Lettre 23

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Samedi 11 février 2006

Hermione,

Depuis quand cette salle de bain est-elle devenue un hall de gare ?

Si seulement vous saviez ô combien j'avais besoin de ce calme qu'il y règne en temps normal. J'y trouve cette solitude revigorante qui m'est presque vitale. Les deux combinés m'aident, d'une façon bien singulière, et ensemble apaisent violemment mon désir grondant de tout plaquer.

Ho Hermione... j'ai bien compris que vous me cherchiez, mais si je vous évite depuis des jours voir des semaines c'est parce que j'ai cette véritable raison qui me tiraille.

Ne voyez-vous donc pas comme il vous aime, comme il compte vous faire sienne, et comme il vous prépare une vie saine et heureuse ?

Navrée, mais je ne suis pas prêt à rivaliser avec ça...

Non miss... la passion qui nous anime n'est pas comparable à la stabilité qu'il compte vous offrir. Moi, je n'ai que ce feu en moi pour vous, et il vacille, est inconstant, il ravage pour le moment jusqu'à peut-être un jour s'asphyxier. Et avant ça, il nous blessera, j'en suis convaincu.

J'aurai dû partir, dès lors que votre silhouette à pénétrer cette pièce. Seulement, je n'ai pas pu, j'étais hypnotisé par votre jeu de bras qui se décoiffe, et ses nouettes dévoilées par le retrait de vos affaires. Ma faiblesse imaginait comme avec facilité, il suffisait de tirer légèrement dessus pour vous mettre nue.

Mais vous n'étiez pas là pour ça, et j'ai rongé mon frein dans cet instant curieux que vous aviez choisi pour me demander de poser des mots sur ce que nous partagions.

Alors j'ai écouté, bercé par votre voix et les remous dans l'eau que votre corps faisait en face du mien.

Vous vouliez des réponses et savoir ce que je pensais, ce que je voulais, et pourquoi me contenter de petits rien sans jamais chercher plus loin. Vous aspiriez à être rassurée espérant que je puisse être une possibilité dans votre vie...

Alors j'ai commencé ma réponse, voyant comme dans vos yeux la sérénité s'effaçait au fur et à mesure que mes mots franchissaient mes lèvres.

Vous saisissiez que je ne nous permettais pas ce quelque chose ensemble...

Merlin... comme j'aurais aimé réussir à nuancer mes aveux et préféré vous dire quelque chose comme :

Hermione, sorcière la plus douée de votre génération, comme j'aurais tant voulu que vous apparteniez à la mienne. À deux, nous aurions fait des ravages. Vous m'auriez évité une vie de Mangemort, jonchée de honte et de remords et j'aurais été à ce jour comme ce Londubat prêt à vous demander votre main.

Mais dans cette vie, je ne suis pas homme qui s'engage. Non, ma vie est une danse bien trop instable pour ça et vous y accueillir pourrait vous faire bien trop souffrir.

Je regrette, jamais je n'aurais dû corrompre vos engagements et si j'ai succombé parfois, c'est parce que la magie qui s'opère quand vous êtes près de moi m'est inconnue et ingérable.

Puissent ses mots un jour vous parvenir et remplacer ceux prononcés dans ce bassin...

Je regrette tant la verve acérée que j'ai usée, si j'avais été plus doux, alors peut-être que ce baiser que vous m'avez donné avant de vous en aller n'aurait pas eu la saveur amère d'une résignation douloureuse.

... Ho, Hermione, pardonnez-moi...

.SS

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