XIX - Une défaite frustrante

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Je n'ai pas pu m'empêcher, après cette dure et longue bataille, de me rendre à Monrédor

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Je n'ai pas pu m'empêcher, après cette dure et longue bataille, de me rendre à Monrédor. Là, j'ai poussé les grandes portes fermées, celles-ci n'ont pas tenues bien longtemps. Elles se sont effritées sous mes mains et sont parties en poussière la seconde d'après, comme toute la verdure autour de cette Nation meurtrie.

J'ai longtemps marché dans les rues de Monrédor. De belles rues dallées, celles-ci sont noircies, attaquées par les Ténèbres. Les chaumières ouvertes, les vitres brisées pour la plupart et celles encore en place sont couvertes d'une étrange substance noirâtre ressemblant vaguement à du lierre. Cette substance se trouve partout autour de moi et même sous mes pieds.

En avançant dans une ruelle, je m'arrête, troublé par deux cadavres changés en pierres. Une mère et son enfant, la pauvre est agenouillée, et son enfant serré dans ses bras. Je lis, sur le visage figé de cette femme, une immense détresse. Je m'accroupis près de leur corps inerte, le coeur lourd, la gorge nouée. De ma main tremblante, je pose un doigt sur ce qui ressemble à une larme qui humidifie la pierre. Un craquement retentit, avant que cette triste statue ne parte en poussière et s'écroule à mes pieds en de tout petits morceaux de pierre.

— Quel désastre... murmuré-je.

Je m'assois sur le sol et appuie mon dos contre un mur. Je retire mes jambières et ramène mes jambes contre mon torse. Je pose ma tête sur mes genoux puis fixe un point devant moi. Monrédor est une Nation dans laquelle j'ai vécu trois petits mois et j'avais apprécié la convivialité qui y régnait. C'était une Nation vivante, entretenue, bienveillante.

Aujourd'hui, sous ces lourds nuages noirs, la Nation est morose, totalement détruite et plus aucun habitant n'est en vie, du moins, ceux qui n'ont pas suivis Lucius.

Je laisse mes larmes couler et ce durant de longues minutes qui s'étendent en heures avant de regagner notre campement. Lorsque j'arrive, tout le monde se tourne vers moi, certains me serre la main, comme si j'étais un héros alors que nous n'avons rien gagné. Nous avons nourri la terre de sang pour que cette même terre soit par la suite défraîchie par les Ténèbres.

Je m'arrête finalement devant mon père qui lève le menton, les bras croisés. Je garde les miens ballants. Je suis épuisé, je sens mauvais et je ne rêve que d'une chose : me coucher, m'endormir et oublier. Si seulement je le peux. Je ne dors plus depuis bien des mois.

Il décroise finalement ses bras et d'un revers de la main, me gifle. Cette claque résonne et alerte certaines personnes alentours. Je suis humilié devant les soldats que j'ai entraîné et recruté. Je retrousse les lèvres et relève les yeux vers mon père. Je sens des larmes les noyer mais si je pleure, il m'humiliera encore plus.

— Ne t'avise plus jamais de m'empêcher de faire mon devoir, Andreï.

Celui de tuer un allié ? Tristan n'a jamais été très tendre avec moi, cependant, devais-je le laisser se faire tuer pour autant alors qu'il a tenté de nous venir en aide ?

Invocatrice de l'Ombre T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant