Chapitre 4

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Abigail écoute à nouveau la chanson, qui passe en boucle. Sur un carnet, elle écrit ce qu'elle imagine, les images lui viennent facilement. Kate la laisse faire, lit ce qu'elle note, hoche souvent la tête. Abigail lui explique ensuite.

« Un final un peu comme Le Lac des cygnes », comprend Kate. « Donc une chorégraphie de combats, des mouvements rapides qui ralentissent de plus en plus alors que tu rencontres de la résistance. L'image suivante : tu es dans l'eau, tes mouvements deviennent de plus en plus difficiles. Ça se termine alors que de l'eau te dégouline de partout, sous-entendant que tu es sortie de l'eau. Tu regardes au loin, le vent souffle et pousse des feuilles, puis tu t'éloignes en sens contraire. Tu fermes les yeux et une larme coule. C'est beau, Abby, je t'assure que c'est magnifique. Dis, est-ce que tu pourrais me faire une faveur ? »

— Euh... oui, bien sûr. »

Kate s'installe derrière son piano, ferme les yeux, puis commence à jouer, sans chanter, juste de la musique.

« C'est magnifique, Kate », affirme Abigail en essuyant une larme. « Tu veux faire tout un album dans ce style ? Ça va être un monument !

— J'ai des bouts de texte, des idées. Je ne les avais jamais réellement envisagés jusqu'à cette chanson. Et cette mélodie, la nuit dernière.

— Je ne sais pas quoi dire, Kate. Je ne suis pas une artiste, je n'y connais rien. Mais j'aime énormément ta chanson. Cette mélodie est magnifique. Tu n'es pas obligée d'y ajouter des paroles, il y a déjà eu des chanteurs qui ont simplement fait des morceaux sans aucune parole. Tu sais, si tu ajoutes un peu de saxophone, ça pourrait devenir encore plus émouvant.

— Du saxo ?

— Oui, tu sais, comme lors de ton concert à Londres. Sur "Please Don't", il y avait un magnifique solo de saxophone. Il n'était pas dans la version de l'album, juste ce soir-là, lors de ton concert.

— Mon Dieu ! Comment sais-tu ça ? Ce n'était pas un concert filmé, il n'y a quasiment rien sur internet, à part quelques extraits filmés par le public.

— Oh oui, je m'en souviens. J'étais dans la salle. Au Hammersmith Odeon. J'en pleurais tellement c'était beau.

— Tu es venue en Angleterre pour me voir en concert ? En fait, tu es une véritable fan, dis-moi », demande Kate en plissant les yeux, scrutant Abigail.


« En fait, je vivais à Londres. Je ne suis aux États-Unis que depuis deux ans, depuis que j'ai rejoint ma sœur.

— D'accord. Oui, c'est vrai que le solo de saxophone était pas mal, c'était complètement improvisé. Tu as raison, ça ajoutera une sonorité et une profondeur. Merci, Abby. Je vais être obligée de mettre ton nom sur l'album, étant donné ta participation sur deux titres.

— Je préfère rester anonyme, si ça ne t'ennuie pas. Je ne fais pas ça pour l'argent, moi. Je suis juste contente d'être là. Écouter une chanson de Kate, te voir jouer du piano pour moi, ça me comble au-delà de mes attentes.

— Je suis à tes ordres, Abigail. Beaucoup voudraient toucher un pourcentage sur les droits d'auteur, mais pas toi.

— Pour moi, la richesse intérieure est plus importante que la richesse matérielle. Tant que j'ai de quoi vivre, je n'ai pas besoin de plus. Je préfère être entourée des gens que j'aime plutôt que de vivre dans le... Je ne dis pas ça contre toi, Kate. Je t'apprécie beaucoup en tant qu'être humain. C'est juste que... ça y est, je deviens nerveuse et je bafouille.

— Ne t'en fais pas, je ne le prends pas pour moi. Je comprends ce que tu essaies de dire. Les véritables amis sont rares et précieux. Tu es plus riche que moi, Abigail.

Second chances Tome 2/6 : AbigailOù les histoires vivent. Découvrez maintenant