Chapitre 30

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Derek poussa un profond soupir. Tout le monde était parti, sitôt la réunion terminée. Au départ, Isaac, Lydia et Liam avaient voulu rester un peu, notamment pour profiter de Stiles, mais... L'alpha s'était montré intransigeant. Il avait besoin que l'entièreté des membres de la meute s'en aille. Stiles lui-même s'était demandé s'il devait partir également et avait cherché sa béquille des yeux. Bien sûr, Derek lui avait indiqué qu'il ne faisait pas partie du lot. Lui, il restait.

Alors Stiles était là. Il s'occupait autant que possible pendant que Derek... Pendant qu'il essayait de se mettre à la cuisine. L'heure de manger se rapprochait à grands pas et il n'avait encore rien fait. Il n'avait pas la tête à cuisiner, ni à faire quoi que ce soit de constructif. C'était pour cela qu'il avait viré tout le monde après la réunion. Il avait besoin d'être seul.

Scott n'était pas là. Cet idiot n'était pas venu et Derek devinait aisément pourquoi. Alors oui, ça le foutait en rogne... Mais il prenait conscience d'une chose qui rendait sa vision du personnage encore plus décevante et exécrable.

Scott était un pur lâche. Pour rabaisser Stiles et le faire tomber tout en le sachant blessé, il était là. Mais quand il s'agissait d'assumer ses actes, le latino était aux abonnés absents. Seul dans la cuisine, Derek serra les poings. Il n'était pas du genre haineux, ni même rancunier – l'histoire de sa famille mise à part. Il lui arrivait de l'être... Uniquement lorsqu'il se retrouvait confronté à une situation injuste. Scott avait réellement besoin d'une correction. Plus que s'excuser auprès de Stiles, il devait comprendre que son comportement était des plus injustifiés et toxiques. Il recrachait sa propre haine sur son meilleur ami qui, il aurait beau dire ce qu'il voulait, n'avait rien fait de ce qu'il lui reprochait. Scott lui semblait minimiser l'impact que le Nogitsune avait eu sur Stiles. Il n'avait pas fait que diriger ses actes. Il était entré dans sa tête et l'avait tout bonnement torturé mentalement pour y parvenir. Le cas de Donovan était très différent, mais restait semblable dans le sens où Stiles ne l'avait pas tué. Le wendigo l'avait poursuivi, mordu. Il avait menacé son père aussi et avait tenté de le réduire en charpie parce qu'il avait la malchance d'être le fils du shérif, contre qui il avait réellement une dent. Mais voilà, Stiles n'était pas la poutre sur laquelle il s'était empalé et Scott oubliait que tout ceci n'était qu'un malheureux enchaînement de circonstances. Scott oubliait aussi que ce soir-là, Stiles n'aurait pas dû être seul. Scott aurait dû passer un peu de temps avec lui d'autant plus qu'il savait la haine que Donovan leur portait, à son père et lui.

Et puis... C'était toujours plus facile de fermer les yeux pour ne pas affronter ses responsabilités. Ne pas s'avouer qu'on avait mal fait. Oui, il était plus simple de rejeter la faute sur la seule personne qui ne pouvait ni se défendre, ni se justifier – même si elle n'en avait pas besoin.

Alors forcément, Derek était énervé. Il continuait de voir rouge et se retrouvait incapable d'agir aussi calmement que d'habitude. Pour une raison obscure, cette histoire le prenait aux tripes et laisser Scott s'en sortir sans une égratignure lui était inconcevable. Ce « true alpha » refoulé ne pouvait pas continuer de vivre sa petite vie tranquillement alors qu'à côté, il avait participé à la dépression puis à la rechute de Stiles. Il avait achevé de le briser et ça, Derek ne pourrait jamais le lui pardonner. Scott devait payer, d'une manière ou d'une autre.

- ... Besoin d'aide ?

Derek ne sursauta pas mais se retourna vivement vers Stiles qui se tenait à l'entrée de la cuisine. Perché sur ses béquilles, il avait l'air sincèrement désolé de quelque chose et cela se ressentait aussi dans son odeur. Mais désolé de quoi ? Derek n'en avait aucune idée et il n'avait pas envie d'y réfléchir. De manière générale, tout l'agaçait, tout lui faisait perdre patience, parce que la réunion ne s'était pas passée comme il l'avait prévu. Il ne s'était pas défoulé. Ne l'avait pas fait payer.

Help me, love me, save me...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant