Dans la maisonette

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"Mû par la frénésie de l'avoir enfin trouvé, elle se précipita sur le perron, n'essayant même pas pour un sou d'être discrète. Chaque latte craqua sous ses pas précipités, jusqu'à ce qu'elle atteigne finalement la porte d'entrée qui, sous ses coups sans retenue aucune, manqua de peu de s'écrouler."

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Le bruit des coups s'élevait dans la nuit sans jamais faiblir et n'arrivant jamais à l'oreille de celui qui était appelé. Aucune lumière ne traversait les minces fenêtres et, en regardant attentivement autour d'elle, aucune voiture n'était stationnée non plus, là, à l'endroit même où les fourrés étaient taillés et les fougères écrasées.

C'était de toute évidence peine perdue et, au fond, Hermione le savait. Severus n'était pas là.
Loin d'être découragée, elle décida finalement de déverrouiller elle-même et sans grande difficulté la porte à l'aide d'un sortilège. Le grincement sordide qui s'ensuivit la fit quelque peu frissonner, mais l'intérieur chaleureux qu'elle découvrit la rassura tout à fait. Intérieur qui, soit dit en passant, semblait bien plus grand que ne laissait supposer la maisonnette de l'extérieur.

"Un endroit sans une once de magie," avait-il décrit dans ses lettres, se remémora-t-elle avec un sourire aux lèvres tandis qu'elle observait comment il avait perverti le tout. À l'opposé d'où elle se tenait, un feu dans l'âtre d'une cheminée massive s'alluma, et en cascade, chaque bougeoir posé ici et là entre sofas, fauteuils et guéridons, étincelèrent à leur tour. Le lustre surplombant ce qui semblait être le salon plongea à la suite l'immense pièce dans une chaleur accueillante.

Le parquet grinça tandis que, subjuguée, elle retira ses tennis d'un savant jeu de pointes sur ses talons. Le silence régna de nouveau, tandis que le bruit de ses pas fut étouffé par l'accueil moelleux d'un tapis. Il y en avait plusieurs, placés et superposés de façon à recouvrir l'espace tout entier. Certains, disposés comme des chemins, menaient à divers espaces. Hermione, conquise par le lieu, en suivit un, la menant à une petite cuisine séparée du reste par une arche en bois sculptée. Un autre chemin la conduisit à un petit laboratoire où fioles, pots, béchers, alambics, brûleurs, chaudrons et ingrédients se partageaient la place sur plusieurs paillasses et un cabinet. Puis, encore un autre, mena à un espace circulaire fait d'étagères qui partait du sol et se perdait dans la charpente interminable. Chaque planche accueillait une multitude de livres, dont la majorité ne pouvait être atteinte qu'en grimpant par l'échelle à disposition. Le dernier chemin l'amena dans un espace tout à fait isolé, circulaire encore, avec en son centre un bureau encombré de paperasse, plume et encre. Une jolie lampe sur pied à droite mettait en lumière deux portes de part et d'autre du bureau, les seules qui soient closes, remarqua-t-elle. Hermione ouvrit l'une d'elles et tomba sur une salle d'eau tout à fait classique, qui n'attira pas davantage son attention. En revanche, devant la seconde porte, elle hésita. Sa main devint moite, et son cœur s'emballa, rendant son corps tout entier frissonnant d'anticipation.Il ne fallait pas faire preuve d'une grande déduction pour savoir qu'il s'agissait de sa chambre et... par tous les dieux... cela la tétanisa.

Après une longue hésitation, Hermione, perdue entre appréhension et excitation, se décida. De ses doigts tremblants, elle effleura d'abord la poignée en laiton, puis la tourna tout à fait. La porte s'ouvrit alors en douceur, révélant un espace baigné par la douce lumière de la lune qui, à travers les grandes fenêtres, rendait l'atmosphère apaisante. La chambre était vaste et plutôt accueillante. Un grand lit à baldaquin trônait au centre, drapé de voiles légers et de couvertures moelleuses. Les murs, quant à eux, étaient ornés de fresques délicates représentant des paysages éblouissants d'ici et d'ailleurs. Il y avait quelques meubles placés intelligemment, comme cette double commode juste sous cette fresque, puis cette armoire entre deux fenêtres, ou encore cette banquette sous l'une de ces dernières. Hermione, après son tour d'observation, s'aventura davantage d'un pas léger, puis au fur et à mesure, elle perçut comme une sensation de relâchement et de calme profond. C'était comme si la pièce avait été conçue pour offrir une tranquillité absolue, un espace où l'esprit pouvait vagabonder librement et paisiblement. Aucun doute sur le fait que cet endroit recelait de magie, chaque détail en crépitait.

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