« J'en ai marre Esme' putain ! Elle frappa le volant avec le plat de sa main déclenchant le klaxon
J'avais suffisamment provoqué la colère de ma mère ces dernières années pour savoir quand est-ce qu'il était préférable de se taire. Là fut l'un de ces moments. Je m'affairai à remettre mes lacets dans les trous de mes chaussures. Je faisais ça un peu trop souvent ces derniers temps.
— J'abandonne. Je suis fatiguée, tellement fatiguée...
Elle pleurait à chaudes larmes et je crois que si je n'avais pas été aussi épuisée par la nuit de garde à vue, j'aurai moi aussi rejoint sa scène mélodramatique. Quand elle pleurait, ça me poignardait le cœur. C'était vraiment cocasse sachant que j'étais la plupart du temps la raison de ses larmes.
Elle ne comprenait pas. Ça faisait longtemps qu'elle avait arrêté de comprendre.
J'en avais marre de l'injustice de ce monde, j'étais fatiguée que les femmes ne puissent pas s'habiller comme elles veulent dans la rue sans risquer de se faire violer ou frapper dans un coin, je ne supportais pas les mains baladeuses et les regards pervers que certains pouvaient avoir lorsqu'une femme passait devant eux. J'étais révoltée. Alors oui, encore une fois, j'avais laissé mes pulsions parler et j'avais menacé un homme avec un couteau alors qu'il avait glissé sa main sous la jupe d'une femme qui n'avait rien demandé.
J'emmerdais les flics, le tribunal et la justice. Ce monde était mal foutu.
— Tu vas aller vivre chez ton père. Je l'ai appelé et...
— J'irai pas ! T'es malade ou quoi, je ne le connais même pas ce type.
— Mais je ne te laisse pas le choix Esmeralda, je te fous à la porte ! »Et elle ne rigolait pas. Lorsqu'on arriva à la maison, mes affaires m'attendaient dans l'entrée. J'avais du mal à croire que ma propre mère me foutait dehors sans scrupule. J'allais dans ma chambre pour vérifier que je n'hallucinais pas et quand je vis la pièce dépourvue de mes effets personnels, je pétai un câble.
Je me mis à hurler à m'en casser la voix. Ce fut tellement violent que cela me provoqua une quinte de toux qui me fit presque vomir. Je m'effondrai sur mon lit en explosant en sanglots. Les larmes venaient de débarquer, j'étais à deux doigts de me noyer tant elles étaient importantes. Je tâtai ma poche arrière pour en sortir mon téléphone. Lorsque je retirai le mode avion, quelques messages apparurent, là je passai des larmes aux rires.
Putain, c'était mon anniversaire.
[...]
Je me réveillai quelques heures plus tard, en plein milieu de la journée. Je sautai à la douche et enfilai un jogging et un teeshirt, je ressemblai à rien, j'en n'avais rien à foutre. Je me brossais les dents, mis du déodorant et du parfum et je rejoignis le salon, mon sac ainsi que mon téléphone en main.
« Tu vas où ? Me demanda ma mère
— Bordel, tu m'as fait peur. T'es pas supposée travailler ?
— Je... elle détourna les yeux J'ai pris quelques jours.
— Je voulais aller voir Suzy. J'ai le droit d'aller voir mes potes une dernière fois avant de partir en exil ou c'est interdit ?Elle leva les yeux au ciel, agacée. C'était assez fidèle à l'amour qu'on se portait mutuellement. On passait notre vie à se rentrer dedans, mais à s'aimer tout autant.
— Ton père habite dans le 92, pas dans un autre pays.
— Je sais même pas placer le 92 sur une carte putain, grognai-je, je suis vraiment obligée d'aller là-bas ?Elle hocha la tête. Je soufflai d'exaspération et fis demi-tour pour rejoindre la porte d'entrée.
— J'ai un cadeau pour toi, marmonna-t-elle dans mon dos
Je me retournai d'un coup, sous la surprise. Vu comment elle me détestait en ce moment, je ne m'attendais pas à un cadeau.
— C'est dans le garage.
Je trottinai jusqu'à l'arrière-cuisine et ouvrit la porte qui menait au garage.
Devant moi se trouvait la plus beau cadeau du monde dont pouvait rêver une personne qui venait d'avoir 18 ans.
Une voiture.
Je fis le tour de celle-ci deux fois avant de reconnaître d'où venait la sensation familière que je ressentais.
Ce n'était pas n'importe quelle voiture.
Mon père était partie peu avant mes neuf ans. Et avant que tout vire à la catastrophe, je crois qu'on faisait partie des familles parfaites. Mes parents prenaient soin de moi, passaient du temps avec moi et m'aimaient comme si j'étais la prunelle de leurs yeux. Ainsi, mon cerveau avait mémorisé quelques souvenirs avec mon père afin que même si la haine prenait le dessus, jamais je n'oublierai l'enfance que j'avais vécue.
Tous les souvenirs que j'avais avec mon père faisaient référence à cette voiture. D'aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours adoré lui venir en aide pour réparer des voitures. J'étais son assistante préférée.
Cette voiture grise anthracite avec la portière gauche rouge avait été mon premier projet. Je ne me rappelais plus du problème qu'elle avait mais je me souvenais du regard fier de mon père lorsque j'avais tourné la clé et qu'elle s'était mise à démarrer.
— On s'était fait la promesse de te l'offrir à tes 18 ans, m'informa ma mère, bon anniversaire Esme.
Certes, cette voiture n'était pas parfaite et elle était loin d'être récente mais je n'aurais pas rêvé mieux. C'était comme si on me donnait un morceau de mon enfance. Je sautai dans les bras de ma mère pour la remercier et elle rit.
On resta un petit temps dans cette position parce que malgré nos différends, c'était l'amour qui primait. Lorsque je m'éloignai, je la vis perdre l'équilibre et s'accrocher à la chambranle de la porte.
— Maman, ça va ? M'inquiétai-je
— Je suis juste fatiguée, je vais aller me reposer. Ne rentre pas trop tard d'accord ? Elle me tendit les clés de la voiture »
![](https://img.wattpad.com/cover/319605413-288-k465777.jpg)
VOUS LISEZ
copine • plk
Fanfiction• AMOUR : [amu:r]. Subst. masc. Fleuve d'Asie s'étendant sur 4354km depuis la source de l'Argoun. Exemple : Tous les soirs, du haut du pont, il pissait sur l'Amour. Si vous pensiez lire une simple histoire d'amour, il est préférable que vous pass...