Chapitre 4.1 : Le magicien

478 32 0
                                    

Le lendemain, une elfe m'apporta un pantalon noir ainsi qu'une tunique bleue, pour mon plus grand plaisir. Je la remerciai chaudement et l'enfilai de ce pas avant de rejoindre la salle de repas. Il était encore très tôt et peu de personnes étaient présentes. Il y avait néanmoins Elrond qui parlait avec Arwen. Ils me saluèrent tous les deux avec le sourire tandis que je m'installai à table.

- Bonjour dame guérisseuse. Je vois que vous avez enfilé votre nouvelle tenue.

Je souris.

- Oui, merci seigneur Elrond.

- De rien, Glorfindel m'a parlé de votre entrainement. Je trouve que cela est une bonne chose. Savoir se défendre par les temps qui courent devient indispensable.

J'hochai la tête tout en mangeant les fruits présents dans mon assiette.

Je ressortis de la salle dix minutes plus tard, pressée de retrouver les jardins. Une fois dehors je me dirigeai vers la roseraie afin de m'imprégner de l'odeur des roses aux multiples couleurs. Leur doux parfum me donna le sourire tandis que je pris en main une rose blanche fanée. Je revoyais alors le souvenir de ma mère tenant cette même rose entre ses doigts. Elle avait légèrement soufflé et la fleur avait retrouvé sa vigueur et ses couleurs, comme un retour dans le passé. Je me penchai alors au-dessus de la rose et soufflais tout doucement. Mon souffle souleva un peu les pétales puis ceux-ci tremblèrent avant de passé du marron au blanc à nouveau. Je sentis mon énergie s'accroitre et mon cœur accélérer. Cette magie ne m'avait pas quitté. Elle continue de dormir en moi, attendant que je la laisse à nouveau sortir... Un cri de rapace, effrayant tous les autres oiseaux alentour, me fis sortir de la béatitude. Je me redressai pour observer le ciel et la silhouette d'un oiseau de proie. Celle-ci tourna au-dessus de moi avant de descendre en flèche. Je ne bougeai pas en reconnaissant l'oiseau. Le faucon se redressa à un mètre de moi tandis que je tendais le bras. Il vint s'y poser en poussant un nouveau cri. Ses ailes grises se replièrent tandis qu'il redressait son buste blanc tacheté. Ayant trouvé son équilibre, l'oiseau me salua tandis que j'approchai ma seconde main pour lui caresser la tête.

- Je suis très heureuse de te voir Ikar. Je ne pensais pas que tu me retrouverais ici.

Il hui tout en bougeant la tête.

- Oui, c'est vrai, je ne devrais pas douter de toi. Mais comprend qu'il n'était pas évident que tu me retrouve dans une forêt aussi éloignée de chez nous.

Ikar était un faucon émerillon qui m'accompagnai maintenant depuis cinq ans. Lors d'une de mes sorties de récolte, je l'avais trouvé blessé à l'orée d'un bois. Il n'était encore qu'un oisillon. Je l'ai donc gardé avec moi et depuis, il reste m'accompagne. J'ai développé un lien un peu particulier avec lui, ce qui lui permet de me partager ce qu'il voyait. Je ne sais comment, il parvenait à me montrer ce qu'il avait aperçu lorsqu'il volait. Chose très pratique quand je cherchai des plantes particulières. Avec son acuité visuelle, la moindre fleur ne lui échappait pas.

- Je vais rester ici encore quelques jours. Nous retournerons à la maison plus tard. A moins que tu ne veuilles rentrer seul ?

Il hui une nouvelle fois en resserrant ces serfs sur mon bras. Je grimaçais.

- Oui oui j'ai compris on partira ensemble. Par contre, pendant que tu survoleras les alentours, pourrai tu vérifier ce qui se passe autour de Bree ? Je sais que ce n'est pas la porte à côté, mais je veux savoir si des orques ou d'autres monstres traîne par là-bas.

Il m'observa de son œil noir avant de redécoller de mon bras. Je le regardai s'élever dans le ciel, ne sachant pas s'il ferait ce que je lui ai demandé. Il reste un animal sauvage. Il est peut-être apprivoisé mais pas domestiqué.

Deux jours passèrent sans nouvelle d'Ikar. Le matin je continuai mes recherches dans mon laboratoire de fortune et l'après-midi je m'entrainai à l'épée avec Glorfindel. Il était un très bon professeur, très patient et attentif. Je sentais ma progression et cela me rendais heureuse.

Cela faisait plusieurs heures que j'étais dans mon laboratoire à mélanger, écraser, bouillir, cuire un ensemble de graines et de fleurs séchées. Mon objectif était de trouver un onguent pour une anesthésie locale. Pouvoir éteindre la douleur de façon local serait géniale. Pour l'instant, tout ce que j'avais réussi était un anesthésiant qui « malheureusement » endormais une plus grande partie du corps. Je m'étais faite une coupure sur le bras droit et avait appliqué ma décoction mais cela avait éteint les nerfs de l'ensemble de mon bras. Je ne sentais plus rien du poignet jusque dans l'épaule. Misère. Je mélangeai à nouveau la mixture, réduisant la dose de pavot. Cette fois, c'est la bonne ! Je laissai sur le feu quelques minutes, concentrée sur l'ébullition. Dès que celle-ci apparaitrai, il faut que je la retire du feu. Je vis une bulle se former à la surface et retirai prestement le récipient. Je versai le tout dans un bol en bois puis me saisit de ma dague. Je relevai la manche de mon bras encore indemne, prête pour une nouvelle entaille. J'allais couper ma peau quand quelqu'un hurla mon nom. Surprise je relevai mes yeux de ma table de travail et tombai sur Glorfindel, les yeux exorbités.

- Isidore ! Mais que faites-vous ?!

Il fit le dernier pas jusqu'à la table et se saisi de mon poignet tenant la dague. Perdue, je regardai sa main tenant mon poignet, puis mon bras intact, puis son visage.

- Euh... Je fais une potion anesthésiante...

Il continua de m'observer avec de grands yeux.

- Une potion... En vous tailladant le bras ?

J'haussai un sourcil.

- Il faut que je teste si l'anesthésie fonctionne sur une plaie. Il n'y a pas trois milles façons de faire.

Il m'observait, abasourdit.

- Alors ça... Vous n'êtes pas croyable. Savez-vous l'heure qu'il est ?

Je clignai plusieurs fois des yeux avant de tourner la tête vers la fenêtre. Le soleil avait presque disparu derrière les hauts arbres de la forêt. Je réalisai alors qu'il allait être l'heure de dîner et que j'avais raté mon entrainement.

- Oh mince je n'ai pas vue le temps passer !

Je me tournai vers l'elfe blond qui avait relâché mon poignet. Je me penchai devant lui.

- Mes excuses maître d'armes ! J'ai été trop absorbée par mon travail.

- Je vous ai dit de m'appeler par mon prénom, je ne suis pas votre supérieur.

Je me redressai en me mordant les lèvres. L'elfe se détendit en secouant la tête.

- Et ce n'est pas grave pour l'entrainement. Vos recherches sont également importantes, surtout si vous parvenez à obtenir un résultat.

J'hochai énergiquement la tête en saisissant le bol.

- Oui ! Je pense avoir trouvé le juste mélange pour créer une anesthésie locale ! Celui d'avant était trop fort, si bien que je ne sens absolument rien sur le bras gauche mais...

Il fronça les sourcils.

- Comment ça ? Ce n'est pas votre première tentative ?! Montrez-moi votre bras.

- Mais je...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'il s'était saisit de mon bras blessé pour inspecter les dégâts. Je l'observai, perplexe. Il finit par relâcher mon bras en soupirant.

- Vous avez de la chance qu'il n'y a pas eu de réaction étrange avec les plantes... La belladone peut être très dangereuse.

Il avisa le bouquet de petites feuilles verte aux boules noires. J'haussai les épaules en rangeant un peu la table.

- Les baies le sont, mais les feuilles une fois bouillie sont un paralysant peu puissant. Cela me permet de paralyser les nerfs et donc la douleur.

Les bras croisés, l'elfe m'observai avec un certain amusement.

- Vos connaissances sont très étendue... Mais finit pour aujourd'hui. Je suis sûr que vous n'avez rien mangé de la journée. Allons dîner.

J'hochai la tête en le suivant hors du laboratoire. 

Les périples d'une guérisseuse - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant