Chapitre 22

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Le regard de Stiles était éteint. Il était neuf heures du matin et il était là, au loft, au lieu d'assister à ses différents cours du jour.

Pourtant, il avait accepté – à contrecœur – la proposition de Derek, à une condition. Ne pas informer tous ses « amis » du comportement abusif de Scott, qu'il continuait de minimiser. Non, il avait limité les confessions à une personne, mais n'avait pu choisir laquelle : il avait lancé à Derek qu'il n'aurait qu'à choisir la personne qu'il considérait la plus apte à savoir. Si Stiles avait choisi lui-même, il aurait beaucoup hésité entre Lydia et Isaac. Liam, de son côté, était bien trop jeune et dévoué à Scott. Jeune transformé, il ne pouvait pas voir sa vision de son presque alpha ainsi sabotée. Lydia et Isaac accuseraient mieux le coup. Enfin, si ça ne tenait qu'à lui, il aurait choisi de continuer à tout garder pour lui, parce que... C'était mieux comme ça ? Seul Derek pouvait savoir. Seul Derek était capable d'insister et surtout d'arriver à lui tirer les vers du nez. Seul Derek pouvait le faire parler tout en faisant en sorte qu'il soit consentant. Pour être honnête, Stiles ne savait pas vraiment comment ni pourquoi il arrivait à s'ouvrir à lui quand il le lui demandait. Était-ce parce qu'il l'aidait chaque jour qui passait ? Était-ce parce qu'il l'avait sans doute sauvé de ses pensées intérieures qui le tuaient ? N'allez pas croire que l'hyperactif était sorti d'affaire : mentalement, ça n'allait toujours pas vraiment. On ne pouvait pas se débarrasser de son mal-être en quelques jours seulement, encore moins lorsque l'on avait eu de sérieuses pensées suicidaires.

L'impact qu'avait eu Scott sur lui, avant et après son accident, se faisait toujours ressentir et Derek ne pouvait pas l'effacer en si peu de temps. Il lui en faudrait plus et l'un comme l'autre en étaient conscients.

L'hyperactif remonta le plaid qui le recouvrait jusqu'à son menton. Il se sentait vide, ne savait pas quoi faire... Il aurait dû insister, aller en cours. Au moins, ça l'aurait occupé.

Mais Derek avait insisté pour qu'il se repose un ou deux jours. Très franchement, Stiles n'en voyait pas l'intérêt. S'il avait plus ou moins accepté le marché du loup, c'était bien pour retourner en cours. Manque de chance, ici, c'était Derek Hale qui décidait. En soi, Stiles était libre de faire ce qu'il voulait et pouvait se battre, refuser son aide, imposer ses choix puisqu'ils le concernaient directement : pourtant, il ne le faisait pas. Au fond, c'était parce qu'il n'avait pas tant envie que ça de se débrouiller et de se battre seul pour recouvrer un minimum de santé mentale. Stiles restait quand même lucide. La solitude l'aurait poussé à ne rien faire. Chez lui, sans son père, il se serait laissé couler sans même essayer de se rattraper à quelque chose. Déjà qu'avec lui, il s'ignorait... Lorsqu'il était là, avec lui, Stiles s'était plié en quatre pour remonter dans son estime, lui remonter le moral, lui faciliter la vie, lui éviter de se tirer une balle. L'hyperactif savait que cette pensée fugace traversait parfois l'esprit de son paternel et pas besoin d'avoir des facultés surnaturelles pour le deviner. Il avait suffi qu'il prononce ces mots une fois, à l'hôpital, pour que Stiles comprenne que c'était du sérieux. Noah n'était pas le genre d'homme à dire des paroles en l'air.

Oui mais voilà, même s'il n'était pas seul à proprement parler, Stiles n'avait aucune motivation. Lorsque Derek lui avait sorti, la veille au soir, qu'il ne retournerait pas tout de suite en cours, l'hyperactif avait simplement hoché la tête avant de poser celle-ci sur son oreiller et de fermer les yeux. Le sommeil lui était venu très naturellement et il était simple de deviner pourquoi : dormir était la seule activité qu'il aimait pratiquer en ce moment. Quoi de plus normal que d'apprécier des heures de néant, de savoir que le temps passait sans le sentir s'écouler ?

Et puis, entre ça et la culpabilité qu'il ressentait, on ne pouvait pas dire qu'il allait vers des jours heureux. En fait, son père lui manquait et malgré ce qu'il lui avait fait subir à de multiples reprises, Stiles... S'en voulait. Que faisait son paternel à l'heure actuelle ? Etait-il entouré ? Il savait que Peter allait le surveiller de temps à autres mais... Noah n'était pas vraiment capable de vivre seul. Il n'y avait qu'à voir l'état de la maison et son état à lui lorsque Stiles était revenu. Sans son fils, le père était tombé dans les bras de sa vieille amie, l'addiction. Quoique, en y repensant, c'était à cause de lui, qu'il avait replongé. Lui, Stiles, le fils indigne, l'incapable, l'empoté, le pauvre con capable de n'occasionner que des problèmes. Tout ce qu'il lui avait apporté récemment, c'était une facture exubérante pour les soins qui lui avaient été apportés lorsqu'on l'avait pris en charge après son accident. Si l'on ajoutait à cela les frais d'Eichen House que son père avait à peine pu commencer à rembourser...

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