Chapitre 28

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Nous passons le reste de l'après-midi à préparer un plan pour le moins machiavélique que nous décidons de mettre en oeuvre dès la semaine prochaine. En effet, le rendez-vous au tribunal approche à grands pas et il est plus que temps de passer à l'action. 

Lucie s'en va vers dix-huit heures, après que je lui ai prêté un jean et un t-shirt pour la route, qu'elle promet de me rendre lundi au lycée. Une fois seul avec Camille, je lance une lessive de nos tenues de la veille, comme ça, en bonne personne organisée, je pourrais les ranger au club lors de mon service de ce soir. Même si j'aime mon travail, j'avoue que j'ai plutôt envie de rester traîner en pyjama et de me coucher tôt. Mais c'est le prix à payer pour que maman retrouve un rythme de vie plus ou moins correct et que Camille passe du temps avec sa mère.

D'ailleurs, la transformation de la chipie est absolument incroyable. Elle arbore ce satané sourire mignon à longueur de journée et ne m'a pas embêté une seule fois, ce qui est un exploit. En attendant que notre mère rentre du travail, nous dessinons ensemble et j'apprends à ma petite soeur les bases de la perspective. Tandis que nous gribouillons chacun de notre côté, mes pensées divaguent vers... Noam. Je commence à comprendre que je me suis mis dans une situation infernale, où des sentiments incontrôlés sont venus envahir mon coeur, faisant taire ma raison et me poussant sans cesse à rechercher sa présence, malgré ce que ça implique.

**

Le lundi matin au lycée, Hugo me tombe dessus alors que je patiente devant les grandes grilles extérieures, toussant à cause de toute la fumée générée par les nombreux fumeurs.

— Raph ! s'exclame-t-il en me rejoignant, comme une apparition surgissant d'entre ce gros nuage gris. J'ai pris ma décision.

— À propos de quoi ?

— D'Assia. Je vais lui dire aujourd'hui.

— Lui dire...?

— Que je suis dingue d'elle !

Ah c'est vrai, j'avais complètement oublié cette histoire. Ses yeux bleus pétillent, il est vraiment sincère. J'envie un peu Assia d'une certaine manière, non pas que je souhaite qu'Hugo soit amoureux de moi, mais juste qu'une personne pense à moi de cette manière, que je sois spécial à ses yeux... sans que j'ai à prétendre quoi que soit. Comme, être une fille par exemple.

— Comment tu vas t'y prendre ?

— Hier soir je l'ai appelée pour lui demander si elle voulait qu'on aille courir ensemble après les cours. Et elle a dit oui !

— Bande de sportifs... je crois que j'ai jamais couru de ma vie moi. Enfin, par plaisir.

— Tu devrais essayer, c'est cool en vrai. Au début je le faisais que pour perdre du poids, enfin, pour pas trop en gagner plutôt mais maintenant j'aime vraiment. Bref, donc on va courir et après, je lui dis. 

— T'as pas un peu... les jetons ?

— Si. Mais faut le faire à un moment sinon on va rester seuls toute notre vie.

— Je suppose...

Se jetter à l'eau, c'est plutôt une bonne idée... sur le papier. En réalité, c'est bien plus facile à dire qu'à faire, d'être en face de cette personne qui nous plaît et de lui balancer tout ce qu'on a sur le coeur. J'envie aussi Hugo, de se sentir capable de le faire, sans avoir peur d'être rejeté. Est-ce que c'est ça qui me bloque ? Qui m'empêche de révéler au garçon pour qui je... craque... (oh ça y est je l'ai avoué...) que je suis moi-même un garçcon ? J'aimerais, au plus profond de moi-même, lui dire et qu'il me dise en retour que ce n'est pas grave qu'on soit du même sexe, qu'il aime ma personnalité et souhaite continuer de me voir... Mais ces trucs là n'arrivent jamais dans la vraie vie. Je me fais des films c'est tout.

La double vie de Raph'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant