J'ai deux options. Je peux très bien rester et repartir avec Luciano rejoindre tout le monde ou fuir et continuer dans ma lancée afin de rejoindre la cité principale.
Je suis tiraillé et j'hésite autant, car Luciano vient de me murmurer la présence de Lana dans mes oreilles. Je ne sais pourquoi, mais je veux la retrouver. Je vais fuir, mais pas en direction de la cité principale : Je vais simplement aller plus loin et rester dans les parages en attendant la nuit, dissimulé dans les grandes fougères qu'abrite ce bosquet.
- Viktor, que fais-tu ?! La cité n'est pas dans cette direction ! Crie Ayek.
- J'irais à la cité plus tard. J'ai d'autres priorités avant, répondis-je en séparant de grandes feuilles me barrant la route.
- Et, que compte tu faire ?
Toujours à s'occuper des affaires des autres, on dirait.
- Occupe-toi de ton cul, vieillard.
- C'est cette femme, Lana, c'est bien cela ?
Je ne cherche pas à répondre et regarde à nouveau devant moi. Le soleil se couche et l'obscurité gagne du terrain : Il est temps de se dissimuler non loin du feu de leur campement. Mais, l'autre charlatan de mes deux ne veut pas me lâcher les baskets et c'est problématique.
- Je peux savoir pourquoi tu me colle à ce point ? T'es au courant que tu me fais chier à me suivre comme un chien en rut ? M'exclamais-je sans vergogne.
- Tu mourras si je pars.
Quel prétentieux. Et pourtant, nous ne sommes pas de la même famille.
- Que je vive ou que je meure, en quoi ça te regarde ?
- Cela m'importe, crois-moi.
Je souffle et tourne la tête en direction du campement de mon père. L'heure est venue de m'y approcher afin de confirmer ou non la présence de Lana.
- Viktor ?
- Quoi, encore ?
- Pourquoi est-ce si important de revoir cette femme ? Me demande-t-il.
Putain, il me gonfle à vouloir s'immiscer dans ce qu'il ne le regarde pas !
- Mais pourquoi tu t'intéresse à ce que je pense, ou ce que j'ai envie de faire ? Si j'ai envie de la voir, c'est mon problème alors je te le demande une dernière fois poliment : Cesse de me faire chier avec tes questions. Compris ?!
- Tu l'aime, c'est ça ?
J'attrape violemment son col et colle mon front contre le sien en le regardant dans le blanc des yeux.
- Ferme là, c'est clair ? Mes émotions, mes envies, mes sentiments : Tout ceci me regarde. Si mes réponses ne te rassasient pas, alors part et ne reviens plus, finis-je en le bousculant vers l'avant. Que les choses soit claires entre nous : Je n'ai jamais voulu de ta présence et je ne t'aime pas. Nous sommes encore moins amis, alors arrête de te comporter comme tel.
Ce dernier sourit la bouche fermée, me regarde dans les yeux et pose sa main gauche sur mon épaule.
- Nous nous reverrons. D'ici là, surveille tes arrières et méfie-toi de ce qui t'entoure à chaque instant, me dit-il en s'en allant subitement.
Ses conseils me passent au-dessus de la tête. Il est enfin parti, et de lui-même en plus de ça. Enfin seul.
Je préfère rapidement l'oublier et me replonger mentalement et physiquement sur ce qu'il y'a de plus important pour moi à l'heure actuel et décide donc de sortir des grandes herbes dans lesquelles j'étais caché depuis un petit moment en attendant l'occasion parfaite pour en sortir.
En avançant vers la fumée du feu de camp qui me sert de boussole, je me demande encore pourquoi je suis aussi motivé à l'idée de voir Lana. Je ne sais clairement pas non plus à quoi m'attendre, sans savoir également ce que j'y trouverais mais tampis : J'y vais quand même. Advienne que pourra.
Le camp est enfin là. La totalité des hommes dorment sur des sacs de couchage mais ce qui m'intéresse le plus, c'est la petite cabane construite en bois et couverte de terre qui est installé un peu plus haut. Lana, mon père et Luciano doivent s'y trouver. J'ai trouvé mon nouvel objectif.
Sur la pointe des pieds, j'entame une marche discrète en slalomant entre les soldats qui dorment profondément. Du moins, leurs filets de baves ainsi que leurs ronflements me le confirment.
Sans difficulté, j'arrive enfin devant cette fameuse cabane de fortune. Mais ... Personne ne s'y trouve, pas même Luciano. Mais où sont-ils passés ?
Quand soudain, j'entend quelqu'un qui m'appelle juste derrière moi. Une voix d'homme mais qui ne m'est pas familière. Alors, je me retourne et j'aperçois effectivement un homme, ou plutôt un soldat de par son accoutrement. Mais, ce dernier ne tergiverse pas très longtemps et m'inflige un violent coup avec le manche de son arme automatique dans ma tronche et m'en assène un second au même endroit, juste après que je me sois rétamé sur le sol.
C'est en tout cas ce dont je me rappelle après mon réveil, sûrement plusieurs dizaines de minutes après.
J'ouvre difficilement les yeux et mon premier reflexe est de me tenir le nez, la ou je ressens une vive douleur. J'hésite même à le toucher par peur qu'il soit cassé. Je balbutie et me plaint mais, n'étant concentré que sur ceci, je remarque seulement après que je ne peux tout simplement pas toucher mon nez, puisque je suis ligoté autour d'un arbre, tout près du camp de fortune ou c'est ce même foutu soldat qui m'a infligé ces coups étrangement violents.
- Alors t'es réveillé, étranger ? S'exclame ce dernier.
- Ouais, et si tu me libère, attend de voir ce que je vais te faire, petite merde.
- T'es ligoté pour l'moment alors si y'a quelqu'un qui peut faire quelque chose, c'est bien moi mon pote. Tâche de t'en souvenir, petite merde, reprend-il en crachant devant mes pieds.
S'il savait qui j'étais, j'aurais bien aimé voir comment il se serait comporté ce microbe. Mais, d'ailleurs ...
- Eh, pourquoi t'es seul à me surveiller ? Lui demandais-je.
- Ce n'est pas tes oignons.
Quand soudain, Luciano débarque et est apparemment très surpris de me voir.
- Mais ... Qu'est-ce que tu fiche ici ?! et toi la, reprend Luciano en pointant du doigt le soldat armé, pourquoi t'es ici ?
- Cet étranger s'apprêtait à entrer dans la cabane de fortune alors je lui ai asséné deux coups dans le visage avec le manche de mon arme !
Qu'il est con. Mais, il ne pouvait pas savoir qu'il avait ligoté le fils de son boss.
- Détache-le ! Tout de suite ! Crie le coyote.
- Mais ... Pourquoi ferais-je une chose pareille ... ?
- Parce que tu viens de ligoter le fils d'Hektor, Viktor !

VOUS LISEZ
L'Atlantide, l'île perdue
AventuraEn Automne 2003, Jake Jackson disparaît sans laisser de traces après avoir, selon lui, fait une avancée majeure dans ses recherches . Seize ans plus tard, Noah, son fils aîné, tente d'échapper tant bien que mal au harcèlement physique et moral qu'il...