Lettre 9

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Samedi 26 novembre 2005

Avant toute chose, sachez Miss Granger que j'ai la situation bien en main !

Mon volant est ensorcelé, si bien que je peux vous décrire avec précision le spectacle qui se joue devant moi tandis que ma Chevrolet file droit jusqu'à la chaîne des rocheuses que j'aime tant.

Oui Miss, je suis de nouveau parti, pour la même raison que la fois précédente.

Mais laissez moi d'abord vous dire comme le paysage est à couper le souffle !

Il vous faut savoir que j'ai transplané cette nuit sur un coup de tête, si bien que pour la première fois, je me retrouve au volant tandis que le soleil s'éveille.

Il était temps, car en cette saison, la fraîcheur de la nuit est piquante et les sortilèges de réchauffement commençaient à faiblir. Mais trêve de situation météorologique...

Miss Granger, les couleurs... Elles sont exactement comme celles dans vos yeux. La courbe du soleil qui se dessine au-dessus des roches m'éblouit de la nuance de vous, rien que vous.

Du brun partout, tantôt ambrée tantôt roux et dedans j'y vois votre regard curieux, le flot de vos boucles et vos tâches délicates que vous portez sur votre nez et vos joues.

Je n'ai pas fini Miss, il y a encore ce ciel, aussi clair maintenant que votre teint de pêche.

J'ai pourtant pris la route pour vous oublier...

Mais vous comme moi savons que c'est désormais impossible, n'est-ce pas Miss Granger ?

Oui, je suis venue ici dans l'espoir de me guérir de vous, et pourtant dans cette solitude immense, je n'ai plus mal alors que vous êtes partout.

.SS

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ColoradoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant