Derek n'était pas content pour un sou. Dominer ses émotions n'avait jamais été une chose simple mais il y arrivait. En fait, il se contenait et son visage ne montrait qu'une colère sourde, principalement visible dans ses yeux clairs, si froids à ce moment-là.

Par chance, la dose que semblait avoir pris Stiles n'était pas létale et ne lui causerait vraisemblablement aucun réel dommage. Non, elle était juste handicapante parce qu'il avait combiné trois de ses antidépresseurs avec son antidouleur, un comprimé et demi. Derek n'était pas fou : il avait contacté le docteur Dunbar qui avait soupiré en apprenant cela et avait simplement dit au loup qu'il allait dormir un bon bout de temps et qu'il faudrait faire attention à lui à son réveil. Stiles risquait de se sentir mal et en soi, c'était compréhensible.

Mais Derek pensait plus à sa colère qu'au futur réveil de Stiles, qui risquait de ne pas arriver de sitôt, tant il s'était shooté. Ce n'était pas contre l'hyperactif qu'il en avait : non, il était en colère contre lui-même. Parce qu'il aurait carrément dû mieux cacher la boîte – elle était déjà bien cachée, mais Stiles avait plus fouillé qu'il ne l'aurait imaginé – et... Être là, tout simplement. D'ordinaire, il le régulait mais pour le coup, il avait profité du temps où l'adolescent était au lycée pour compenser l'absence d'avancées dans les recherches de celui-ci en allant sur le terrain espionner cette meute inconnue. Dans sa tête il devait être rentré avant Stiles, mais il se trouvait que celui-ci était arrivé deux heures plus tôt que prévu parce que l'un de ses professeurs était absent. Lydia l'avait donc tout naturellement ramené au loft. S'il avait su... Derek serra les poings et finit par passer sa main sur son visage, sur ces rides d'inquiétudes qui apparaissaient sur sa peau tannée et pourtant jeune. Stiles... Il pensait qu'il allait mieux. Il y avait deux possibilités : soit l'état de l'adolescent ne s'était pas amélioré d'un iota depuis ces quelques jours, soit il avait fait une rechute brutale. Au fond, le loup penchait pour la seconde hypothèse, bien plus probable. Depuis qu'il était au courant de son mal-être, il faisait attention à ses battements de cœur, et était attentif au moindre mensonge que pourrait colporter l'adolescent. Il en avait grillé quelques-uns, des mensonges mineurs et sans réels intérêts, mais ils étaient là. Le fait était que Stiles continuait de mentir de temps à autres.

Plus il y réfléchissait, plus Derek était certain que ce qu'il avait sous les yeux était le résultat d'une lourde rechute. Si Stiles n'était pas guéri, il était certain que son état mental s'était un tant soit peu amélioré. Il était vrai que ces deux-trois derniers jours, il souriait moins, mais Derek... N'aurait jamais pensé qu'il irait jusqu'à fouiller à fond dans ses affaires et de commencer cette boîte toute neuve qu'il lui avait confisquée à son arrivée au loft, en plus de l'ajouter à ses antidouleurs. Alors oui, le loup était certain qu'il s'était passé quelque chose durant la journée, quelque chose qui avait détruit le peu de progrès qu'il avait fait. Son cœur se serra à cette idée. Faire remonter la pente au jeune homme n'était pas chose facile et très franchement, savoir qu'il avait complètement replongé en profitant de son absence lui faisait mal.

Assis au bord du lit dans lequel reposait son protégé, il envoya des messages à Lydia, Isaac et Liam, leur demandant s'ils avaient remarqué quelque chose d'étrange concernant l'hyperactif dans la journée. Et le pire, c'est qu'il n'obtint pas du tout la réponse qu'il attendait. Non, ils n'avaient rien vu, rien notifié. Lorsqu'il était avec eux, Stiles était normal. Enfin, normal selon son état actuel. Effacé, discret, peu sûr de lui, mais... Normal. Il était là, il faisait des efforts pour, parfois, intervenir dans quelques discussions et donner son avis, il avait mangé avec eux... Alors aucun des trois êtres surnaturels ne voyaient ce qui aurait pu se passer. Liam fut le premier à demander à Derek la raison de cet interrogatoire intempestif mais l'alpha lui envoya un autre texto plutôt rapide, lui disant qu'il les informerait tous les trois plus tard. Honnêtement, il n'était pas d'humeur à expliquer quoi que ce soit. Il avait ses propres émotions à gérer et s'il fallait aider ses louveteaux à contrôler les leurs, il fallait qu'il soit complètement calme, d'attaque : or, c'était loin d'être le cas. Il s'en voulait, mais alors ce qu'il s'en voulait ! Il aurait dû prévoir et s'informer à l'avance de n'importe quel changement d'emploi du temps de ces gens qui faisaient partie de sa meute, composé pour la majorité d'adolescents encore au lycée. Oui, il aurait dû !

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