Je suis assis, que dis-je, vautré sur le fauteuil, plusieurs cadavre de bouteilles d'alcool vident près de moi. Je me noie dans l'alcool depuis bientôt de deux mois. Je ne fais plus la différence entre le jour et la nuit et je n'en ai que faire. Je bois, encore et encore, comme je le faisais depuis près de deux ans, pour oublier : ma culpabilité, ma peine, mon humanité.
— Tristan...
Je lève les yeux, tout tangue autour de moi, cependant je reconnais le visage angélique d'Hélène. Elle n'a pas une once de noirceur en elle, c'est littéralement un ange tombé du ciel.
— Tu devrais aller te laver, te reposer et... laisser l'alcool un petit peu, ne penses-tu pas ?
— Laisse-moi, grogné-je.
Que dois-je faire de plus ? Si je suis sobre, ma colère prend le dessus et je risque une métamorphose. Je ne sais pas si je parviendrai à me contrôler. Je peux tuer ou bien ne jamais retrouver forme humaine. Je ne peux prendre le risque de laisser ce pouvoir prendre le contrôle de moi.
Hélène prend ma main et m'aide à me relever. Je grommelle, ne souhaitant pas la suivre, cependant, elle m'ignore et elle fait bien. Je ne suis rien d'autre qu'une épave, pire qu'un vieillard ivrogne aux bidonvilles.
Nous montons les escaliers non sans difficultés, le bain est déjà prêt. Elle retire ma chemise puis je grogne et la repousse mollement.
— Je peux le faire seul, balbutié-je.
Je retire une première chaussure, manquant de peu de basculer en arrière, n'ayant aucun équilibre. Je fais de même avec la seconde puis je retire mes pantalons. Hélène me soutiens pour que je rentre dans le bain dans lequel je m'immerge sous l'eau. Je ferme les yeux, bloque ma respiration et je reste sous l'eau ainsi, mes sens brouillés par la pression qu'exerce le liquide chaud et réconfortant sur mon crâne.
Suis-je idiot à ce point ? Depuis quand suis-je devenu si faible ? Je n'ai jamais connu l'amour et je tombe éperdument amoureux d'une enfant ? Je ne dis pas être bien plus vieux qu'elle mais j'ai toujours fait preuve de maturité, j'ai toujours su me distancer de tous ces artifices, de ces sentiments que je trouvais puérils et inutiles.
Et me voilà, le coeur meurtri. Je me suis laissé faire et elle est partie. J'aurais dû être plus attentif, j'aurais dû faire attention et je m'étais promis de la protéger, je n'ai su tenir cette promesse. Je n'ai jamais su tenir aucune promesse. Alors comment pourrais-je protéger Hélène à présent ?
Cette dernière sort ma tête de l'eau. J'inspire profondément, me tiens aux rebords avant de me frotter les yeux et passer ma main dans mes cheveux. Je toussote légèrement et lui jette un regard. Elle semble inquiète et attristée.
— S'il te plaît, on a besoin de toi...
— Pour quoi faire ? grommelé-je. Monter une armée ? Je n'ai que faire d'une armée ! Jamais je ne m'en prendrai à Chloé et tu feras de même.
— Et si nous n'avions plus le choix ?
— Alors il faudra me tuer.
— Tu laisserais Lucius tout détruire ?
— S'il le faut, oui.
— Tu penses que c'est ce que voudrais Chloé ?
— Mais Chloé est avec lui à l'heure qu'il est Hélène et elle se fiche bien de vous, de nous, des Sept Nations ! C'est terminé.
— Non ! gronde-t-elle. Ce n'est que le début ! Mais tu es lâche ! Trouve le moyen de la ramener au lieu de t'apitoyer sur ton sort !
Je détourne le regard et serre et desserre les mâchoires.
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Invocatrice de l'Ombre T.3
FantasíaA présent libéré, Lucius et Chloé règnent sur les sept Nations et apportent avec eux une ère de Ténèbres. Le peuple n'a d'autre choix que de se soumettre et vivre dans une crainte constante. Cependant, quelque chose manque à Chloé. Cette marque étr...