Second chances Tome 2/6 : Abigail

Chapitre 6

Abigail avait repris sa vie normale, son travail au restaurant. Elle était heureuse de retrouver ses collègues, son bureau, ses habitudes, son cocon. Elle s'occupait des tâches administratives, comme traiter les factures et les commandes des clients. Ensuite, elle se rendit à la banque pour effectuer les dépôts, puis calcula les pourboires pour les répartir équitablement entre toutes les serveuses. C'était une pratique qu'elle avait instaurée dès l'ouverture du restaurant, et bien que cela ait suscité des réticences au début, une fois les raisons expliquées, toutes les serveuses l'avaient approuvée, notamment en acceptant de céder un petit pourcentage sur les ventes. Pour elles, le restaurant était plus qu'un simple lieu de travail, c'était aussi un groupe d'entraide et de soutien mutuel. Bethany avait affiché la devise des Mousquetaires dans le vestiaire du personnel, avec une traduction en anglais et en espagnol : « un pour toutes, toutes pour un ». Toutes les employées comprenaient la métaphore et l'importance de se soutenir mutuellement.

Abigail avait toutefois changé de spot pour surfer, le temps que les choses se calment sur sa plage habituelle. Tous ses amis gardaient secrète sa nouvelle localisation, et avec le temps, l'attention médiatique finit par se dissiper. Les paparazzis se focalisaient sur les frasques des aspirantes célébrités qui sortaient des clubs, ce qui leur fournissait de nouvelles histoires à vendre. Abigail refusait systématiquement toutes les invitations à participer à d'autres émissions de télévision, et elle en discutait directement au téléphone avec Sam Hedges, le seul animateur qui avait réussit à l'avoir dans son émission. Sam comprenait parfaitement la position d'Abigail et la félicita pour sa volonté de préserver sa vie privée, de ne pas capitaliser sur sa soudaine notoriété comme d'autres l'auraient fait.

Une semaine plus tard, Bethany et Kara étaient en mission pour récupérer Kate dans le parking souterrain d'un centre commercial. Elles se garèrent et Kate envoya un texto avec l'étage et le numéro de la place avant de se pencher pour mettre une perruque brune sur sa tête, en vérifiant qu'elle était à l'abri des regards indiscrets. Elle sourit en voyant la Jeep se garer face à elle. En sortant de sa voiture, elle récupéra deux sacs sur la banquette arrière qu'elle déposa à l'arrière de la Jeep. Elle embrassa Kara sur la joue et lui donna ses clés en lui expliquant où se trouvait la télécommande pour ouvrir la grille. En montant dans la Jeep, elle prit la place libérée par Bethany. Quelques secondes plus tard, elle était en route vers la maison familiale, tandis que Bethany ramenait son SUV chez elle. Le retour avait été soigneusement planifié. Bethany avait fait livrer sa Harley la veille et elle était maintenant cachée dans le garage de Kate.

Kate se retournait sans cesse pour regarder dans les rétroviseurs, mais personne ne la suivait. Au bout d'un moment, elle se détendit enfin, soufflant longuement comme si elle avait retenu sa respiration jusque-là. Une fois la voiture garée le long du trottoir devant la maison des filles, Kate descendit, jeta un coup d'œil aux alentours et, constatant le calme de la rue, se permit de sourire.

« Tout va bien, Kate. Bienvenue chez nous », dit Kara en ouvrant la porte. « Entre, fais comme chez toi. Par contre, il y a eu un changement de programme. Tu vas prendre ma chambre, je ne vais pas te laisser partager la salle de bain avec les filles.

— Ah, si, j'insiste même.

— Euh... tu es sûre ?

— Je n'ai pas eu de sœur, et être avec Abby et Tilly, c'est... rafraîchissant. Je tiens à garder la chambre qui m'a été attribuée. Nous avons peut-être quatre ou cinq ans d'écart ? Je n'ai pas eu l'occasion de fréquenter des jeunes de mon âge depuis... moi-même. C'est agréable d'être en leur compagnie.

— Très bien. Viens, c'est par ici. »

En ouvrant la porte, Kate fut surprise par la grandeur de la chambre qui était spacieuse, lumineuse et décorée avec goût, dans des tons gris et blanc. Au-dessus du lit, un tableau représentant une colombe en plein vol attira son regard. Une odeur de lavande imprégnait l'air, devenant plus forte en ouvrant le placard.