copine • plk

avant-propos

J'avais pas eu besoin de lui demander qui elle était pour la reconnaître. J'avais tellement entendu parler d'elle que c'était comme si je la connaissais déjà. Son père m'avait montré chaque nouvelle photo qu'elle avait publié sur les réseaux et m'avait bassiné avec un tas d'anecdotes de lorsqu'elle était gamine. Je l'avais même déjà surpris les larmes aux yeux lorsqu'il s'était laissé un peu trop envahir par les souvenirs d'elle mais putain, c'était révolu tout ça.

Il n'allait pas en revenir.

La demoiselle venait de débouler devant le garage après avoir garé sa voiture en travers du parking comme si les lignes blanches qui définissaient les places ne la concernaient pas.

Elle me rentra dedans, littéralement, comme si elle ne m'avait pas vu alors que je m'étais posté devant elle, un chiffon en mains, pour l'accueillir. Son père n'avait pas menti pour son sale caractère.

« Eh, l'interpellai-je en me retournant
— Désolé Bob le bricoleur, il ne s'agit pas d'un problème mécanique mais d'un problème familial. »

Je pouffai malgré moi. Comment venait-elle de m'appeler ? Derrière elle, j'aperçus Henry debout dans son bureau de l'autre côté de la porte vitrée. C'était comme s'il venait de voir un fantôme. J'imaginais qu'il devait être complètement paumé, cela faisait dix ans qu'ils ne s'étaient pas vu.

Elle entra dans le bureau et claqua la porte derrière elle, elle avait l'air tellement en colère que j'avais peur qu'elle saccage le bureau. J'avais passé la matinée d'hier à ranger toutes les factures alors si par malheur elle retournait le bureau, j'allais sûrement péter un câble, il fallait s'y attendre.

Je balançai mon chiffon et me reconcentrai sur le moteur de la clio d'un client. C'était plus fort que moi, je jetai des coups d'œil par-dessus mon épaule toutes les deux minutes. J'avais peur qu'un meurtre ait lieu dans ce putain de bureau. Elle faisait que de crier la petite d'Henry, tandis que lui restait plutôt calme. C'était d'ailleurs assez étonnant de sa part, je l'avais connu bien plus impulsif.

D'un coup, elle bondit sur ses deux jambes et j'accourus presque pour intervenir mais le geste qui suivi me maintint sur place. Je m'étais attendu à une gifle, un étranglement, un coup de poing... tout, sauf un câlin. Puis, elle ressortît telle une tornade et alla s'allonger sur le capot de sa voiture, les bras repliés derrière la tête.

Je tournai la tête pour voir comment Henry tenait le coup face à ces retrouvailles. Ça me déconcerta un peu de le voir dans un tel état : à moitié assis sur son bureau, les bras croisés et le regard fixé sur sa fille, ses joues étaient recouvertes de larmes.

Vous avez souvent vu un homme pleurer vous ?

ESMERALDA ••• MATHIEU