Second chances Tome 2/6 : Abigail

Chapitre 19

Entre la maison de Sean et Shanna et celle de Kara et Bethany vivait l'irascible Monsieur Michaels, un voisin peu loquace et peu amical. Il passait son temps à épier les allées et venues des filles, qu'il jugeait toujours vêtues de manière provocante, avec des tenues un peu trop courtes à son goût. Déjà à l'époque où la brunette vivait seule, à deux maisons de chez lui, Monsieur Michaels avait du mal à la supporter. Il ne pouvait pas supporter sa présence avec sa Harley Davidson, affichant une attitude de "mademoiselle je suis la plus belle". Et il la voyait aussi se pavaner au volant de sa prétendue voiture, son AMC Pacer, qu'il considérait comme une véritable horreur visuelle. La première fois que la blonde était venue chez elle, Monsieur Michaels avait failli avoir une crise cardiaque. Il se demandait qui elle se croyait, cette prétendue mannequin, avec son air de "je suis encore plus belle que mon amie, mais je fais semblant de ne pas le savoir". Au fil du temps, elle venait de plus en plus souvent, conduisant sa Jeep rouge, jusqu'à ce fameux soir où elle était restée plus longtemps, ne repartant que le lendemain. Cela avait été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase pour Monsieur Michaels. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de remarquer que la brunette était amie avec le policier qui habitait en face. Elle avait réussi à se le mettre dans la poche, probablement en utilisant ses charmes... qui étaient indéniables. Monsieur Michaels savait pertinemment que toute plainte qu'il déposerait concernant les "mœurs exotiques" de sa voisine serait classée sans suite, en raison de cette amitié privilégiée avec le policier.

Monsieur Michaels se remémorait le temps où il avait emménagé dans ce quartier, une époque plus respectueuse où la musique de Glenn Miller et les Andrews Sisters régnaient en maîtres sur les ondes de la radio.

Puis, la brunette était arrivée, accompagnée d'une autre femme. Cette dernière était plus jeune, clairement une source de problèmes, tatouée de surcroît. En seulement quelques jours, sa rue était devenue un véritable boulevard animé ! Les allées et venues étaient si fréquentes qu'il y avait constamment des voitures garées devant chez lui, un comble ! La nouvelle voisine ne cessait d'entrer et de sortir, passant son temps chez le policier et l'institutrice. Et souvent, elle était là même en l'absence de ce dernier, ce qui alimentait les soupçons de Monsieur Michaels quant à d'éventuelles relations contre nature. Il l'observait attentivement alors qu'elle se mêlait de la vie de ses autres voisins, tondant les pelouses et promenant les chiens.

Monsieur Michaels restait tapi derrière ses rideaux, positionnant son fauteuil près de la fenêtre, y déposant une petite table pour y poser son verre. Un jour, alors qu'il regardait par la fenêtre, il avala de travers en voyant la blonde et les deux brunettes arriver accompagnées d'une rousse. C'était le comble ! Une de plus. Il toussa violemment, crachant ses poumons, arborant un sourire dédaigneux en voyant la jeune brunette tenir la main de la rousse. C'était la preuve flagrante sous ses yeux. Des déviantes, selon lui !

Monsieur Michaels, pris de rage, se mit à crier et à danser de joie lorsque, un beau matin, un camion de déménagement se gara devant la maison de la brunette. Cependant, il ne comprit pas immédiatement lorsque les quatre filles se mirent à se promener à pied. Sa colère se dirigea alors vers son voisin qui avait échangé sa maison avec elles. Si seulement cet incompétent avait été capable de retenir sa femme ! Elles étaient toujours présentes dans le quartier, bien qu'un peu plus loin. Mais pas suffisamment loin à son goût.

Ayant appris que les filles avaient ouvert un restaurant grâce à la publicité distribuée par la jeune brunette, Monsieur Michaels décida de se faire sa propre opinion et fut étonnamment surpris. Lorsqu'il arriva au restaurant, la grande blonde l'accueillit avec sérieux et professionnalisme. Quant à la grande brune, elle se montra d'une courtoisie exemplaire lorsque Monsieur Michaels lui expliqua qu'il avait eu du mal à se garer en raison d'un gros pick-up obstruant une partie de l'entrée du parking, l'obligeant ainsi à laisser sa voiture le long du trottoir. La grande brune se proposa gentiment d'aller garer sa voiture pour lui, à sa grande surprise. Prenant le risque de la laisser avec ses clés, Monsieur Michaels était impatient de pouvoir réclamer des dommages et intérêts à la moindre rayure.