Chapitre 21 : Quitte ou double

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Zut, pas maintenant ! Personne ne doit découvrir ça. Il faut que je trouve une solution pour dissimuler la lumière clignotante dans ma poche ! Je me retourne, tentant d'adopter une attitude naturelle, et je tapote discrètement ma poche dans l'espoir de faire cesser le clignotement de ma pierre.

Hélas, il est bien trop difficile de paraître innocent après un tel comportement soudain.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Noah ? Me demande curieusement Thalia.

Rah, je suis dans une mauvaise passe ! Mais pourquoi cette lumière s'illumine-t-elle maintenant, bon sang ?!

— Euh... Rien, rien ! J'ai des fourmis dans la cuisse depuis tout à l'heure, et...

— Retourne-toi vers nous, mon petit, et montre-nous la chose que tu caches, me dit l'ancien.

Je crains de n'avoir d'autre possibilité que de leur révéler l'existence de la pierre. Peut-être pourront-ils m'en apprendre davantage sur cet objet énigmatique que je porte depuis le début de notre aventure. En extirpant la pierre de ma poche, leurs regards se figent, surtout celui du vieux sorcier, semblable à celui qui aurait vu un mort ressusciter, totalement désorienté.

— Où as-tu trouvé ça ?! Me crie-t-il en s'avançant rapidement vers moi.

— Mon père me l'a légué, pourquoi ? Et puis, arrêtez de me regarder de cette façon, vous me faites peur ! Dis-je en me reculant.

Le vieux sorcier baisse la tête et s'agenouille devant moi, geste incompréhensible qui installe un malaise palpable. Thalia, percevant ma gêne, vient en aide au vieil homme pour se relever. Cependant, son regard envers moi change subitement, comme si elle se méfiait sans raison apparente.

— Vous n'auriez jamais dû venir ici. Je vais vous ouvrir la porte, mais, après ça, partez et ne revenez plus jamais, assure-t-elle.

Après nous avoir initialement accueillis chaleureusement, pourquoi Thalia, à la vue d'une simple pierre lumineuse, nous rejette-t-elle de cette manière ?

— Mais, pourquoi cette réaction, Thalia ? Qui y a-t-il de si grave ? Ce n'est qu'une pierre qui s'illumine par moments, voilà tout ! Dis-je, tentant d'être rationnel.

— La porte est ouverte. Partez, me répond-elle d'un ton sec et froid.

Sympa, l'ambiance...

— Arrête d'insister, Noah, partons, me dit Charlie.

— ... Oui.

Charlie debout, nous décidons de quitter les lieux, laissant derrière nous Thalia et le vieil homme toujours aussi effrayé.

— La pierre ne s'illumine plus, m'exclamais-je. Pourquoi ont-ils réagi ainsi ?

— Je n'en ai aucune idée, mais je peux t'assurer que ce n'est pas une pierre ordinaire.

— Je m'en doute, c'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai pu calmer ta toux à la cabane, tout à l'heure !

— C'est vraiment cette pierre ? Mais, comment ? Me demande-t-il.

— Elle s'est illuminée, comme tu l'as observé il y a quelques instants. Elle semblait ensuite être attirée par toi, comme si tu étais un aimant. Naturellement, j'ai décidé de la poser sur toi, et tu as montré une amélioration en quelques secondes. La pierre est ensuite retournée à son état initial.

— Comme si elle avait assimilé ne serait-ce qu'une infime partie de ma maladie...

— C'est exactement ça, répondis-je.

— Il paraît évident que nous ne sommes plus les bienvenus ici. Nous devons approfondir notre compréhension de ces mystères et entreprendre nos propres recherches ailleurs.

— Mais où ?

— Qui sait, p'tit gars ! rétorque Charlie, reprenant sa toux.

Encore ?

— Hé, papi, tu ferais bien de ne pas recommencer, car je ne serai pas en mesure d'aller chercher un autre médecin !

— ... Ne t'en fais pas, je vais bien. Poursuivons notre route.Cette forêt ne parvient pas à apaiser mes inquiétudes, j'aimerais autant ne pas trainer.

— Tu as raison, et pour être franc, l'idée de recroiser le loup hybride d'hier ne m'enthousiasme absolument pas... !

Soudain, un cri glaçant perce le silence de la forêt, envoyant des frissons le long de ma colonne vertébrale. Cette déchirante clameur engendre une panique indescriptible en moi. Incapable d'identifier la source de ce son terrifiant, une impulsion irrépressible de fuir me tenaille. Actuellement dissimulés et camouflés dans une broussaille qui, à mon avis, manque cruellement de feuillage, ce cri paralysant hante chaque seconde écoulée depuis quelque temps. Il m'a profondément effrayé, suscitant un regret amer quant à ma décision de m'embarquer dans cette aventure.

Soudain, le hurlement résonne à nouveau, accentuant ma terreur en donnant l'impression d'être encore plus proche qu'auparavant. Je ferme les yeux, serre les dents, priant pour qu'aucune autre surprise désagréable de cette envergure ne surgisse. Cependant, mes espoirs sont anéantis par le bruit d'une explosion, émanant, à mon avis, du village que nous venons de quitter. Je tente donc de regarder Charlie, lui faisant comprendre mon désir de revenir en arrière.

— Je reconnais ce regard. Nous ne retournerons pas là-bas, c'est clair ?! Me prévient Charlie.

Je ne dis rien et esquisse un sourire. Il sait que je m'y rendrai, car lorsque j'ai une idée en tête, je ne la lâche pas d'une semelle. Je me lève donc et m'apprête à quitter le buisson, mais je sens la main du vieux tirer mon avant-bras.

— Noah, écoute-moi, pour une fois ! Me demande-t-il, ne relâchant pas son emprise sur mon bras.

— Charlie, ils sont actuellement les mieux placés pour nous dévoiler la nature de cet objet ! Et, que tu le veuilles ou non, nous sommes bien plus en sécurité que...

Lorsqu'une seconde explosion retentit, accompagnée par un énorme nuage grisâtre s'élevant vers le ciel.

— D'accord, nous n'irons pas là-bas. Cependant, approchons-nous pour mieux comprendre ce qui se passe ! lançai-je à Charlie, tentant de le convaincre en vain.

— T'es aussi têtu que ton père, ma parole, pas un pour rattraper l'autre ! Reste là, je te dis ! Crie ce dernier. Tu ne fais donc pas le rapprochement entre ces cris stridents et les explosions suivies d'épais nuages blancs ?!

— Je sais, je comprends ! Mais...

— C'est bon, j'ai compris. Tu as eu le coup de foudre pour Thalia, c'est cela ?

Dans le mille, vieux crouton.

— N... Non, vraiment pas... ! mentais-je.

— Arrête, avec l'âge et l'expérience que j'ai accumulés, je suis capable de discerner un homme amoureux parmi des milliers d'autres !

Je ne pourrai pas le tromper aussi aisément. Il me faudra dénicher une autre stratégie !

— Arrête tes plaisanteries, Charlie. Elle est certes belle, mais c'est là que ça s'arrête.

— On parie ? lance l'antiquaire, provocateur.

— Je t'écoute ?

— On parie que tu craques pour elle ?

Merde. Il sait toujours me démasquer, c'est agaçant.

— ... Allez, j'y vais ! dis-je en m'échappant rapidement du buisson.

— Mais... Noah ! Reviens ici ! Crie Charlie au loin.

Je l'entends, mais je choisis de ne pas répondre. Je fonce, écoutant mes instincts. Je suis conscient que je devrais réfléchir avant d'agir, mais trop de choses sont en jeu. Je suis persuadé qu'ils détiennent les réponses à nos questions !

L'Atlantide, l'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant