copine • plk

9.

Finalement le trajet retour se passait tranquillement. Suzy m'avait envoyé des messages donc ça m'avait fait passer le temps. Étant en vacances pendant une semaine à la fin du mois d'octobre, elle m'avait proposé de venir à ce moment-là afin qu'on puisse fêter Halloween ensemble. C'était sa fête préférée. J'allais demander confirmation à mon père mais elle était chaude pour rester toute la semaine, et pendant que je serai au garage, elle resterai à la maison pour travailler ses cours de sociologie. J'espérais trop que ça puisse se faire !

Au moment où j'allais me dire que Clamart était une ville plutôt calme, je me fis klaxonner à répétition par une voiture qui pila quelques mètres plus loin devant moi.

Mal à l'aise, je me stoppai net sur le trottoir. J'étais proche du lotissement de mon père mais j'envisageai un détour en voyant cette voiture louche. En regardant autour de moi, je vis que la seule solution était de faire demi-tour afin de prendre une autre rue perpendiculaire mais je ne maîtrisais pas tellement les lieux. Au loin, je devinais la forêt dont m'avait parlé l'ami de Mathieu. Je déverrouillai mon téléphone, prête à appeler mon père, dans le doute.

Je n'eus pas le temps d'agir davantage, la voiture fit une marche arrière à une vitesse hallucinante et je vis le grand sourire de Lisko par la fenêtre côté passager alors qu'il maintenait sa casquette qui menaçait de s'envoler à cause de la rapidité de la voiture. Qui effectuait une marche arrière aussi rapide ? C'était une question rhétorique évidemment. Je savais qui c'était.

« Vous vous êtes perdus ou quoi ? Gueulai-je

Puis je repris ma marche et trottinai presque pour dépasser la voiture et rejoindre la forêt. Je n'avais pas besoin de lui, j'avais fait la quasi totalité du chemin seule.

— Bah non mais... commença Lisko
— Monte, exigea Mathieu
— Non merci, je parlai fort sans me retourner

J'entendis une portière claquer et des pas derrière moi, alors je me mis à courir parce que j'étais assez butée comme meuf si vous n'aviez pas remarqué. Des bras m'encerclèrent et me soulevèrent du sol.

— Lâche-moi ! Criai-je
— Arrête tes manières putain, les gens vont croire que je te kidnappe.
— Parce que c'est pas le cas ? Bougonnai-je mécontente

Mathieu ricana. Il desserra son étreinte afin que je puisse retoucher le sol mais ses bras restèrent autour de moi m'empêchant de bouger les miens ou de m'en aller. Il posa son menton sur le dessus de mon crâne.

— Lisko m'a dit que t'avais prévu d'aller chercher à manger pour Quasimodo. C'est mon animal de compagnie, non ?
— Mmh, mmh, répondis-je
— Alors c'est aussi ma responsabilité.
— Ok, soufflai-je
— Sérieux ? Tu vas pas me prendre la tête ?
— Non... c'est bon lâche-moi.

S'il y avait bien un truc qu'on pouvait dire de moi c'était que je n'étais pas rancunière. La preuve avec mon daron, si ça ne tenait qu'à moi, je lui lâcherai des gros je t'aime à tout va alors qu'il m'avait abandonné étant petite.

— Ouais je te fais pas confiance, c'est sûr tu vas te barrer en courant.
— Franchement, j'ai même pas le cardio pour. »

Il pouffa. Il retira l'un de ses bras puis m'attrapa la main pour me tirer vers la voiture. Il m'ouvrit la portière arrière et me poussa presque à l'intérieur de l'habitacle. Je me glissai jusqu'à l'arrière du siège de Lisko. J'avais déjà oublié ses paroles de connard mais je n'avais pas envie qu'il pense que c'était facile avec moi. Je gardai mon visage fermé et lui lançai des regards noirs.