Chapitre 8 : Départ

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 Les feuilles commençaient à tomber, l'automne arrivant à grand pas. J'observai le vent emporter quelques feuilles sombres au-delà du muret séparant le jardin du vide. Un papillon de nuit vint danser devant moi, tourbillonnant de ses ailes grises. Je tendis le bras en avant et il vint se poser délicatement sur le dos de ma main. Je rapprochai ma main de mon visage afin de l'observer de plus près. Ses ailes étaient tachetées de blanc, comme éclaboussées de peinture. Je souris tandis qu'il restait immobile.

- Je me demande à quoi tu peux penser, petit être...

- Il doit penser à sa courte existence.

Je sursautai au son de la voix si proche de moi. Le papillon prit peur et s'envola à travers les feuilles. Je soupirai, déçu, avant de tourner la tête vers l'elfe. L'elfe de la forêt noire regardait droit devant lui, le visage de marbre. J'observai son profil parfait quelques instants, toujours impressionnée par sa beauté froide. Il finit par tourner la tête dans ma direction. Je fuis son regard replongeant dans la contemplation des cascades.

- Est-ce l'impression que je vous donne ?

Je vis du coin de l'œil Legolas froncer les sourcils. Je me tournai vers lui.

- Me voyez-vous comme un papillon ? Mon existence étant un battement de cils dans la vôtre ?

Il me toisa quelques instants avant de froncer les sourcils.

- Qu'est-ce qui vous fait dire cela jeune guérisseuse ?

- Vous me considérez comme une chose fragile et éphémère.

Il allait répliquer mais je le stoppais.

- Et je ne vous en veux pas. Il est vrai que comparé à un elfe, je ne représente qu'un papillon. Mais...

Je m'arrêtais dans mon discours en levant à nouveau la main. Le papillon revint s'y poser. Je l'approchai à nouveau de mon visage avant de reprendre.

- Mais ne dit-on pas qu'un battement d'aile de papillon peut provoquer un typhon à l'autre bout du monde ?

Je relevais le regard pour croiser son regard de glace. Celui-ci affichait de la perplexité tandis que je m'éloignais de quelques pas. Le papillon s'envola à nouveau pour disparaître dans la nuit.

- Bonne nuit seigneur Legolas.

Je me penchai pour le saluer avant de me retourner pour partir. Sur le chemin jusqu'à ma chambre, je m'appliquai à reprendre une respiration calme et un rythme cardiaque régulier. J'étais étourdie et impressionnée par mon audace. J'espérais que cette discussion lui permette de me faire confiance.

J'ouvris difficilement les yeux. Il faisait encore sombre dehors, mais il m'était impossible de me rendormir. Je me levais et enfilais des habits de voyages offerts par les elfes. Un pantalon brun, une chemise blanche recouverte d'une tunique bleu sombre, des bottes en cuir marron remontant jusqu'à mes genoux. J'attachais une ceinture par-dessus ma tunique afin d'y mettre mon épée. Je tressais ensuite mes cheveux en une tresse collée à mon crâne afin qu'aucun cheveu ne vienne gêner mon visage. Je m'observai une dernière fois dans le miroir avant de sortir de la chambre. Je traversais les couloirs silencieux pour atteindre mon laboratoire. Je le rangeai et remplissais ma besace de toutes mes préparations ainsi que de quelques plantes. Chargée, j'allais ensuite aux cuisines préparer un petit paquetage. J'en profitais pour prendre une pomme et un bout de pain et je mangeais en me dirigeant vers l'entrée du palais. Le soleil était désormais levé et plusieurs elfes s'activaient. J'arrivais finalement aux grandes portes où la compagnie était réunie. A mon arrivée, je vis le regard soulagé de Gandalf ainsi que les sourires des hobbits.

Les périples d'une guérisseuse - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant