Lettre 12

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Mardi 6 décembre 2005

Miss Granger,

... Vous m'avez démasqué.

J'ai pourtant lutté, vous savez, ho ça oui, je m'étais préparé à ne pas m'aventurer derrière cette fenêtre et cela me paraissait simple, surtout que j'avais passé la semaine à vous ignorer.

Sur ce dernier point, je vous concède le fait que je sois un lunatique Miss, mais je me voyais mal vous aborder maintenant que vous traînez partout avec vous votre toutou à deux pattes.

Par Merlin ! N'a-t-il donc pas une niche ?

Passons...

Oui j'ai cédé Granger. Évidement, c'était idiot de ma part de sous-estimé la teneur de mon obsession.

Boire ce thé sans même jeter un coup d'œil m'étais inévitablement impossible, ce fut plus fort que moi, mon être entier vous réclamait.

Pour être totalement transparent, vous n'étiez même pas encore là que mon corps tremblait. Et refusant d'admettre la vérité, j'ai préféré croire dans un premier temps qu'il s'agissait de colère. Rassurez-vous, elle m'était destinée. Vous savez comme j'exècre la faiblesse alors en faire preuve, cela me dépassait.

Puis vous êtes apparue...

J'ai su alors que je me fourvoyais. Comme un camé à qui on accordait sa dose, j'ai eu ce frisson, celui qui traverse de part en part et qui allume chaque synapse. Mes os transpiraient Granger... mais dorénavant, je savais. Oui, je savais qu'en vérité, je me languissais de vous voir, là dans cette sublime tempête de neige.

Et vous, comme si la vie n'était qu'un long fleuve tranquille, vous avanciez, là, sur ce chemin même pas pavé.

Avec votre bonnet sur la tête, votre énorme veste et le nez sortant à peine de votre écharpe, je me suis même demandé comment était-il possible que vous puissiez gambader sans même ne serait-ce que trébucher.

Puis mon cœur à flancher lorsque vous vous êtes mise à danser, démontrant comment avec habilité, vous étiez capable de fendre la neige sans difficulté. Dans l'embardée de mes battements, vos bonds successifs ont fait se démêler votre écharpe révélant dans le flot des bourrasques glaciales votre visage adorable empreint d'une joie indescriptible.

Vous n'avez pas cessé malgré le froid qui devait maintenant s'engouffrer, au contraire, vous sautiez davantage, sans retenue aucune, levant les bras et entraînant avec vous les flocons tourbillonnants.

Ce fût tout aussi puérile que vos bonds dans les flaques d'eau Granger... Cela dit, cette fois, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver cela adorable.

Vous ne vous arrêtiez plus Miss... Vous tourniez et tourniez, et les flocons tourbillonnaient encore et encore. Moi Miss, je souriais, incapable de me détourner d'un spectacle pareille. Votre joie de vivre m'a été contagieuse, je dois l'avouer.

Puis là, pile en face de cette fenêtre et moi à travers vous vous êtes arrêtés, à bout de souffle.

Étrangement ni vous ni moi n'avons cherché à nous échapper, au contraire, bien que loin, nos yeux se sont accrochés sans avoir eu besoin de se chercher.

Miss, vous ne sembliez même pas surprise, et que dire de votre sourire délicat qui n'a pas quitté vos lèvres. Le mien non plus me direz-vous d'ailleurs, et étrangement, sachez que je ne me suis absolument pas trouvé ridicule avec cette expression mièvre. Ou alors est-ce parce que ma réflexion n'avait nul contrôle sur la fièvre de mes entrailles.

Peu importe, au fond, je crois que je me languissais de me faire prendre. Me faire surprendre à vous épier fut une façon simple, finalement, de vous faire savoir mon intérêt et ainsi peut-être concurrencer celui qui vous à gauchement rejoins ensuite.

Sachez d'ailleurs Miss que je maudis ce bougre d'avoir rompu notre échange muet.

En revanche pensez-vous qu'il faille le remercier de m'avoir ravie de votre hésitation lorsque vous avez accueilli son étreinte ? Et pour votre joli minois qui poser sur son épaule n'a fait que me chercher ?

Hermione, je n'ai jamais autant aimé la confusion comme celle qui a marqué vos traits.

.SS

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ColoradoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant