Chapitre 35

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Je m'affale aux côtés de Lucie sur le canapé, encore un peu chancelant et frileux, je m'enroule dans le plaid.

— Alors, c'est pas mieux d'être propre ? demande-t-elle avec un sourire amusé.

— Oh que si... Merci... Mais tu sais, t'avais pas à en faire autant...

— Je fais ce que je veux d'abord, répond-elle en tirant la langue.

— Quelle gamine...

— Roh chut !

Je ris, c'est si simple d'être avec elle, pas de prise de tête, pas besoin de faire semblant d'être quelqu'un d'autre. Elle me regarde avec des yeux sérieux, que je ne lui connaissais pas encore.

— T'as les yeux gonflés, dit-elle avec une moue indéchiffrable, pourquoi t'as pleuré ?

— Quoi j'ai pas...

— ... Raph ! me coupe-t-elle.

Ok je ne peux vraiment rien lui cacher, elle a un instinct surhumain... Il est vrai que j'ai passé ces derniers jours à pleurer comme un enfant qui vient de se faire plaquer... Je me sens tellement pitoyable. Je raconte tout à Lucie, dans les moindres détails, réveillant ces souvenirs douloureux que j'aimerais oublier mais me sentant étrangement me vider d'un poids tandis que je me confie. Elle m'écoute sans broncher, lorsque je termine mon monologue, elle se frotte les tempes en soupirant.

— Qu'est-ce que tu lui trouves à cet abruti ? maugrée-t-elle contre toute attente. Il a l'air coincé du cul.

— Quoi... Je... Non c'est de ma faute tout ça... c'est pas qu'il est coincé...

Je ne sais pas pourquoi je le défend, peut-être qu'une part de moi -une part sacrément masochiste- l'apprécie toujours.

— Bah, pourquoi ça serait de ta faute ? Tu lui as jamais dit que t'étais une femme.

— Oui mais il m'appelait Lana et... j'ai pas dit le contraire non plus... ça revient à mentir.

— Il était sacrément aveugle de te prendre pour une nana. Et puis merde c'est quoi le problème ? Il a même pas cherché à comprendre qu'il s'est barré. C'est un con c'est tout.

— Je suis pas sûr qu'il y ait quelque chose à comprendre... Enfin... ce que je veux dire c'est que sa réaction est pas illégitime.

Elle lève les yeux au ciel en soupirant.

— Au moins dis-moi que tu vas l'oublier et arrêter de te prendre la tête.

Je ne réponds pas, pas certain de pouvoir promettre quelque chose comme ça, car, j'ai beau essayer, je ne peux cesser de penser à la puissance de ce baiser...

— Allez dis-le ! insiste Lucie.

— Pourquoi tu y tiens tant hein ?

Elle ne répond pas, se renfrognant et attrapant quelques petits coussins du fauteuil pour se recouvrir avec.

— C'est ça enterre-toi, je ricane. 

Le reste de la journée se déroule paisiblement, nous déjeunons une pizza surgelée, simple mais efficace et passons le reste de l'après-midi à tantôt écouter de la musique (d'ailleurs, je découvre que Lucie a la même passion que moi pour Queen), tantôt à discuter ou à dessiner. Le fait qu'elle soit là m'empêche de ruminer mes mauvaises pensées, mon coeur va même mieux depuis que je lui ai tout raconté. Qui aurait cru que l'énergumène que j'ai rencontrée en colle allait devenir une si proche amie ?

La soirée en compagnie de maman et Camille est plutôt amusante, elles nous racontent leur journée pendant le dîner et la bêtise du monstre miniature qui a failli dire à Mme de Lavalle que son mari la trompe. Maman a du faire semblant de s'étrangler pour étouffer ces révélations et capter l'attention sur elle. 

La double vie de Raph'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant